Halloween – David Gordon Green
Halloween. 2018.Origine : États-Unis
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A l’approche des fêtes d’Halloween, deux podcasteurs s’intéressent de près à Michael Myers pour les crimes commis à Haddonfield 40 ans plus tôt. Après l’avoir approché avant son transfert dans un centre de rétention encore plus sécurisé, ils obtiennent une brève entrevue avec Laurie Strode. En délicatesse avec sa fille, voyant sa petite-fille en cachette, elle ne s’est jamais vraiment remise de son agression et vit depuis constamment dans l’attente d’une nouvelle confrontation qu’elle appelle de ses vœux. Lorsque Michael Myers se carapate, à la faveur de la sortie de route du car qui le transportait lui et d’autres détenus, Laurie voit là l’occasion d’en finir une bonne fois pour toute. Mais elle devra se hâter. Plus décidé et assoiffé de sang que jamais, Michael Myers sème mort et désolation sur sa route et profite de la nuit des masques pour rattraper le temps perdu. Et sa prochaine victime pourrait bien être la jeune Allyson, la propre petite-fille de Laurie.
Cas fascinant que cette tendance de l’industrie hollywoodienne à tourner ad vitam aeternam autour des mêmes figures horrifiques. Au moment de la sortie de cette énième itération, la franchise Halloween compte déjà dix films dont un dissident (Halloween III, le sang du sorcier), un remake et une suite de remake, tous deux réalisés par Rob Zombie. A l’époque de son Halloween 2 en 2009, les frères Weinstein envisagent un troisième épisode en 3-D avant de se rétracter. Commence alors pour la franchise un long parcours du combattant. Après avoir repris Massacre à la tronçonneuse, Vendredi 13 et Les Griffes de la nuit pour la nouvelle génération, le studio Platinum Dunes s’intéresse fort logiquement au film de John Carpenter et souhaite s’associer pour l’occasion à Dimension Films, détentrice des droits depuis Halloween 6. Nous sommes alors en 2012 et le projet reste lettre morte suite au désistement de la firme. Deux ans plus tard, Marcus Dunstan et Patrick Melton, deux personnalités rattachées à la série Saw depuis l’épisode 4, planchent sur une nouvelle version qui ferait suite à Halloween II. Oui, comme Halloween, 20 ans après ! Sauf qu’entretemps, Dimension a perdu les droits et cette version retourne bien vite dans les limbes. Les choses auraient pu en rester là mais les boogeymen finissent toujours par renaître de leurs cendres. La mise en chantier d’un nouvel opus se concrétise enfin (si on peut dire) par l’entremise d’un partenariat entre Miramax, Blumhouse Productions et Trancas International Films, boîte de production longtemps dirigée par Moustapha Akkad, l’homme par lequel la franchise a perduré, et auquel a succédé son fils Malek. Toujours ravi de toucher des royalties sans le moindre effort, John Carpenter ne fait aucune difficulté pour avaliser cette nouvelle mouture. Il soumet même sa préférence pour le poste de réalisateur, en l’occurrence Adam Wingard (You’re Next, The Guest, Blair Witch) mais ne sera pas écouté. Contre toute attente, le poste échoit à David Gordon Green, plus familier des grosses comédies (Délire Express, Votre majesté) et des drames (L’Autre rive, Joe) que des films d’horreur et dont le traitement à six mains en compagnie du trublion Danny McBride et Jeff Bradley achève de convaincre les producteurs. Il n’y a pourtant là rien de révolutionnaire, le trio se contentant de prêter allégeance au film de Carpenter au point de lui emboîter le pas en occultant sciemment tous les films réalisés dans l’intervalle. Une manière péremptoire de s’afficher comme seuls dignes successeurs du maître.
