Running Man – Paul Michael Glaser
The Running Man. 1987Origine : États-Unis
|
Dans un futur pas si lointain, l’économie s’est écroulée, emportant avec elle le monde d’aujourd’hui. A sa place s’est installée une dictature militaire tout ce qu’il y a de plus odieuse. Gare à celui qui ose se rebeller ! Prenez par exemple Ben Richards, coupable d’avoir rejeté l’ordre de tirer sur une foule désarmée avant d’aggraver son cas en s’évadant du camp de travail où il croupissait. Et bien Ben Richards se retrouve sélectionné pour participer au Running Man, ce jeu télévisé en vogue dans lequel une poignée de dissidents est lâchée dans les ruines du tremblement de terre de 1997 avec une meute de bourreaux lourdement armés à ses trousses. Pour accompagner Richards dans cette épreuve, Killian -l’influent présentateur vedette-, lui adjoint Weiss et Laughlin, deux compagnons d’évasion par ailleurs membres d’un réseau de résistance. Plus tard encore, Richards retrouvera Amber Mendez, qui après l’avoir balancé à la police a été prise de scrupules face aux mensonges éhontés propagés par les médias à son encontre. Toutefois, juste avant de partir à l’aventure, Richards a bien prévenu Killian : ils se reverront !
Terminator, Predator, Robocop, Total Recall… La seconde moitié des années 80 et le tout début des années 90 ont développé une certaine conception de la science-fiction s’inscrivant dans le prolongement (ou le parallèle ?) des films d’action à gros bras du style Rambo (2 et 3), Commando ou Cobra. Ces déclinaisons science-fictionnelles ont même mieux passé le cap du temps, recevant à leur sortie de meilleures critiques, entraînant d’inévitables séquelles avant d’avoir droit à leurs remakes quelques décennies plus tard. Signes qu’elles n’ont jamais été oubliées. La raison de ce succès tient essentiellement aux réalisateurs qui s’y sont attelés : James Cameron, John McTiernan ou Paul Verhoeven ont su apporter autre chose que les muscles de leurs vedettes respectives, créant ici un univers, tenant là des propos percutants et orchestrant à chaque fois des spectacles de qualité. Et s’il est un acteur qui a su s’entourer de semblables talents, c’est bien Arnold Schwarzenegger. Là où son rival mais néanmoins ami Sylvester Stallone a rarement su profiter du savoir faire de ses metteurs en scène (peut être justement parce qu’il se piquait lui-même d’en être un -doublé à l’occasion d’un auteur- et cherchait ainsi à garder le contrôle de ses films), lui a toujours su rester à sa place. Du reste, Stallone n’a guère daigné apparaître dans des films relevant de la science-fiction et du fantastique. Ses films, à cette époque, restaient ancrés dans le réel et véhiculaient des considérations n’allant pas au-delà de leur époque. D’où leur difficulté à passer pour intemporels. Mais Schwarzenegger a lui-même également subi des ratés, comme avec le Running Man qui nous intéresse ici. Et pourtant tout était réuni pour en faire une réussite, à commencer par le fait qu’il s’agisse d’une adaptation de Stephen King, ou plutôt de son alias Richard Bachman (non démasqué lorsque les droits du film furent acquis), dont le nom commençait à devenir de plus en plus porteur s’il ne l’était pas déjà. Niveau contenu, la fort semblable trame du Prix du danger d’Yves Boisset (qui intenta et gagna un procès en plagiat) démontrait que le sujet pouvait être riche en réflexion sociale tout en sachant ne pas s’aliéner le grand public. Enfin, le budget alloué donnait au réalisateur choisi, Paul Michael “Starsky” Glaser (second film, après s’être fait la main sur la série qui le fit connaître) d’avoir raisonnablement les moyens de ses ambitions. D’autant qu’en dehors de Schwarzenegger, il put également compter sur des valeurs sûres un peu derrière (le scénariste Steven de Souza, auteur de Commando puis peu après de Piège de cristal) mais surtout devant la caméra : Yaphet Kotto (Alien), Jim Brown (Les Douze salopards), Jesse Ventura (un catcheur reconverti, vu dans Predator), sans compter quelques figurants aux noms ronflants (l’auteur de polar “hardboiled” Ed Bunker, le fils Zappa). Notons aussi la présence en bonne place de Richard Dawson, le bras droit de Hogan dans Papa Schultz. Bref la réussite était à portée de main : il n’y avait qu’à la saisir ! Trop facile peut-être.
