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Max, le meilleur ami de l’homme – John Lafia

maxmeilleuramihomme

Man’s best friend. 1993

Origine : Etats-Unis 
Genre : Science-fiction 
Réalisation : John Lafia 
Avec : Ally Sheedy, Lance Henriksen, Robert Costanzo, Fredric Lehne…

Les années 70 avaient eu Zoltan, les années 80 Cujo et les années 2000 Rottweiler. Quant aux années 90, elles ont eu Max, ce dogue du Tibet génétiquement modifié par un scientifique désireux de construire le chien de garde parfait en mélangeant en dépit du bon sens les gênes de plein d’animaux différents. Une journaliste en quête d’un reportage sur la vivisection va réussir à se faufiller dans le laboratoire jusqu’à rencontrer Max. Comme toute bonne ménagère qui se respecte, elle va s’attendrir et ramènera la bestiole chez elle, ignorante de la véritable nature de Max, qui est un clébard non seulement dangereux pour quiconque n’est pas son maître, mais aussi toxicomane, puisque seule la drogue peut lui permettre de rester à peu près sage.

Il ne faudrait cependant pas croire que Max est tout à fait un mauvais toutou. Dans une démarche assez hypocrite, John Lafia ne lance les assauts mortels de son mastiff que contre des personnages résolument mauvais ou représentant de mauvaises choses : le chat agressif d’une vieille peau, un bandit, un facteur méprisant, un perroquet insultant, un garagiste qui, censé être à un moment le nouveau maître de Max, le battra à peine cinq minutes après leur première rencontre. Et puis bien sûr le “créateur” de Max, joué par Lance Henriksen, un véritable fasciste pensant que l’insécurité est telle qu’il est nécessaire de créer de tels cabots anthropophages. Dur retour de bâton pour le savant, qui se retrouve lui-même assimilé à la “racaille” qu’il pensait combattre. Ouf, la morale est sauve, et on devinera qu’au fond de lui-même, le clébard est une gentille bête et qu’il ne doit son caractère bien trempé qu’aux expérimentations dont il fut la victime. L’attachement à sa maîtresse et libératrice est sincère, et je ne vous dis pas les torrents de larmes qui inonderont les mouchoirs des plus ardents militants défenseurs des animaux lors du dramatique dénouement.

Ce côté Mad Max canin est malgré tout consciencieusement dissimulé par John Lafia à travers des scènes d’agressions sur des gens moins méchants. Là, les victimes de Max s’en tireront sans trop de bobos : le jeune livreur de journaux maladroit, le mari de l’héroïne, et même l’héroïne elle-même, qui eut le malheur et la douleur de devoir abandonner son bestiaux devant le risque d’être inculpée pour vol de chien (rassurez-vous, tout s’arrangera par un gros calin pleurnichant). Dans l’ensemble, ces séquences “softs” seront à l’image de leurs équivalents “hard” : se souvenant qu’il dût déjà placer la caméra au ras du sol pour les besoins de Chucky, la poupée de sang (alias Chucky 2), John Lafia se prend de mettre plein de visions subjectives au ras de la moquette. Il faut bien admettre que le procédé est assez habilement utilisé, faisant parfois songer à la mise en scène de Sam Raimi dans Evil Dead. Dommage que le sang ne réponde pas à l’appel et que les scènes de mise à mort soient systématiquement coupées ou hors-champ. Frustrant d’initier un plan dans lequel Max tient la gorge d’une victime et de venir le briser avec un montage introduisant une tout autre scène… C’est bien là tout le principal problème du film : il dispose de quelques bonnes idées, il est parfois plein d’humour noir (le chat qui se fait littéralement gober, la femelle colley des voisins qui se fait violer), mais il n’ose pas se détacher du conformisme propre aux productions direct-to-video des années 90. D’où l’absence de gore, d’où la morale sous-jacente… Ce n’étaient pourtant pas les personnages principaux qui dérangeaient : leurs interventions sont limitées non seulement par la faible présence d’intervenants positifs (l’héroïne et son mari) mais aussi par leur manque d’intelligence. On reste ainsi songeurs devant l’énormité de l’effraction que commet la journaliste au début du film et par son général manque de jugeotte. Ce n’est donc pas vraiment pour avoir adopté la vision de son héroïne, trop bête pour que l’on puisse partager son combat personnel (surtout qu’elle se révèle parfois être d’une insolence sans nom) que le film sombre dans la médiocrité : c’est tout bonnement par manque d’audace. Autre preuve de ses bonnes idées gaspillées : Max n’est pas un chien, c’est un vrai couteau suisse canin ! Il fait tout : il court vite, il saute haut, il sait grimper aux murs et aux arbres, et avec des gênes de caméléons il peut même changer de couleur pour se fondre dans le décor ! Tout ça n’est qu’utilisé qu’à très petite dose, pas assez pour faire du film un Terminator à quatre pattes, mais déjà de trop pour être crédible. Le cul entre deux chaises, Max, le meilleur ami de l’homme vire donc au ridicule, et la laideur des quelques effets spéciaux signés Kevin Yagher n’arrangeront rien.

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