Le Flic de Beverly Hills 2 – Tony Scott
Beverly Hills Cop II. 1987Origine : États-Unis
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Trois ans après, on reprend les mêmes et on recommence !
Axel Foley (Eddie Murphy) est toujours flic à Detroit, où il se plait toujours autant à déranger sa hiérarchie. Ayant conservé des liens d’amitié avec les flics rencontrés lors de son aventure californienne, il ne peut se retenir de retourner à Beverly Hills pour venger le commissaire Bogomil (Ronny Cox), qu’un gang dit “de l’alphabet” a vilement tenté d’assassiner. Foley sera épaulé par ses amis les agents Rosewood (Judge Reinhold) et Taggart (John Ashton).
Au regard du succès remporté par le premier film, l’existence de cette séquelle, aussi pénible soit-elle, est un moindre mal. Probablement pour faire de la concurrence à Miami Vice, la Paramount avait en effet pour projet de lancer une série télévisée, inondant les écrans du monde occidental avec leur poule aux œufs d’or. Remercions Eddie Murphy d’avoir décliné l’invitation et de s’être concentré sur ce second opus cinématographique, confié aux bons soins de Tony Scott, qui venait de se distinguer dans le genre grand public avec son célèbre Top Gun. Ayant suivi les traces de son grand frère Ridley, étant diplômé des beaux-arts et voulant même à l’origine devenir peintre, Tony Scott cherchait à s’imposer comme un réalisateur très porté sur l’esthétique. L’époque étant ce qu’elle était, et le premier Flic de Beverly Hills ne s’étant certainement pas distingué par son bon goût, le réalisateur put ainsi multiplier par deux le côté très clinquant du film de Martin Brest. Son Beverly Hills à lui est encore plus luxueux, les voitures de luxe y coûtent encore plus cher et les bimbos se font encore plus vulgaires. Une vision très jet-set et très caricaturale de Beverly Hills (pour peu, on s’attendrait à y voir Nicolas Sarkozy !) qui se transforme en innommable croûte pour carte postale lors d’abominables plans de couchers de soleil orange vif… En revanche, la musique électronique, si elle est toujours aussi laide, est moins répétitive que dans Le Flic de Beverly Hills premier du nom. C’est toujours ça de pris (ou plus exactement c’est toujours ça que l’on ne rend pas avec son dîner).
Niveau scénario, la routine. Pour plus de sécurité, tous les ingrédients du premier film sont repris, et la séquelle s’ouvre d’ailleurs comme son prédécesseur sur Foley en mission d’infiltration. De nombreux détails sont également repris (l’adjoint de Foley et ses jérémiades, la demeure de luxe choisit par Foley pour son séjour à Beverly Hills, le boss en pétard etc etc…), ce qui permet de forger des éléments a priori incontournables aux éventuelles séquelles (dont ne fera pas partie l’amie de Foley vue dans le premier film, car il est vrai que vu son utilité, elle peut aussi bien être remplacée par un banc public au détour d’une scène). L’humour de Murphy ne change pas d’un iota, et l’accent est mis sur les nombreux bobards de Foley au sujet de son identité, qu’il fait avaler à ceux qui ont l’audace de se mettre en travers de sa route. L’acteur est décidément un cabotin, et il le prouve en décuplant ses numéros (ses sketchs ?) d’embobineur. Franchement bourratif. L’élément peut-être le plus différent tient en la nature des deux flics locaux : là où l’objectif du premier film était de montrer leur progressive adhésion aux méthodes de Foley, faisant passer le sujet policier au second plan, le second volet fait l’inverse : étant désormais grosso modo acquis à la méthode Foley, Rosewood et Taggart sont d’entrée de jeu d’autres personnages comiques, bien loin des flics coincés qu’il furent au début du premier film. Evidemment, ils ont chacun leur propre personnalité (Taggart en vieux bougon, Rosewood en jeune loup fana d’armes à feu), leur tempérament n’est peut-être pas aussi spontané que celui de leur collègue de Detroit et ils ont encore beaucoup à apprendre, mais pour le coup, leur présence vient encore alourdir un film déjà difficile à digérer. Le temps gagné sur leur formation permet à Tony Scott de faire ce que Martin Brest n’avait pu faire : miser sur l’action. Là encore, il ne s’agit que de l’alibi pour rendre l’humour de Murphy et de ses amis encore plus costaud, à l’image de cette course-poursuite en camion bétonnière, et la finalité de l’enquête sur le gang de l’alphabet ne saurait avoir d’importance. Jurgen Prochnow, Brigitte Nielsen et leurs méchants alliés sont uniquement là pour la forme.
Quant au discours tenu par le film, si il se fait moins évident que dans son prédécesseur (il faut dire que cette fois il n’y a pas eu mort d’homme et que cette fois le big boss des policiers de Beverly Hills est un pourri), son aspect reaganien enjoué demeure. On ne sera donc guère surpris de trouver quelques piques anti-communistes, quelques références aux Rambo (et à Stallone en général, lui qui avait refusé le premier film pour faire Cobra) et de voir que dans son dévergondage, Rosewood est devenu un vrai petit militant de la NRA…
La conclusion est simple : par rapport à son prédécesseur, Le Flic de Beverly Hills II est toujours plus moche, toujours plus lourd, toujours plus bête… Une vraie séquelle hollywoodienne, en somme.