Pour résumer les choses, Paul Michael Glaser semble s’être un peu trop reposé sur le “tout-cuit”. Beaucoup de choses dans Running Man sentent la facilité à plein nez, à commencer par ce pseudo sous-texte politique qui se veut prépondérant sans jamais aller au-delà de l’enfonçage de de portes ouvertes. Ainsi, le monde dystopique qu’il nous présente n’est jamais étudié au delà de son caractère arbitraire, de son dédain des droits de l’homme et des contrevérités assénées à la foule. De quoi scandaliser à peu de frais ! Alors qu’à vrai dire, si ce n’est pour quelques échanges téléphoniques entre le présentateur Killian et son ministère de tutelle (qu’il manipule à loisir), les autorités politiques sont totalement absentes du film. Elles cèdent leur place fort opportunément à Killian lui-même, versant ainsi dans la personnification du régime. Le bien connu syndrome du grand méchant, fort prisé des films simplificateurs. La pilule aurait néanmoins pu passer si le film ne faisait pas mine de se donner des allures de brûlot et se contentait de dresser une toile de fond. Mais non : tout du long, il prétend également faire l’inventaire des dérives de la télévision et de ce qu’elle fait naître chez des spectateurs rivés à leurs écrans et émotionnellement impliqués dans le “Running Man”. Un inventaire bien sommaire hélas, assez loin du Prix du danger ou même de Rollerball (autre film au sujet similaire). Glaser se contente d’illustrer le précepte “du pain et des jeux”, montrant le cynisme des organisateurs qui cachent leur propagande derrière du divertissement bien plus qu’il ne s’attarde sur la société elle-même. Celle-ci se résume à quelques parieurs et à quelques chanceux spectateurs choisis pour apparaître à l’écran et gagner quelques menus items. Trop concentré qu’il est sur ses têtes d’affiches, Running Man oublie purement et simplement de se pencher sur la société, laquelle n’apparaît que comme un bloc qu’il sera en fin de compte aisé de renverser au gré des prouesses du héros, dont les succès face aux “traqueurs” suffiront à inverser l’opinion publique, dès lors mûre pour une Révolution. Glaser va décidemment trop vite en besogne et agit en fait comme si ce sous-texte social n’était qu’un point anodin du cahier des charges d’un film de science-fiction. Le roman de King était lui-même bien plus pertinent, déjà en évitant de faire de son principal protagoniste un héros dès le départ hors-normes. D’où la sensation que Schwarzenegger n’est pas vraiment à sa place dans cette adaptation. Il écrase même ses acolytes, à savoir Weiss et Laughlin, qui pour le coup étaient dès le départ de véritables résistants avec un objectif clair : réussir à pirater les ondes pour exposer la vérité du régime à des spectateurs “endormis”. Un objectif certes lui aussi assez léger, mais qui avait le mérite d’aller au-delà du seul charisme de Ben Richards. Malheureusement, les deux loustics seront eux aussi clairement survolés par le réalisateur, qui ne fait d’eux que l’étincelle qui permettra à Ben Richards de briller une nouvelle fois en rendant possible -et même en finalisant- l’objectif qu’ils s’étaient donné. Et ne parlons même pas de Amber Mendez, la caution féminine, réduite à apporter une touche de romance là encore bien superficielle.
