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La Toubib du régiment – Nando Cicero

toubibregiment

La Dottoressa del distretto militare. 1976

Origine : Italie
Genre : Comédie
Réalisation : Nando Cicero
Avec : Alfredo Pea, Edwige Fenech, Alvaro Vitali, Mario Carotenuto…

De l’amas de comédies sexy produites par l’Italie au cours des années 70, La Toubib du régiment est probablement le représentant le plus connu en France. L’un de ceux qui obtinrent les plus beaux scores au box-office, devançant même l’une des meilleures comédies de l’histoire : Quand la Panthère rose s’emmêle. Cette réussite, le film de Nando Cicero ne la doit pas à sa fulgurance novatrice, puisque les sexy comédies italiennes, celle-ci inclue, ne se sont jamais particulièrement renouvelées, employant pratiquement toujours les mêmes acteurs (l’indéboulonnable Alvaro Vitali, Lino Banfi -ce dernier étant absent de La Toubib du régiment), les mêmes actrices (une mince poignée de grands noms se partageaient tout le genre, principalement: Edwige Fenech, Gloria Guida et Nadia Cassini) et surtout le même genre d’humour gras. Les quelques différences tenaient en réalité aux situations utilisées : milieu scolaire, milieu policier, milieu militaire, milieu médical… Ici, le médical et le militaire se chevauchent dans une histoire à couper le souffle : appelé sous les drapeaux, le jeune Gianni Montano (Alfredo Pea) fait tout ce qui est son possible pour se faire réformer. Il est vrai que passer la poire à lavement aux belles et riches clientes de l’hôtel de luxe où il travaille est beaucoup plus tentant que d’aller casser du rouge mesquin dans les fôrets tropicales. Gianni se retrouve donc en hôpital militaire, en compagnie de tout un tas d’autres malades réels ou imaginaires, incluant aussi les gradés responsables de l’endroit. L’arrivée de la consciencieuse et plantureuse Doctoresse Elena (Edwige Fenech), remplaçant au pied levé le médecin habituel, va compliquer la tâche de Gianni et de ses amis…

Évidemment, ce scénario n’est qu’un vague prétexte servant à réunir une bande de joyeux lurons dans un même endroit, sous le contrôle d’une belle actrice qui sera à quelques occasions amenée à devenir source de fantasmes. Le côté “sexy” s’efface devant le côté “comédie” et Edwige Fenech ne dispose que de trois ou quatre scènes de rêves pour démontrer ses charmes au combien remarquables. Avec ses rondeurs, avec sa peau laiteuse, la jeune femme a de quoi stimuler l’imagination de cet environnement masculin. Plutôt que de lâcher toute la meute à ses fesses, le réalisateur Nandi Cicero préfère cependant se concentrer sur le cas de Gianni, qui s’imagine plusieurs fois dans le rôle inverse : lui en médecin et la doctoresse en patiente soumise. D’où les scènes érotiques, très gentillettes. En dehors de ces fantasmes, le jeune Gianni n’a guère l’occasion de rêver, puisqu’au contraire de tous les autres personnages du film, Elena se distingue par sa conscience professionnelle et par la distance qu’elle met entre elle, les patients et même ses supérieurs. Ce n’est pas la doctoresse nymphomane que l’on aurait pu imaginer. L’impression dominante est que le réalisateur ne se concentra uniquement que sur la comédie, n’utilisant les rêves que comme moyen facile pour déshabiller son actrice. En conséquence, la toubib n’apparaît que comme un personnage secondaire, et son sérieux la fait devenir bien fade face à ses semblables…

C’est qu’au niveau comique, Nando Cicero ne donne pas dans la subtilité. Un gag à la minute, généralement énorme. Tous les personnages en font des tonnes, à l’exception peut-être de Gianni, qui dans l’optique de se farcir la doctoresse tout en étant réformé limite les excentricités. La palme du cabotinage incombe ainsi sans conteste à son voisin de lit, Alvaro Pappalardo, incarné par ce cinglé d’Alvaro Vitali. Remarqué par Fellini pour son physique très particulier (une petite taille, une tête ronde et bouffie, des yeux très rapprochés et un gros nez), présent dans plusieurs œuvres du grand réalisateur, le gars Alvaro devint une icône de la comédie sexy à l’italienne au moins aussi importante que les actrices, face auxquelles sa présence ne peut qu’être notable. Il grimace (et avec sa trogne, c’est quelque chose !), il passe pour un porc, il court comme un poulet (en accéléré, comme au temps du muet), il se lance dans des paris à la con (transporter un œuf avec les fesses) et il bouffe tout et n’importe quoi (un journal, des punaises, un annuaire…) pour avoir un ulcère… Alvaro ne se repose jamais et vole la vedette aux nombreux prétendants !

La variété d’humour dispensé par La Toubib du régiment couvre tout ce qui est imaginable : l’absurde, le pipi-caca, la satire du monde militaire (et des religieuses qui officient à l’hôpital), l’humour noir, le vulgaire, le burlesque… Dans la galerie de personnages (ne se limitant pas à l’hôpital), retenons un colonel bigleux désireux d’être mis en retraite pour raison de santé, un analyste admirateur de théâtre vivant au milieu des flacons de pisse, une grosse et immonde héritière nymphomane, un médecin cherchant par tous les moyens à revendre sa camelote médicale (telles ses jambes en bois, qu’il envisage de subsituer au plâtre, quitte à pratiquer des amputations inutiles) … Quelques gags : des petits vieux soumis à un entraînement militaire, un appelé travesti, des pets lâchant des bulles suite à un lavement au détergent, le rabotage d’une couche de crasse sous les pieds d’Alvaro… Un humour vraiment bas du front, mais qui se distingue de celui des comédies paillardes françaises par son rythme dévastateur et par ses acteurs, tous pourvus d’un physique hors-norme, s’accompagnant généralement d’une énergie sans faille. Oserais-je l’avouer, je me suis surpris plusieurs fois à rire devant les imbécilités commises par cette horde sauvage du rebut militaire… Bien sûr, tout cela devient plutôt lourd vers la fin du film, mais enfin, La Toubib du régiment reste dans l’ensemble un film assez attachant. Il ne faudrait tout de même pas l’enchaîner par une nouvelle comédie sexy italienne, sous peine d’indigestion.

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