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Alien vs Predator : requiem – Colin et Greg Strause

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Alien Vs. Predator : Requiem. 2007.

Origine : États-Unis
Genre : Surexploitation de franchises
Réalisation : Colin & Greg Strause
Avec : John Ortiz, Steven Pasquale, Johnny Lewis, Reyko Aylesworth…

Souvenez-vous… Alien vs Predator, dans sa grande mansuétude, s’achevait sur une bonne fin ouverte des familles. En bonne suite qui se respecte, Alien vs Predator : Requiem lui emboîte le pas, démarrant exactement là où son prédécesseur se terminait. Autrement dit au moment où l’alien mutant (le predalien) perfore la cage thoracique du dernier predator adolescent. Pour ne rien vous cacher, cette naissance impromptue, suivie de beaucoup d’autres, génère bien des désagréments à bord du vaisseau. A tel point qu’il finit par s’écraser en catastrophe dans la forêt qui jouxte la petite bourgade de Gunnison, laissant s’échapper plein de petits aliens. Soucieux de ne pas laisser la situation s’envenimer, un Predator débarque à son tour, bien décidé à les exterminer jusqu’au dernier.

Dans ses intentions, le film des frères Strause (responsables des effets spéciaux sur de nombreuses grosses machines hollywoodiennes) se présente comme le rêve de fans ultime. Voir les aliens s’ébattre en ville en semant la terreur dans toute la région est un vieux fantasme que la série n’avait jusqu’alors qu’effleuré. Seule la fin de Alien, la résurrection avait laissé envisager qu’un jour, cette éventualité puisse devenir réalité. Or, s’il y a une chose que Alien vs Predator nous a apprise, c’est qu’il faut se méfier des fantasmes. Réunir dans le même film l’alien et le predator répond au même besoin que l’affrontement entre Freddy Krueger et Jason Voorhees : capitaliser sur deux franchises à succès en en faisant plus qu’une. Dès lors, ce qui s’annonçait comme des films pour fanboys devient de bas produits mercantiles sans âme suscitant l’ire d’un public pourtant tout disposé à s’extasier devant le résultat. Pour être honnête, je n’ai jamais compris l’intérêt de ces « versus ». Si réunir deux figures emblématiques du genre fantastique s’avère tentant, cela ne va pas sans engendrer quelques menus problèmes, comme par exemple la place du facteur humain. Le film de Paul W.S. Anderson l’a prouvé, au milieu de ces deux « monstres sacrés » les humains ne parviennent pas à exister autrement que par leur statut de chair à canon.

Les frères Strause ne font pas de miracles. Eux aussi ne réussissent pas à résoudre ce problème. Une scène de Alien vs Predator : Requiem résume parfaitement ces difficultés. En plein affrontement contre le predalien, le Predator voit son arme (une sorte d’étoile qui revient comme un boomerang) être déviée de sa trajectoire par son adversaire. Celle-ci finit alors sa course dans un mur, embrochant au passage une pauvre étudiante, qui avait le malheur de passer dans le coin. Voici donc ce qu’il advient des humains dans cette franchise, de pâles figures reléguées au rang de dommage collatéral, simples témoins d’un combat qui les dépasse. Cependant, j’aurais mauvaise grâce de m’en plaindre tant le spectacle du Predator s’en débarrassant comme s’il s’agissait de vulgaires insectes, et avec force giclées de sang dans la version dvd, occasionne des séquences assez savoureuses. Finalement, en l’absence d’un personnage marquant susceptible de tenir la dragée haute au Predator et aux aliens comme en leur temps Dutch Schaefer ou Ripley, se concentrer essentiellement sur le Predator et son inlassable traque aurait pu être une bonne solution de repli. Malheureusement, les frères Strause n’ont pas fait ce choix, tentant tant bien que mal de nous intéresser aux déboires d’une poignée d’individus. Et là, on verse carrément dans le hors sujet.