Ce choix pose d’emblée un problème dans la manière dont il est amené. Comme souvent avec ce type de film, les auteurs cherchent à satisfaire deux publics : celui qui connait et aime l’original et la franchise dans son ensemble, et celui qui va découvrir cette histoire. L’enquête “journalistique” menée par les deux podcasteurs ne nourrit d’autre but que de présenter les principaux éléments à ce public peu averti tout en posant les bases du nouveau film, en l’occurrence le trauma de Laurie Strode et les conséquences que sa première rencontre avec Michael Myers a eu sur son existence. Sauf que limiter ainsi les actes de Michael Myers à sa première sortie réduit de facto son aura maléfique, laquelle ne reposait dans le premier film que sur l’emphase descriptive du Dr. Loomis. En l’état, les événements relatés dans le premier film relèvent tout au plus du fait divers et ne proposent rien à même de nourrir l’imaginaire collectif durant quatre décennies. En procédant de la sorte, les auteurs inscrivent leur Halloween dans un discours métatextuel qui irrigue tout le film. Ils opèrent un dialogue permanent avec le film de 1978, allant jusqu’à réutiliser l’une des scènes clés à la faveur d’un flashback (l’assassinat de Judith Myers), ou en décalquant d’autres passages marquants (l’évasion de Michael Myers avec les autres détenus errant dans le cadre, la tenue volée à un garagiste) voire en les détournant légèrement (le drap affublé de lunettes ne cache plus le tueur mais l’une de ses victimes). En posant le premier Halloween comme l’alpha et l’oméga du film d’horreur, ils restreignent leur version à une compilation de citations (Nick Castle, le premier interprète de “The Shape” revient porter le masque le temps d’une scène; P.J. Soles, l’une des victimes, fait une apparition dans le rôle d’une enseignante), lesquelles englobent d’autres films de la franchise. Les déambulations de Michael Myers dans les allées pavillonnaires d’Haddonfield rappellent l’entame de Halloween II, deux enfants portent les mêmes déguisements que dans Halloween III, et la parenté Laurie Strode/Michael Myers se retrouve reléguée au rang de légende urbaine. Feinte ou non, le film de Carpenter exerce sur les auteurs une forme de fascination, notion autour de laquelle ils discourent par l’entremise du Dr. Ranbir Sartain. Là où Sam Loomis ne jurait que par l’élimination pure et simple de Michael Myers, qu’il considérait comme une représentation du Mal incarné, Ranbir souhaite au contraire l’étudier. Mieux, converser avec lui. Concrètement, ce personnage ne présente pas grand intérêt et son traitement sera d’ailleurs propice à une séquence hautement dispensable. Il ne semble là que pour cette phrase lourde de sous-entendus “Il [Michael Myers] appartient à l’État, il faut le préserver” qui vient entériner le véritable but de l’entreprise, prolonger la série. En somme, continuer à se nourrir sur la bête après avoir balayé d’un revers de main tous ceux qui ont fait comme eux. On ne peut faire plus cynique… et présomptueux.
Cet Halloween apparaît dépourvu de toute personnalité. Parce que les attentes du public ont changé en terme d’horreur, Michael Myers se montre plus brutal et actif qu’en 1978. On dénombre une bonne quinzaine de victimes avec un goût prononcé, mais là encore hérité de son passé, pour les mises en scène macabres. En revanche, les raisons qui président au choix de telle ou telle victime demeurent floues. A certain moment, il tue de manière réfléchie (les podcasteurs qui ont le tort de trimballer son masque iconique dans le coffre de leur voiture, le garagiste pour lui piquer sa combinaison), à d’autres au petit bonheur la chance (quelques habitantes du quartier) et parfois comme mû par le souci de réécrire l’histoire (la baby-sitter, le docteur). Fondamentalement, il reste cette machine à tuer increvable qui poursuit inlassablement la tache que son cerveau malade lui dicte d’effectuer. Le bougre est revanchard et, plutôt que de s’en prendre au flic – créé de toutes pièces tout en remodelant la fin originelle pour expliquer sa détention – qui a conduit à son arrestation, il préfère axer sa colère sur Laurie Strode, la véritable attraction de ce nouvel opus. Le personnage a fait du chemin depuis ses débuts. L’oie blanche s’est muée en furie post #MeToo, une émule de Sarah Connor qui en bonne représentante de l’Amérique profonde décide de prendre seule en main sa protection. Recluse dans une grande maison isolée, cernée de grillages et de caméras de surveillance, elle s’entraîne quotidiennement au tir, disposant d’un solide arsenal. Dans l’esprit des auteurs, un personnage féminin ne peut montrer sa force qu’une arme à la main. Voilà un raccourci qui ne plaide guère la cause de cet Halloween surfant allègrement sur l’air du temps tout en perpétuant une imagerie machiste. L’idée de s’attarder sur le trauma de Laurie n’était pas mauvaise en soi, même si déjà au centre de Halloween 20 ans après, et la réintroduction du personnage laissait présager une orientation plus dramatique que bassement opportuniste. Cela donne néanmoins l’occasion à Jamie Lee Curtis d’approfondir son personnage en laissant transparaître ses profondes blessures enfouies derrière ses airs de dure à cuire, incapable de se reconstruire totalement. Elle aurait plutôt tendance à tout détruire, sa cellule familiale au premier chef. Son mari est parti et sa fille unique, échaudée par son éducation martiale, se tient à l’écart de ses pulsions vengeresses. Seule la petite-fille entretient des rapports à peu près normaux avec sa grand-mère. Cette cellule familiale décomposée se déclinant sur trois générations est l’autre pari du film. David Gordon Green tente maladroitement de développer tout ce beau monde jusqu’à l’affrontement final, moment charnière où les trois femmes s’unissent à nouveau contre un ennemi commun. Or Karen n’existe qu’en opposition à sa mère et Allyson ne semble là que pour le public adolescent, renouant avec les problématiques inhérentes au slasher (bal de l’école, amourette contrariée, soirée joints, etc).
