Halloween – Rob Zombie
Halloween. 2007Origine : Etats-Unis
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Un soir d’Halloween, la tranquille bourgade d’Haddonfield connaît un drame sans précédent. Âgé de seulement 10 ans, Michael Myers massacre son beau-père, sa sœur et le petit ami de celle-ci. Un crime atroce qui lui vaut un long séjour dans un hôpital psychiatrique. Il en ressort 16 ans plus tard, au prix d’un nouveau bain de sang. De retour dans sa ville natale, il semble bien décidé à être de nouveau l’attraction d’une fête d’Halloween…
Michael Myers est de retour. En soi, cela n’a rien d’un événement puisque le bougre nous avait déjà fait le coup à six reprises (Halloween III, le sang du sorcier étant hors concours). A l’occasion de ses 20 ans, le tueur d’Haddonfield s’était même offert un anniversaire en fanfare en quittant les rayons des vidéoclubs pour sévir dans les salles de cinéma comme à ses plus belles heures, retrouvant pour l’occasion sa très chère sœur Laurie Strode dans le bien nommé Halloween, 20 ans après de Steve Miner. A la faveur de cet ultime affrontement, Michael Myers sut renouer avec le succès qui fuyait irrésistiblement ses deux compères Freddy Krueger et Jason Voorhees. A tel point qu’une énième suite vit le jour en 2002, Halloween Resurrection. Tout semblait donc réuni pour que la saga initiée en 1978 par John Carpenter continue de se décliner en sempiternelles suites de suites de suites… Or en 2007, le retour aux affaires de Michael Myers s’effectue sous couvert de l’inévitable relecture du mythe. Une tendance déjà bien ancrée à l’époque qui dans le cas présent se double d’une gageure. Dans l’histoire du cinéma fantastique, Halloween occupe une place de choix. Il a servi de matrice à bon nombre de slasher. A tel point que le revoir aujourd’hui donne l’impression d’assister à une accumulation de poncifs alors même qu’à l’époque, John Carpenter avait su apporter sa patte inimitable à une trame somme toute basique, transformant son slasher de base en suspense suffocant. La tâche de son successeur s’annonce donc particulièrement ardue, devant à la fois se confronter au travail du maître et opter pour une approche radicalement différente. Ce pari est relevé par Rob Zombie, dont les deux premiers films (La Maison des 1000 morts et surtout The Devil’s Rejects) avaient fait parler d’eux par leur radicalité et un réel amour du genre. Deux aspects qui sont bel et bien présents dans ce remake mais qui n’apportent en aucune façon une plus-value.
Qu’elle semble lointaine cette époque où le moindre Vendredi 13 se voyait systématiquement amputé de ses scènes les plus sanglantes ! De nos jours, la grande majorité des films d’horreur font abondamment couler l’hémoglobine sans que cela n’émeuve plus personne. Rob Zombie ne fait que suivre le mouvement, même s’il se défend de banaliser la violence. Comparé à son modèle, le film se montre donc particulièrement sanglant. Rob Zombie délaisse tout suspense au profit d’une efficacité brute, qui pâtit néanmoins d’une fâcheuse tendance à porter la caméra rendant ainsi la majorité des exactions de Michael Myers quelque peu confuses. Un Michael Myers dont l’omniprésence confirme l’appétence du réalisateur pour les figures maléfiques, jusqu’à la faute de goût qui consiste ici à retracer la genèse du croquemitaine. Ainsi, l’efficacité du prologue du film de Carpenter se retrouve dilué dans de longues descriptions du quotidien du jeune Michael, aux confins du misérabilisme. Le voir tuer des chats, se faire traiter de pédé par son beau-père ou supporter les railleries de quelques uns de ses petits camarades au sujet de sa mère strip-teaseuse ne revêt franchement aucun intérêt. Il s’agit pourtant là de l’unique nouveauté de ce remake, la deuxième partie se contentant grosso-modo de reprendre les grandes lignes du film original, avec son lot de clins d’œil. Sauf que compte tenu de la longueur de la première partie, qui loin de s’arrêter aux premiers meurtres de Michael Myers se poursuit lors de son séjour en hôpital psychiatrique, la seconde partie est rapidement expédiée. Comme pressé d’en finir, Rob Zombie nous présente très brièvement les victimes potentielles, dont Danielle Harris qui a joué la nièce de Michael Myers -Annie Brackett- dans Halloween 4 et 5, qui revêtent ici autant d’importance que les nombreux caméos qui parsèment le film (Dee Wallace, Sid Haig, Udo Kier, Ken Foree…). A ce stade du film, il semble davantage préoccupé à étaler sa science qu’à nous concocter un vrai film d’horreur. Les scènes de meurtres s’enchaînent mollement comme autant de passages obligés, sans qu’aucune ne retienne l’attention. Pis, la figure de Michael Myers, qui pourtant fascinait Rob Zombie jusque là, ne vaut guère mieux qu’un Jason Voorhees dès l’instant où il endosse son masque. Comme si au moment de véritablement se confronter au film de John Carpenter, la crainte de mal faire l’avait étreint au point de le tétaniser. C’est criant dans le traitement réservé à deux personnages satellites mais néanmoins essentiels de la saga, le docteur Loomis et Laurie Strode. Desservis par les prestations sans saveur de Malcolm McDowell et Scout Taylor-Compton, tous deux sont voués à jouer les pâles faire-valoir, Rob Zombie se montrant incapable de les réinventer. Halloween cumule ainsi les tares avec un bel aplomb (par exemple ce jeune couple qui ne trouve rien de mieux que la maison abandonnée des Myers pour effectuer leurs galipettes), et synthétise toute une saga en un film, au risque de lui conférer des airs de pompeux best of.
En s’attaquant à l’un des films phares de la filmographie de John Carpenter, Rob Zombie plaçait la barre très haut. Trop sans doute, d’autant qu’il apparaît rapidement qu’il n’avait pas grand chose à apporter de plus que cette absurde idée de relater les premiers pas de Michael Myers. Une idée bien dans l’air du temps puisque avant lui, Massacre à la tronçonneuse – Le Commencement et Hannibal Lecter – Les Origines du mal ont déjà joué sur ce registre qui, plutôt que renforcer l’aura de ces hautes figures du Mal, contribue à les banaliser. Banal, cet Halloween l’est à plus d’un titre, et ne fait jamais honneur au personnage qu’il tente de servir. Si l’on excepte le look de hard rocker de Michael Myers (une manière de s’identifier à lui ?), Rob Zombie n’a jamais su se réapproprier le personnage. A oublier.
Merci Bénédict de replacer ce film pour ce qu’il est, une tentative ratée de s’approprier une des plus grandes oeuvres de Carpenter. Vulgaire, bruyant, des personnages détestables, un Michael Myers sans aucun charisme, humanisé de facon maladroite, ce Halloween mérite comme vous le dites d’être replacé parmis ces films qui expliquent les origines des méchants ( Hannibal Lecter, Leatherface), mais qui en définive les dépouillent de leur aura maléfique.