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Histoires fantastiques 1-10 : Le Zappeur fou – Bob Clark

histoires-fantastiques-affiche

Amazing Stories. Saison 1, épisode 10
Remote control man. 1985.

Origine : États-Unis
Genre : Fantastique
Réalisation : Bob Clark
Avec : Sidney Lassick, Nancy Parsons, Jeff Cohen, Barbara Billingsley…

Attention, épisode d’utilité publique ! Je ne vous apprendrai rien en vous disant que les américains demeurent de gros consommateurs de télévision. Dans sa grande mansuétude, cet épisode réalisé par Bob Clark se propose non seulement de nous rappeler cette réalité mais également de nous présenter par l’absurde les conséquences qu’un tel comportement ne manquerait pas d’avoir sur la vie de famille d’un individu lambda.
Ici, cet individu lambda se nomme Walter Poindexter. Marié, père de deux adolescents, il ne pense qu’à une chose lorsqu’il rentre du travail : se lover dans son fauteuil préféré pour se détendre devant les programmes du soir. Sa famille ? Il préfère l’ignorer tant celle-ci lui sort par tous les orifices (oui, même les moins avouables…). Or, un soir, il a la désagréable surprise de ne plus retrouver son petit écran chéri. Motif ? Son épouse l’a vendu pour pouvoir s’acheter de nouveaux habits et, accessoirement, retrouver les joies de la vie de couple. Totalement désemparé, Walter s’enfuit au volant de sa voiture, errant comme une âme en peine jusqu’à un étrange magasin dont l’enseigne lumineuse l’attire irrésistiblement vers lui. A l’intérieur, un vendeur pas moins étrange lui vend un tout nouveau téléviseur muni d’une télécommande aux propriétés –Walter le découvrira par la suite– pour le moins étonnantes.

Compte tenu de la morale de l’histoire, cet épisode dispose d’une construction pour le moins déconcertante. Difficile de ne pas prendre Walter Poindexter en pitié tant son quotidien s’apparente à un calvaire. Après une journée harassante au bureau, le pauvre bougre doit se confronter aux embouteillages de fin de journée. Arrivé devant chez lui, il doit encore composer avec une meute de roquets enragés particulièrement attirés par ses mollets, avant d’affronter l’humeur massacrante de son épouse. Et comme si cela ne suffisait pas, son plus jeune fils ne lui témoigne aucun respect, manquant même de lui passer la main au broyeur, tandis que son fils aîné se lamente sur l’absence dans le frigo de ses mets de prédilection. C’est bien simple, au lieu de trouver calme et considération au sein de son foyer, Walter ne rencontre que fureur et récriminations. De quoi s’arracher le peu de cheveux qui lui reste sur le crâne, d’autant plus que sa femme et ses deux rejetons ont tout l’air d’être des parasites, se la coulant douce toute la sainte journée alors que lui trime comme un forçat. Dans un tel contexte, la télévision fait office de bouffée d’oxygène, lui procurant le minimum de sérénité auquel il aspire. Peu lui importe le programme –ce soir là, la série Les Routes du paradis avec Michael Landon et Victor French– tant qu’il a l’ivresse, celle lui permettant pendant quelques instants de se projeter loin de son triste quotidien. Non, vraiment, nous aurions bien mauvaise grâce de le blâmer pour ces penchants téléphages. Tout au plus pourrions-nous arguer que son extrême passivité face aux affronts répétés de ses proches et collègues ne saurait être une solution viable à ses problèmes. Mais après tout, qui sommes-nous pour lui faire la leçon ? D’ailleurs, les auteurs de cet épisode se débrouillent très bien tout seuls, alors laissons faire les professionnels…

Avec son nouveau poste de télévision, Walter découvre les joies du zapping magique. A chaque coup de “zappette”, il substitue un membre de sa famille par un personnage de fiction. Ainsi, sa femme est dans un premier temps remplacée par une playmate puis, lorsque celle-ci rechignera à faire la cuisine, Barbara Billingsley, alias June Cleaver de la série Leave it to Beaver, prendra la relève pour s’occuper du foyer comme il se doit. C’est que Walter a ses petites habitudes, et faire la cuisine n’en fait visiblement pas partie. Quant à ses enfants, ils céderont leur place à Arnold de Arnold et Willy (Gary Coleman) et Futé de L’Agence tous risques (Dirk Benedict). Tout ce beau monde compose une famille aussi hétéroclite qu’elle comble d’aise un Walter aux anges. Et ce ne seront pas les seuls personnages convoqués puisque lors d’un final partant dans tous les sens, ce brave Walter manquera de se faire casser la figure par l’incroyable Hulk en personne et d’être écrasé par Kit, la voiture vedette de K2000. Ce capharnaüm n’a pour d’autre but que d’ouvrir les yeux à Walter quant à la vacuité de vivre dans un monde de fantasmes en compagnie de personnages de fiction. Et surtout lui rappeler que son rôle de mari et de père ne se limite pas à ramener de l’argent à la maison. L’ennui avec cette démonstration, c’est qu’elle repose sur une structure plutôt fragile, dans la mesure où on a déjà du mal à croire que l’oisive épouse se contente de lire des revues à scandales toute la journée, sans jamais jeter un œil au programme télé. De fait, sa croisade anti-télé sonne faux. Et puis jeter l’opprobre sur le seul Walter résulte de la facilité. A croire que seule la figure paternelle dispose des aptitudes nécessaires pour éduquer correctement les enfants et rendre la vie de famille agréable. Voilà un discours un brin rétrograde qui ne contribue pas à valoriser cet épisode.

Sans être aussi indigeste que ses trois prédécesseurs, Le Zappeur fou maintient tout de même la série dans sa médiocrité. En outre, il confirme l’impasse grand public dans laquelle Bob Clark s’est enfermée, laissant totalement désappointés les admirateurs de ses premières œuvres, à savoir les percutants et confidentiels Le Mort-vivant et Black Christmas.

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