Critters 4 – Rupert Harvey
Critters 4. 1991.Origine : États-Unis
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Nous avions quitté Charlie McFadden dans les sous-sols d’un immeuble que les efforts conjugués des Krites et de son propriétaire véreux avaient réduit en cendres. Alors qu’il s’apprêtait à détruire les deux derniers oeufs de l’espèce, un message holographique de son ami Ug l’en avait dissuadé, en vertu des règles intersidérales concernant la préservation des espèces. Dans sa grande mansuétude, le réalisateur Rupert Harvey, et accessoirement le producteur depuis le tout premier Critters, débute Critters 4 par la séquence qui ornait le générique de fin de Critters 3. Une précaution indispensable dans la mesure où la majorité des spectateurs de l’épisode précédent avait déjà dû retirer la cassette (ou le dvd) du lecteur, trop heureux d’en avoir fini avec un épisode d’un ennui sans fin. Avec sa promesse de retour dans l’espace, ce quatrième et dernier opus se devait d’être plus enthousiasmant, ou tout du moins plus dynamique. Visiblement, c’était encore trop demandé.
Malencontreusement enfermé dans la capsule spatiale en compagnie des oeufs de Krites, Charlie erre dans l’espace durant plus de cinquante ans, jusqu’au jour où une navette le récupère. A son bord, une poignée d’obscurs individus, sorte d’éboueurs de l’espace, dont l’acquisition de tels engins laisse miroiter des espèces sonnantes et trébuchantes. Manque de bol, ils ne récolteront que des ennuis avec cette capsule, les oeufs de krites ayant éclos. Désormais, la moindre coursive de leur vaisseau représente un danger. Pourtant, il s’avérera moindre, car plus franc du collier, que celui représenté par des autorités duplices.
Tout mauvais qu’il soit, Critters 4 se pose en précurseur d’autres franchises horrifiques, qui finissent toutes, un jour ou l’autre, par envoyer leur figure de proue dans l’espace : Pinhead dans Hellraiser 4, Leprechaun dans Leprechaun : destination cosmos, ou encore le retardataire tueur de Crystal Lake dans Jason X. Cela donne l’impression d’un passage obligé pour des franchises en voie d’essoufflement, et qui utilise l’immensité galactique pour s’aérer. En ce qui concerne Critters 4, la tentative se solde par un lamentable échec. Manquant totalement d’imagination, les auteurs louchent sérieusement du côté de Alien, oubliant au passage que les Krites ont toujours eu vocation comique, contrairement à la créature de Giger. Mais cela ne les effraie pas le moins du monde, et c’est fort de cette influence qu’ils déroulent leur intrigue. Ainsi, nos éboueurs de l’espace débarquent dans une station orbitale abandonnée, choisie pour être le lieu d’échange de la capsule au profit d’un Ug vieillissant, quoique bien portant pour son grand âge. Une station qui semble avoir été le théâtre de tristes expérimentations à but militaire sur des créatures extraterrestres. A n’en pas douter, Ug, qui a pris du galon, et ses supérieurs, nourrissent le secret espoir de transformer les Krites en véritables machines de guerre entièrement vouées à leurs services. Et oui, comme dans les Alien ! A la différence notable, que les Alien ont pu bénéficier du concours de bons réalisateurs, ce qui n’est pas le cas de l’apprenti Rupert Harvey. Preuve en est cette première attaque des deux Krites rescapés sur la personne du capitaine de la navette de récupération, scène prétendument choc, mais qui manque sincèrement de punch, malgré la louable intention de ne pas faire d’ellipses.
Et tout Critters 4 ressemble à ça, avançant sur un faux rythme qui nous donne la désagréable impression que le film n’a jamais démarré. Les Krites ne constituent même plus le principal danger, devancés dans l’esprit des personnages par le réacteur nucléaire en souffrance de la station et qui menace d’exploser, ainsi que par Ug et ses sbires, pour lesquels la survie des Krites importe plus que celle de bêtes humains. Pour leur dernière incursion dans le milieu du showbiz, les Krites se contentent d’une maigre figuration. Ce n’est plus eux qui tiennent la vedette, mais Charlie McFadden, qui aura dû patienter jusqu’au terme de l’aventure pour accéder à ce statut. Tout à son bonheur, il surjoue en héros malhabile dont la maladresse s’avère plus dangereuse pour ses alliés que pour ses ennemis. Une maladresse qui confine à la bêtise lorsqu’il prétexte l’inutilité de casser les oeufs de Krites, ou qu’il tire comme à la foire sur l’une des bestioles, sans se soucier des dégâts que cela occasionne sur le vaisseau, pourtant leur unique moyen de fuir. On ne comprend que trop bien l’intention des auteurs, faire de ce personnage un élément comique. Sauf que toutes leurs vaines tentatives tombent à plat et nous plongent dans un profond désarroi, à l’image de son ultime intervention qui clôt le film.
A l’exception de Mick Garris, tous les autres réalisateurs se seront empêtrés dans ce mélange de frissons et de second degré, sans qu’aucun des deux ne prenne le pas sur l’autre. La série manque de remises en question, et s’est finalement perdue dans un canevas immuable -huis clos et présence (parfois incongrue, comme ici) d’un adolescent comme premier rôle- trop restrictif et bien peu enthousiasmant. Rétrospectivement, on se dit que la New Line peut s’estimer heureuse d’avoir pu pondre quatre films avec des idées aussi limitées, et néanmoins rentables à peu de frais. Quant aux Krites, ils demeurent une curiosité du cinéma fantastique des années 80, dont le profil d’ersatz ne peut leur permettre d’accéder à la postérité. Ce n’est au fond que justice.