Piranha 3D 2 – John Gulager
Piranha 3DD.2012Origine: États-Unis
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Maddy, étudiante en biologie marine, retourne au bercail à la faveur des vacances d’été. Elle a alors la désagréable surprise de constater que son beau-père a profité de son absence pour pervertir l’entreprise familiale – un parc aquatique – en remplaçant les maître-nageurs par des strip-teaseuses et en aménageant une zone naturiste. Un malheur n’arrivant jamais seul, les piranhas antédiluviens qui avaient dévasté le lac Victoria sont de retour dans la région. Plus affamés que jamais, ils semblent attirés par le chlore et risquent de gâcher l’inauguration du nouveau parc.
Comme Piranhas en son temps, le Piranha 3D d’Alexandre Aja connaît les joies d’une séquelle. Mais à l’inverse d’un Piranha 2, les tueurs volants peu disert sur les événements survenus chez son prédécesseur, Piranha 3D 2 s’astreint à un minimum de continuité. Autrement dit, le prologue revient sur le sort – funeste – du lac Victoria et de ses environs. On apprend donc que les eaux du lac ont été rendues impropres à toutes activités humaines suite au traitement lourd dispensé afin d’éradiquer les piranhas. Un rude coup porté au tourisme local qui a entraîné l’effondrement économique de la ville voisine et sa désertion. Suite à ce drame, un parc nautique devient le plus sûr moyen d’attirer les foules par grandes chaleurs, ce qu’a bien compris Chet, le beau-père de Maddy, bien décidé à faire de The Big Wet LE parc aquatique de la région. Un personnage dans la droite lignée de Buck Gardner, incarné par l’inévitable Dick Miller dans le film de Joe Dante, qui témoigne du manque d’originalité des scénaristes Patrick Melton et Marcus Dunstan (auteurs du déjà peu fameux Saw 3D – Chapitre final mais également de Feast, première réalisation de John Gulager, et de ses suites), et dont le sort révèle que l’abus d’humour grivois ne suffit guère à masquer des velléités moralisatrices.
L’essentiel du marketing autour du film s’est construit comme une extension de la campagne publicitaire que Chet a mis en place pour la réouverture du Big Wet. On assiste ainsi à une pléthore de jeux de mots autour des attributs de ces dames à l’image du titre original qui concilie fièrement l’utilisation de la 3D et la taille de bonnet de soutien-gorge prompt à titiller l’imaginaire des érotomanes avertis. Sur ce point, Piranha 3D 2 se montre ouvertement racoleur, ne se reposant même plus sur l’alibi du Springbreak utilisé par son aîné mais sur la seule lubricité d’un quinquagénaire esseulé, tout fier de sa trouvaille : une caméra amphibie installée au niveau d’une échelle afin de ne rien rater des corps sculpturaux de ces demoiselles au moment où elles sortent de l’onde. Des images bien évidemment relayées en temps réel sur un grand écran histoire qu’un maximum de personnes puisse en profiter. Son parc et par extension le film sont pensés comme le fantasme ultime où se bousculent les femmes plantureuses, les maître-nageuses au premier chef. Suivant cette idée, la participation de David Hasselhoff – dans son propre rôle – s’avère d’une logique implacable. Après tout, sa série phare des années 90 Alerte à Malibu nourrissait les mêmes ambitions : un étalage d’accortes jeunes femmes en maillots de bain filmées le plus souvent au ralenti dès qu’elles se mettaient en action et au service de scénarios la plupart du temps affligeants. La présence du comédien participe au cynisme de l’entreprise, un cynisme qu’il partage bien volontiers à grand renfort de second degré. Au sein d’une distribution constituée de seconds couteaux où les vieilles ganaches de Gary Busey et Clu Gulager (père du réalisateur), réduits à de simples caméos, voisinent avec les nouvelles scream-queen Danielle Panabaker (Vendredi 13 version Marcus Nispel) et Katrina Bowden (Tucker & Dale fightent le mal) ainsi qu’avec les rescapés du premier film (Christopher Lloyd dans son habituel numéro de savant fou et Ving Rhames dont le retour paraît tellement improbable qu’il semble faire partie d’une histoire parallèle, jouant une version masculine de Cherry Darling dans Planète terreur), David Hasselhoff apparaît comme le comédien le plus connu du grand public. A cet égard, il a droit aux meilleures répliques (ou en tout cas aux plus vachardes) ainsi qu’à son petit moment de gloriole mais toujours sous le sceau du clin d’œil référentiel le plus évident. A un gamin qui ignore tout de lui, le prenant pour un vrai sauveteur, il réduira sa carrière à ses deux seules séries à succès, la seconde étant K2000. Tout cela est d’un pathétisme consenti (le comédien a connu pire suite à son alcoolisme), lequel se prolonge de manière embarrassante lors d’un générique qui prend la forme d’un bêtisier.
Embarrassant est le terme qui convient le mieux pour résumer le film. Dans l’attente de l’apothéose supposée du dernier acte avec l’assaut tant attendu des piranhas sur d’innocents estivants, John Gulager passe le temps autour des atermoiements de Maddy et de ses amis d’enfance, entrecoupés de quelques échauffourées avec les poissons carnassiers, histoire de contenter les spectateurs. On a ainsi droit à un triangle amoureux entre Maddy, Kyle (l’ancien petit ami devenu flic) et Barry (l’amoureux de l’ombre, complexé par sa petite taille) dont l’issue ne fait aucun doute. En parallèle, on suit les efforts désespérés de Shelby pour ne plus être vierge. Pour cela, elle a jeté son dévolu sur le gentil Josh, lequel payera le prix fort à l’aune d’une péripétie hautement improbable où l’on découvre des piranhas moins affamés que prévu, sauf si on les titille. A ce panel d’une jeunesse américaine triomphante s’ajoutent la pieuse Ashley, laquelle prend bien soin de toujours se recueillir avant de s’envoyer en l’air (le sexe hors mariage, c’est mal!) et l’adepte de l’onanisme Big Dave, friand du moindre orifice – non anatomique – pour se soulager. A leur suite, les péripéties s’enchaînent de manière mécanique, soutenues par des effets spéciaux globalement de piètre qualité que ce soit au niveau des quelques animatroniques utilisés (c’est là qu’on constate la baisse de savoir-faire dans ce domaine) que des effets spéciaux créés par ordinateur. Quant au massacre final, il n’apportera même pas son quota de scènes croquignolettes, tout au plus un soupçon d’humour noir quoique rapidement contrebalancé par un conformisme de bon aloi.
Finalement, pas grand chose n’a changé pour John Gulager depuis son premier film. Il continue de s’adonner au jeu de massacre gore perpétré par des créatures carnassières, le tout saupoudré d’un humour bien gras. Il aligne les projets peu ambitieux, lesquels reposent sur des ressorts identiques qu’il peine à rendre attractif. D’une durée inférieure à 1h20, Piranha 3D 2 ennuie plus qu’il n’amuse, rejoignant dans l’indifférence des titres du tout venant de la production télévisuelle tels Sharktopus ou autre Sharknado.