Passée l’introduction qui amène le ressort du film -les aliens débarquent sur Terre !- on a droit à une exposition des quelques personnages auxquels les frangins ont choisi de s’intéresser. Des archétypes allant du mauvais garçon repenti en passant par la demoiselle de petite vertu ou l’ex petit ami antipathique. Leurs petites histoires ne sont guère passionnantes (et c’est un euphémisme !), servant de vain prétexte à un semblant d’identification à leur endroit. Étant pour la plupart des figures adolescentes, ça laisse peu de doute quant au public visé. Et donc, pendant une bonne demi-heure, nous avons droit à des scènes qui semblent sortir du premier teen movie venu, à base d’amourette contrariée et de bagarres de chiffonniers. Le tout entrecoupé d’intermèdes mettant les aliens en vedette, jusqu’à la séquence de la piscine où l’aspect horrifique prend enfin le pas sur le récit adolescent. Enfin, en vedette, c’est vite dit tant le film souffre d’une photographie très sombre qui rend la vision du film particulièrement inconfortable. Le film se déroulant exclusivement de nuit, vous comprendrez aisément ce que cela peut avoir de rédhibitoire. Le montage n’étant lui-même pas toujours d’une grande lisibilité, les scènes opposant le Predator aux aliens en perdent grandement de leur impact. Ces deux défauts mettent en lumière les faibles aptitudes des deux frangins à la réalisation, et condamnent d’emblée le film à la médiocrité. Ils n’ont clairement pas été choisis pour leur talent, et encore moins pour leurs idées. Alien vs Predator : Requiem n’apporte strictement rien à la mythologie des deux monstres, au contraire de son prédécesseur, même s’il le faisait de manière stupide. A ce titre, cette suite se veut plus directe et plus ouvertement tournée vers le divertissement. Le but affiché est clairement de générer le plus de victimes possibles et de faire de la bourgade de Gunnison l’équivalent de LV-426, la planète colonisée de Aliens. Mais encore une fois, ces bonnes intentions tournent court, malgré l’arrivée de la Garde Nationale. Son temps de présence à l’écran ne doit pas excéder la minute, son extermination s’effectuant essentiellement en hors champ. Le côté “fun” en prend alors un sérieux coup dans l’aile. Et que dire du combat final tant attendu entre le Predator et le predalien, s’achevant sur un piteux match nul. A ce propos, on sent les frangins quelques peu embarrassés avec leur hybride, héritage du film de Paul W.S. Anderson, dont ils ne font rien. En l’état, le predalien n’est qu’une reine au mode d’incubation différent, un monstre bâtard dans un film au déséquilibre patent.

En dépit de tous ces griefs, je ne peux m’empêcher de trouver ce Alien vs Predator : Requiem plus sympathique que Alien vs Predator. Moins prétentieux et riche d’un habile clin d’œil au Retour des morts-vivants, l’une des rares réalisations de Dan O’Bannon, le scénariste de Alien, le film des frères Strause distille par moment un plaisir immédiat totalement absent du précédent. Néanmoins, il aurait assurément gagné à céder à la démesure, ou en tout cas à une certaine décomplexion digne d’un Godzilla vs Mechagodzilla, par exemple.

Une réflexion sur “Alien vs Predator : requiem – Colin et Greg Strause

  • Critique bien mieux structurée que celle de Alien vs Predator, mais ça fait quand même de la peine de lire que le film des frères Strauss est aussi mauvais que celui de Paul Anderson. Pour moi, le film était irregardable, très sombre aux point que l’on comprenait pas ce qui se passait à l’écran, auquel on ajoute un surdécoupage n’importe nawak qui rend le tout encore plus confus. Les personnages sont aussi intéressants que dans un épisode de Charmed, et leurs problèmes, clichés à mourir me passaient au dessus.

    Le film était le premier à confronter les aliens sur la planète terre et il arrive à foirer cela. La seule scène qui mérite d’être sauvée, c’est l’utilisation des femmes enceintes dans l’hôpital comme incubatrices pour les Aliens. J’avais trouvé ça couillu. Dommage que le reste ne suive pas et se contente d’une mise en scène digne d’un téléfilm.

    Les frères Stauss avaient eu l’arrogance de dire que le film de Paul Anderson n’était pas terrible et qu’ils allaient faire bien mieux. A la vue du résultat, je pense qu’ils devraient rester dans le domaine des effets spéciaux, et encore vu la qualité du film dans ce domaine, il y a des questions à se poser sur leurs compétences en la matière.

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