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Frankenstein s’est échappé – Terence Fisher

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The Curse of Frankenstein. 1957.

Origine : Royaume-Uni
Genre : Horreur
Réalisation : Terence Fisher
Avec : Peter Cushing, Christopher Lee, Hazel Court, Robert Urquhart…

L’histoire de la Hammer débute en 1934 lorsque William Hinds, plus connu sous le pseudonyme de Will Hammer, fonde la Hammer Productions ltd. L’année suivante, il est rejoint par Enrique Carreras, propriétaire de plusieurs salles de cinéma et de la compagnie Exclusive Films. Ils produisent quelques films ensemble avant que la Hammer Productions ne disparaisse au profit de Exclusive Films. Il faut attendre 1939 pour assister à la création de la Hammer Films Productions avec à sa tête Anthony Hinds et James Carreras, les propres fils de Will et Enrique. Toutefois, ce n’est qu’en 1955 que les choses se mettent véritablement en place pour la Hammer. Le Monstre et sa suite, La Marque, attirent l’attention sur la firme. Deux ans plus tard, Frankenstein s’est échappé marque une date importante de l’histoire de la Hammer puisqu’il constitue pour la firme sa première irruption dans l’horreur gothique, genre pour lequel elle excellera.

Un prisonnier reçoit la visite d’un prêtre peu avant de se faire guillotiner. Il se présente comme étant le baron Victor Frankenstein et lui raconte son incroyable histoire. Avec l’aide de son tuteur Paul Krempe, il est parvenu à redonner vie à un chien mort. Partant de cette prouesse scientifique, il décide de passer à l’échelon supérieur et de créer un être de toute pièce auquel il donnera la vie. Et pas n’importe quel être, un être exceptionnel pourvu d’une intelligence sans commune mesure. Bref, l’être parfait. Il parviendra à ses fins, mais le résultat sera loin de correspondre à ses attentes.

Avec la complicité de Jimmy Sangster, Terence Fisher prend des libertés par rapport au mythe de Frankenstein. Victor Frankenstein n’est plus cet homme un peu timoré qui s’interroge longuement sur le bien-fondé de ses expériences, craignant d’offenser dieu. Ici, Victor Frankenstein est un homme sûr de lui et de ses capacités. Baron depuis l’âge de cinq ans, il se choisit lui-même un tuteur dix ans plus tard en la personne de Paul Krempe. Plus qu’un père, il recherche un pair avec qui traiter d’égal à égal, et partager sa passion pour la recherche scientifique. D’une grande complicité, c’est ensemble qu’ils parviennent à insuffler la vie à un chien mort et qu’ils s’imaginent tous les bienfaits qu’une telle découverte pourrait avoir dans le domaine de la médecine. Cette liesse n’a qu’un temps puisque Victor envisage déjà de passer à l’étape supérieure: créer un homme. Tout à son entreprise, il fait peu de cas de l’arrivée de sa fiancée dans sa demeure, et du refus de Paul de continuer dans ces conditions. C’est donc seul que Victor parvient à ses fins. Il a réussi à créer la vie, seulement en lieu et place d’un être parfait, il se retrouve face à une monstruosité au comportement animal.

Dans le livre de Mary Shelley, le baron Frankenstein et sa créature sont intimement liés. Ils se pourchassent, se craignent, s’affrontent, se parlent. Au fil du temps, sa créature a su apprendre à s’exprimer, s’est “humanisée”. Rien de tout ça dans le film de Terence Fisher, lequel veut à la fois rompre avec le livre mais également avec les films de James Whale. En cela, il est bien aidé par un Peter Cushing formidable de suffisance et de volonté, tout entier voué à ses recherches. Si ses actes nous font parfois en douter, Victor est encore capable de sentiment. Bien qu’il la délaisse pour ses expériences, il aime profondément Elisabeth, et voue un profond respect à Paul malgré leurs différends. En ce qui concerne la créature, le maquillage de Christopher Lee est volontairement repoussant, à des lieues de celui arboré par Boris Karloff. La création de Frankenstein n’est qu’un monstre dont le but n’est pas de susciter de l’empathie chez le spectateur, mais de refléter la culpabilité de son créateur. Seuls des rapports dominants-dominés sont possibles entre eux car bien qu’il s’en défende, Victor Frankenstein a échoué dans son entreprise. Certes, il a su insuffler de la vie à un être confectionné par ses soins, mais le résultat est loin d’être présentable à une assemblée de scientifiques.

A l’issue des deux films de James Whale, la créature a fini par supplanter son créateur dans l’esprit collectif. A tel point que lorsqu’on on évoque Frankenstein, on pense immédiatement au monstre alors qu’il s’agit du nom de son créateur. Terence Fisher entreprend une réhabilitation du baron Frankenstein en en faisant le héros de son film. Frankenstein s’est échappé est le premier jalon d’une série de 6 films qui verra le baron aller toujours plus loin dans ses recherches de l’être parfait, et qui à mesure de celles-ci, deviendra de plus en plus froid, de plus en plus inhumain. Comme quoi, tout le monde avait raison dans cette histoire, Frankenstein est bel et bien un monstre.

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