LivresRomans et nouvelles : Biographique

Teacher Man – Frank McCourt

Teacher Man. 2005.

Origine : Etats-Unis
Genre : Autobiographie
Auteur : Frank McCourt
Editeur : Belfond

 

Frank McCourt en termine avec ses mémoires. Enfin, nous dit-il ! Frank McCourt dont le premier livre, Les Cendres d’Angéla, fut un énorme succès couronné d’un Prix Pulitzer en 1997, nous livre là le troisième volet de ses aventures. Son second livre allait encore plus loin, il y trouvait réellement son style, sublimait son histoire et profitait de l’occasion pour nous faire rire davantage de ses déboires et autres malheurs.
La force de cet écrivain, c’est de savoir parler de lui sans jamais se ménager. C’est aussi nous faire sourire avec le regard naïf de l’enfant qu’il a été, puis le jeune homme. Pour lui, à l’époque où il vivait en Irlande dans les années 30 et 40, il n’y avait pas d’adolescence, on passait directement du stade enfant à celui d’adulte, pas le temps d’être un ado. Né à Brooklyn en 1930, ses parents irlandais décident de retrouver leur famille à Limerick où il y resta jusqu’à ses 19 ans. Dans son premier ouvrage, il raconte son enfance jusqu’à son départ pour New York. Il y met très simplement la misère coutumière qu’était la sienne et celle de sa famille, pas d’argent, pas de quoi de chauffer, pas de quoi manger, l’histoire d’une lutte, l’histoire d’une famille parmi d’autres, en Irlande, où la misère est un statut social comme un autre. Dans son second livre, C’est comment l’Amérique, il y raconte la seconde moitié de sa vie, son arrivée à New York, les difficultés pour trouver un bon job, son envie de dire au monde entier qu’il lit Dostoïevski, mais il ne peut pas aller à l’université parce qu’il n’a jamais pu passer son brevet secondaire de fin d’études. Il parle de son aventure en Allemagne pendant la guerre de Corée, en tant que maître chien, il raconte son retour chez lui, fier, avec son uniforme de militaire américain, et qu’il se dit que tout le monde va l’admirer mais tout le monde s’en fout. Il nous fait découvrir ses amours, ses rencontres, mais surtout sa vision sur l’univers qu’il découvre, et sur sa découverte de lui-même. Il va finalement à l’université, tout en bossant sur les docks et devient prof. Bien que parlant de son expérience de professeur d’anglais, il se sent frustré à la fin de son livre de n’avoir pas assez traité ce sujet-là. Aidé par son éditeur qui ne demande qu’un nouveau best-seller, McCourt se lance dans son histoire de l’enseignement de l’anglais à New York.
Ainsi naît Teacher Man.
Ému, bouleversé, par ses précédents ouvrages dont le second, C’est Comment l’Amérique, me donna l’envie d’écrire sans relâche, je me suis jeté sur ce troisième tome sans aucune hésitation. Ainsi le jour de sa sortie, j’étais chez mon libraire préféré, et 3 ou 4 jours après, je refermais le livre, bien qu’en ayant pris soin de le faire durer le plus longtemps, mais hélas, je ne pus contenir mon besoin irrépressible d’en découvrir encore davantage.
Teacher Man se diffère pourtant des précédents livres. Frank McCourt y parle de son expérience de professeur, de ses deux premiers jours qui faillirent lui valoir d’être viré juste pour avoir mangé le sandwich d’un élève en classe et d’avoir insinué ironiquement qu’il se faisait des moutons quand il vivait en Irlande, et c’est tout ça McCourt, un homme naïf, qu’on met dans un environnement qu’il ne connaît pas et qui doit se démerder par lui-même. On rigole beaucoup, on le plaint lorsqu’il rencontre les parents d’élèves, lorsqu’il doit gérer un couple divorcé qui dit que ce qu’à dit l’autre est faux, et on jubile lorsqu’il raconte ses anecdotes avec ses élèves qui n’ont rien à faire de la grammaire anglaise.
Teacher Man est certes une autobiographie, la suite d’une vie marquée par une enfance malheureuse et douloureuse, et le manque de confiance en soi. Mais c’est aussi un livre qui permet de voir la difficulté d’enseigner, c’est une vraie réflexion sur ce job qui confronte des adultes à des adolescents qui n’ont qu’une idée en tête: inviter la petite blonde au pemier rang à aller au cinéma le week end qui vient. Mais c’est aussi un livre émouvant, l’histoire d’un homme qui s’est consrtuit à travers les autres, un homme qui a su apprécier ses élèves qu’il aurait voulu remercier et serrer dans ses bras, juste pour les remercier d’être ce qu’ils sont.

Teacher Man est donc un livre utile, qui montre la vie d’un prof dans divers lycées de New York (allant du lycée professionnel aux lycées prestigieux qui forment aux grandes universités), un prof irlandais qui doit gérer la guerre du Vietnam, les luttes raciales, les luttes sexuelles, un homme étonné d’être ce qu’il est, et d’être face à des adolescents car en Irlande, à son époque, on ne devenait jamais adolescent.
Un grand livre bien écrit, magnifiquement juste, qui ne s’apitoie jamais sur lui-même, le livre d’un homme surpris de son parcours et qui se souvient que ses professeurs à l’école catholique de Limerick lui donnaient des coups pour que les leçons entrent mieux.

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