Pour le quarantième anniversaire du film de John Carpenter, David Gordon Green signe une version qui oscille entre déférence et concessions aux préoccupations de l’époque. Cet Halloween est un film fade, une pâle copie esthétiquement irréprochable mais creuse. A l’aune du dernier plan du film – la mère, la fille et la petite-fille bras dessus bras dessous à l’arrière d’un pick-up dont le conducteur demeure invisible à l’écran – il est facile d’imaginer la suite. Michael Myers au volant prêt à les emmener pour un dernier voyage. En fait, celui-ci se déclinera en deux autres épisodes, Halloween Kills, déjà tourné et qui aurait dû sortir à l’automne 2020, puis Halloween Ends. Contre toute attente, cette version 2018 a rencontré un franc succès, entérinant le caractère increvable de Michael Myers – et son incroyable popularité – tout en assurant à John Carpenter une retraite toujours plus dorée.
J’ai bien aimé ce halloween, quand il inverse le point de vue pour adopter celui de Michael Myers dans la maison de Laurie Strode avec tous ses manequins, ca a été un grand moment de stress. Pour moi le film n’a pas a rougir de la comparaison avec ses ainés et permet de cacher sous le tapis la version grunge de Rob Zombie, qui cherchait plus à mettre en scéne sa femme que de raconter une histoire autour du tueur.
J’ai remarqué une chose. Presque tous les Halloween fonctionnent en binôme: Halloween 1 et 2 sont une histoire complète, le deux étant la suite directe du premier.
Halloween 4 et 5, on suit la nièce de Laurie Strode, pourchassée par Michael Myers, le 4 est vraiment bon et mon préféré, mais le 5 déçoit surtout que le docteur Loomis est à la limite de la maltraitance avec la petite.
Halloween 6 est le seul film qui n’a pas de binôme, mais comme il en existe deux versions, une du producteur et une des frères Weinstein, et qu’elles sont suffisamment différentes; une plus classique dans la lignée des précédents, l’autre plus gore, violent avec de la musique rock, directement destiné à un public jeune.
Halloween H20 et Halloween resurrection, on reboote la série des Halloween et Laurie Strode est en vie, cachée sous une nouvelle identité avec son fils, dans un pensionnat. Le premier film est réalisé par Steve Miner, le travail est bien fait sans plus, à la base John Carpenter devait être rappelé pour le réaliser mais il s’en est désintéressé. La suite sera par contre moins bonne, on se débarrasse de Laurie Strode et on met une bande de jeunes faisant de la téléréalité dans la maison de Michael Myers. C’est une catastrophe, Rick Rosenthal qui a réalisé le deuxième Halloween enterre la franchise, avec ce film.
Arrive les deux films de Rob Zombie, très white trash, le style de Rob Zombie me rebute, incapable de créer des scènes de tensions, les films deviennent vite des véhicules à la gloire de sa femme.
Enfin on arrive au troisième reboot de la série avec le film de David Gordon Green, le film fait le taf, efficace, stressant, on retrouve un Michael Myers, en machine à tuer et qui enchaine les meurtres. Le film cartonne et appelle deux suites et puis le covid arrive, et la saga est en suspens.
Halloween 6 n’est pas tout seul. Il s’inscrit au contraire dans la continuité de Halloween 5, développant cette histoire de secte qui avait été amorcée. Les épisodes 4, 5 et 6 fonctionnent donc comme une trilogie presque autonome au sein de la franchise. Il suffit d’enlever les liens familiaux de la gamine avec Laurie et on a déjà une première relecture de l’histoire.
N’ayant pas encore vu le deuxième film de Rob Zombie, je ne jugerai que sur son remake et force est de constater que le rôle de Sherri Moon tient davantage de la participation amicale que d’un véhicule à sa gloire. Si telle avait été l’intention du réalisateur, elle aurait joué la principale cible de Michael Myers.
Quant à la nouvelle trilogie, Halloween Kills est d’ores et déjà tourné et prêt à sortir en salles pour le mois d’octobre de cette année… ou sur les plateformes, compte tenu du renoncement des studios américains depuis le début de la pandémie. Et Halloween Ends sortirait un an plus tard, comme c’était prévu à l’origine.
Halloween 6 part dans un histoire de secte que même le scénariste du 5 ne savait pas où cela allait mener avec cette silhouette qui suit les personnages pendant tout le film.
Ça casse la continuité avec l’histoire de la gamine qui se fait éjecter du film dès le début. On part sur une nouvelle histoire où il s’agit de protéger un bébé, et où Michael Myers est manipulé par une secte.
J’ai du mal à le voir comme un troisième film, tant tous les personnages principaux hormis Loomis ont changé, voire disparus.
Si vous voulez des infos, et un avis auquel j’adhère, prenez la vidéo d’Anthony Pazzona qui analyse très bien ce Halloween 6:
https://www.youtube.com/watch?v=uhn3KdHgfEU
Dans ce cas, Halloween resurrection part du même principe. Laurie Strode est rapidement éliminée avant que le film n’embraye sur une autre histoire avec de nouveaux protagonistes.
Oui c’est vrai, mais on peut dire qu’avec H 20, ce sont deux films qui se rapprochent des teenages movie, on se rapproche de la mode néo slasher des années 90, lancé par Scream.
Oui pourquoi pas.