CinémaHorreur

La Créature du cimetière – Ralph S. Singleton

creatureducimetiere

Graveyard Shift. 1990

Origine : Etats-Unis 
Genre : Horreur 
Réalisation : Ralph S. Singleton 
Avec : David Andrews, Kelly Wolf, Stephen Macht, Andrew Divoff…

Dans une ville industrielle, des ouvriers d’une vieille usine de traitement de laine disparaissent mystérieusement. Le patron, infâme capitaliste pourri, ne s’en souciant guère, le travail peut continuer pour une poignée d’employés sélectionnés pour nettoyer les sous-sols de l’usine, l’antre des rats et d’une créature vorace qui ne fera rien qu’à boulloter tout ce qui lui passe sous le nez…

La Créature du cimetière n’est rien d’autre que l’adaptation de la nouvelle “Equipe de Nuit”, parue dans le recueil Danse macabre de Stephen King. Une nouvelle plutôt courte, qui à la base permet difficilement de pondre un film d’une heure et demie. Mais qu’à celà ne tienne, car quand il s’agit s’exploiter le nom de Stephen King, les scénaristes savent se faire imaginatifs (il n’y a qu’à voir l’immonde Cobaye de Brett Leonard). Mais à la différence de ces autres productions opportunistes, La Créature du cimetière est un bon film ! Si ! Même que c’est réalisé par Ralph S. Singleton, un ancien collaborateur de Scorsese, avec lequel il a notamment travaillé sur Taxi Driver ! Et même qu’au casting il y a les sympathiques Andrew Divoff (les Wishmasters) et Brad Dourif (les Chucky) !

Mais enfin bon, ce n’est pas la présence de ces quelques personnalités qui font de cette Créature du cimetière un bon film. Pour ça, il faut plutôt rechercher du côté des décors, crasseux à souhait et créant une atmosphère très oppressante, de plus en plus prononcée au fur et à mesure que les ouvriers descendent dans les profondeurs d’une usine déjà globalement bien sale dès son premier niveau. Autant dire que la partie la plus basse sera franchement malsaine, surtout que le monstre qui y vit n’est pas du genre à prendre soin de son lieu d’habitation. On retrouvera donc là tout un tas d’ossements, les restes des cadavres engloutis par la bête par le truchement d’une voie de navigation avec le cimetière adjacent. Un cadre franchement idéal pour un film très porté sur le gore en gros plan, et qui pour ne rien gâcher tient un sous-propos sur la condition des ouvriers et du capitalisme véreux qui lui aurait sûrement valu les foudres de la bande au sénateur McCarthy au début des années 50. C’est que toute cette crasse, qui déborde en plus de l’usine pour arriver dans les eaux d’une rivière située non loin, est nourrie des déchets de production, dont les nombreux cadavres de rats font partie (on notera la belle prestation de Brad Dourif en exterminateur taré qui voit dans la lutte contre les rats le prolongement de la lutte contre les vietnamiens !). Et ne parlons pas du patron, un salaud de la pire espèce combattu par un brave employé qui n’a pas froid aux yeux. Ce discours n’est ni très discret ni très poussé, mais enfin, comme tout discours gauchiste, il a le mérite d’exister.
Le film se finira d’une façon assez crue, peu conventionnelle, et laissera au spectateur une bonne impression, d’autant plus que les effets spéciaux (signés Gordon Smith, à qui l’ont doit déjà ceux de L’Echelle de Jacob et de Faux semblants) sont eux aussi irréprochables dans la façon dont ils sont filmés : des plans brefs, dans les ténèbres, et souvent des gros plans… Tout ça évite d’avoir à détailler cette créature probablement pas impeccable, mais qui dès lors paraît comme tel et même plus : le fait qu’elle ne tienne jamais dans un plan d’ensemble contribue à laisser croire à sa taille démesurée. Décidément, La Créature du cimetière, c’est du tout bon. Un petit film qui ne place pas ses prétentions trop hautes, et qui accomplit largement ce qu’on pouvait en attendre de mieux.

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