Enfer mécanique – Elliot Silverstein
The Car. 1977Origine : Etats-Unis
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Une petite ville de l’Utah est terrorisée par une mystérieuse voiture noire aux vitres opaques, sans plaque d’immatriculation, qui prend un malin plaisir à écraser tout ce qui se trouve sur son passage. Un couple d’étudiants est le premier à en faire les frais, suivi très peu de temps après par un autostoppeur de passage. La police, menée par le shérif Wade Parent (James Brolin) tentera vainement de stopper le massacre.
Bien entendu influencée par le Duel de Spielberg, cette réalisation d’Elliot Silverstein (un habitué de la télévision à qui l’on doit tout de même Un Homme nommé Cheval) ne saurait pourtant être réduite à ce seul film. La voiture qu’elle met en scène n’est pas exactement du même type que le camion de Duel et ses méthodes la rapprochent beaucoup plus du requin des Dents de la mer : surgissant de nulle part pour tuer, elle disparaît ensuite jusqu’à sa prochaine apparition, entraînant au passage une véritable psychose au sein de la communauté tranquille servant de cadre à l’histoire. L’introduction nous montrant ces jeunes gens prendre du bon temps avant de périr sous les assauts de la voiture fait directement écho à celle des Dents de la mer. Cependant, Silverstein n’est pas Spielberg, et là où le second réussissait le tour de force de faire subsister l’aura du requin même quand celui-ci n’était pas à l’écran, le premier peine à faire de même avec sa voiture. Beaucoup trop développée, son exposition occupe plus de la moitié du film. Cinquante minutes passées à présenter les personnages centraux de la communauté : le shérif, ses enfants et sa relation avec l’institutrice, le péquenot qui bat sa femme, le policier alcoolique repenti, l’autre policier secrètement épris de la femme battue… Certes, cela permettra au spectateur d’être davantage touché par la mort d’untel ou d’untel (et le réalisateur se permet de faire mourir des personnages importants), mais le prix à payer est un peu trop gros. Si la voiture apparaît bien de temps en temps, ses meurtres provoquent systématiquement la compassion des personnages envers la victime et sa famille, ce qui à la longue devient plutôt lassant. Cet esprit de solidarité faisait merveille dans Un Homme nommé Cheval (dont le sujet était l’acceptation d’un aristocrate britannique au sein d’une tribu indienne), mais Enfer Mécanique n’est certainement pas le film rêvé pour répéter cette thématique. Silverstein omet de faire agir ses personnages autrement qu’en simples témoins fatalistes (et même geignards pour certains), les confinant à des atermoiements terre-à-terre, ce qui, forcément, ne peut qu’être dommageable à la tension générée par la voiture. Car celle-ci dispose indéniablement d’un grand potentiel, jurant avec l’humilité des personnages : moteur rugissant, klaxon annonciateur de drames, surgissant dans des nuages de poussières, la berline noire est bien au désert ce que le requin de Spielberg est à l’océan. D’ailleurs, ce désert est lui-même présenté de façon semblable à l’océan, à base de plans larges et de fortes perspectives insistant sur la quiétude des lieux, pouvant être dérangée à tout moment. Silverstein dote également sa berline d’un aspect surnaturel marqué par la citation ouvrant le film, par les prophéties d’une vieille indienne, par la musique liturgique “Dies Irae” (qui sera reprise notamment par Kubrick dans l’ouverture de Shining), par les visions subjectives teintées de rouge et par une diffusion légèrement accelérée de chaque assaut, leur donnant un aspect quelque peu irréel. Le lien entre le diable et la voiture ne sera pourtant assimilé par les personnages qu’après la meilleure scène du film, dans laquelle la voiture se paye le luxe de prendre en chasse des enfants puis de massacrer la moitié du contingent des hommes du shérif. Cette longue et captivante scène (ou plutôt deux scènes qui s’enchaînent) prouve clairement que Silverstein avait les compétences pour réaliser une très bonne fusion entre Duel, Les Dents de la mer et les road-movies… Le choix d’insister à ce point sur la présentation des personnages durant la première partie du film en est d’autant moins compréhensible. Il faut dire ce qui est : le scénario passe à côté de son sujet à force de vouloir prouver son intelligence en développant la psychologie (banale) de ses personnages placés face à l’inconnu. Cette psychologie bas de gamme s’insert fort mal dans une histoire de voiture hantée. Tout ceci manque cruellement d’énergie… De là à dire que le diable a mal choisi ses victimes, il n’y a qu’un pas, qui sera franchi dans un final assez débile sous le signe de la pyrotechnie. A noter que quelques années plus tard, Stephen King essaiera de faire mieux avec son livre Christine, au sujet similaire.
J’ai beaucoup aimé le film mais il y a une scène qui m’a gêné, c’est celle où la voiture maléfique percute et s’écrase, pour revenir dans le plan suivant complétement indemne. Il aurait mieux valu, une transition plus adéquate pour montrer comment elle ressort sans égratignure, un peu comme dans Christine, ou laisser le doute quant a sa destruction, en ne la voyant pas s’écraser, via de la fumée, de la poussière. Là, on comprend pas comment elle redevient à l’état normal. Elle ne se reconstruit pas en direct, on ne laisse pas planer le doute en cachant sa destruction, cela fait tache, ça gâche la fin.