Le fond de Running Man ne va donc guère au-delà des conventions un brin démagogiques qui étaient également celles des films d’action de la même époque. Ne reste donc plus que la forme pour convaincre. Là-dessus, Glaser s’est par contre véritablement lâché. Le futur qu’il dépeint -ou du moins la façade qu’en constitue une émission télévisée- suinte en réalité les années 80. Tous les excès esthétiques sont de mise, à commencer par les éclairages violemment colorés. Les costumes, les néons, la musique, l’action elle-même, tout ceci contribue à le réduire à ce qu’il est et n’a jamais aspiré à dépasser : une grosse production calibrée pour les goûts de son temps. Cela rend le film profondément daté, mais lui permet malgré tout de ne pas sombrer dans l’anonymat. Plus encore, cela donne un relief -aussi kitsch que cela puisse paraître- à l’ensemble, qui sans cela aurait paru bien plat. Prenons par exemple les traqueurs, qui compte tenu de la maigreur du propos social sont encore ce qu’il y a de plus croustillant à se mettre sous la dent. Leurs interventions constituent les points forts d’un film qui ne brille pas par son inventivité : que cela soit Buzzsaw et ses attaques à la tronçonneuse, Subzero et son gimmick de hockeyeur ou -le plus notable du lot- Dynamo et les circuits électriques qui lui servent de costume, tous apparaissent profondément excentriques. A la manière des catcheurs, ils sont davantage remarquables par leur allure que par leurs actes, et c’est précisément la raison pour laquelle leurs scènes (de courts et rudimentaires affrontements), par ailleurs situées dans des décors appropriés, sont encore ce qu’il y a de plus mémorables dans le film. Elles sont même au demeurant assez sanglantes. Au point de se dire qu’il n’y en a finalement pas assez, et que tout le reste -la longue introduction, la quête de l’émetteur télé (coup de bol : il est à la portée des candidats du Running Man !), le renversement de l’opinion publique, la confrontation entre Richards et Killian- , ne sert au mieux que d’interlude. C’est dire si Glaser a avant tout réalisé un film d’action. Inutile d’ailleurs d’aller chercher un semblant de crédibilité : au même titre qu’il survolait grossièrement le contenu social, le réalisateur ne s’embarrasse pas à fignoler sa mise en scène. Il fait dans le grossier, l’important étant que ça en jette, que le rythme soit rapide et que Schwarzenegger accomplisse ce pour quoi il est renommé : les épreuves physiques, bien entendu entrecoupées de nombreuses “punchlines” humoristiques ne volant pas bien haut.
Le principal tort de ce Running Man n’est cependant pas de céder à l’action facile fignolée à la sauce MTV. C’est même paradoxalement ce qui le sauve du désastre (c’est même le genre de film qui pourrait s’attirer une certaine nostalgie). Non, son gros inconvénient est qu’il repose sur une base -le roman lui même héritier de toute une tradition de SF- thématiquement riche. Or, Glaser désamorce systématiquement tous les sujets qui auraient pu rendre son film moins primaire. Il ne les contourne pas : il les simplifie à outrance dans le but ostensible de rendre son film le plus putassier possible. Aucune surprise, aucun soin, aucun parti-pris : voilà un film bien impersonnel, et qui reflète somme toute assez bien le tout-venant hollywoodien de son époque.
Le film a beau être devenu kitch, pour moi ça reste le meilleur schwarzy. Même si c’est un pompage du Prix du danger, je le considère comme un remake non officiel. Le film a été tourné lors d’une pause pendant le tournage de Predator, d’où la présence de Jesse Ventura, et pourtant il m’en reste de meilleurs souvenirs que pour Predator. J’aurai toujours un certain attachement pour ce film, Schwarzy a fait de meilleurs films mais celui là a une place particulière pour moi.
J’avais également une affection particulière pour Running Man en étant plus jeune, mais après une longue période de non-revoyure (le film est très mal distribué en France !), les retrouvailles ont été une douche froide. Ce qui est moins dû au kitch qu’aux recettes hollywoodiennes faciles. Je n’y ai plus vu que ça… Dans mon souvenir, les traqueurs étaient moins expédiés et leurs univers respectifs m’avaient parus plus impressionnants. Bref pour moi, c’est l’exemple typique d’un film “de jeunesse”. D’autres qui m’avaient alors marqué ont mieux passé le fil du temps. Ceci dit j’ai toujours pu les revoir à loisir, ce que je n’avais pu faire pour Running Man….
Si j’ai l’occasion de le revoir, je verrais mais il est diffusé sur you tube et j’ai un peu regardé mais c’est passé tranquille. En meme je n’ai vu que son évasion et sa capture, avant le jeu running man, mais ca laissé une bonne impression.
Qu’est ce que j’aime ce film. Je l’avais vu quand j’étais rentré de l’école de neige, je suis tombé dessus par hasard et qu’est ce que j’ai adoré. C’est peut être un pompage du Prix du danger, mais franchement Schwarzy dans une sorte de Hunger Games avant l’heure, comment on peut refuser..?
Peut être que l’on fera un remake, en tout cas son oubli dans la mémoire collective est plutôt injuste, on se souvient de Total Recall, True Lies, Terminator 2, mais lui passe à la trappe.