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Les Contes de la crypte 4-06 : Qu’est-ce que tu mijotes ? – Gilbert Adler

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Les Contes de la crypte. Saison 4, épisode 06. 
What’s cookin’. 1992

Origine : États-Unis 
Réalisation : Gilbert Adler 
Avec : Christopher Reeve, Bess Armstrong, Art LaFleur, Judd Nelson…

Les affaires vont mal au Fred n’Erma’s Calamari café. Peu sensibles à l’obsession culinaire de Fred, les clients désertent l’établissement, et Erma, son épouse, commence à en avoir par dessus la tête de ses lubies. S’ajoute à ce climat délétère la pression du propriétaire des lieux, qui aimerait bien encaisser les loyers impayés. Démobilisé, Fred se résout à mettre la clé sous la porte lorsque la providence, qui a pris les traits de son commis Gaston, a placé de bons gros steaks dans le frigidaire du restaurant, d’une qualité sans égale. Grâce à un bon bouche-à-oreille, le restaurant ne désemplit plus, ce qui a le don d’amoindrir les scrupules de Fred quant à la provenance pour le moins illicite de la viande.

Gilbert Adler est ce qu’on peut appeler un récidiviste. Dès les années 80, il se consacre à la production de séries frappées du sceau du fantastique à tendance horrifique : Le Voyageur, anthologie qui fit le bonheur des téléspectateurs de La Cinq en son temps ; Freddy, le cauchemar de vos nuits dont il réalise un épisode (La Grande Farce) ; et Les Contes de la Crypte à partir du Piège (3e épisode de la saison 3). Homme fidèle, il accompagnera par la suite les Walter Hill, David Giler et consorts sur Expériences interdites, série au concept similaire mais à la destinée beaucoup plus brève (seulement 10 épisodes au compteur) où un robot féminin remplace à la présentation le gardien de la crypte décharné. La réalisation, il ne s’y adonne qu’avec parcimonie et toujours dans le cadre d’une série télé. A une exception près néanmoins, Bordello of Blood, deuxième déclinaison cinématographique des Contes de la crypte, qui fait office de conclusion à cette aventure télévisuelle, la série s’achevant durant cette même année 1997. Avant cela, Qu’est-ce que tu mijotes ? lui avait permis d’apporter son écot dans sa forme la plus classique.

La série a toujours aimé traiter certains thèmes du cinéma fantastique – au sens large du terme – de manière décalée. En traitant du cannibalisme, cet épisode ne fait pas exception à la règle. Plutôt que de maintenir le mystère quant à la provenance de la viande jusqu’à la chute finale, les scénaristes révèlent le pot aux roses, à dessein, assez tôt dans le récit. En nous mettant ainsi dans la confidence, cela leur permet de faire passer avec humour un acte pour le moins choquant, et ce d’autant plus facilement que la clientèle ignore tout de la provenance de la viande. Et oui, en ces temps où la crise sanitaire dite de la vache folle ne trustait pas encore la une des journaux, la traçabilité de la viande n’était pas une priorité. On accueille donc ces visages enjoués avec un mélange de dégoût et d’amusement qui tend à désamorcer l’horreur de la situation. Le ton est clairement à la blague, auquel fait écho le jeu de Christopher Reeve, qui prouve une fois de plus son excellent sens comique. Ah, il n’est pas toujours facile de se débarrasser des oripeaux d’un personnage iconique. Le comédien en a fait l’amère expérience, lui qui a connu une carrière post-Superman pour le moins chaotique. Ici, il interprète un brave type qui a le tort de prendre ses rêves pour la réalité. Il se rêvait un destin à la Colonel Harlan Sanders, le fondateur du KFC, pour devenir la figure de proue du calamar dans le domaine de la restauration. Or plutôt qu’attirer les foules, une carte exclusivement composée autour du calamar a un effet repoussoir, que seul l’agent de police Phil est prêt à braver. Et encore ne consomme t-il que du café, au grand désarroi de Fred, pas du genre à transiger. Tel un capitaine de navire, il affronte les tempêtes sans jamais dévier de son cap. Il nous apparaît comme un idéaliste qui saura néanmoins saisir la chance qui s’offre à lui pour faire décoller son enseigne. Son bonheur conjugal est à ce prix, et il s’en accommode finalement fort bien. L’amoralité du gentil couple le dispute à l’arrivisme de Gaston, le commis, enfant de la rue qui ne reculerait devant rien pour s’extirper de sa condition… et accessoirement séduire Erma.

Gilbert Adler se plaît à gratter le vernis de leurs bonnes intentions pour en montrer l’envers peu ragoûtant. Chacun des personnages agit selon son propre intérêt, et avise au besoin si des intérêts communs peuvent émerger de ces intérêts personnels. Le spectacle s’avère plaisant, même si sans surprise, avec toujours cette ambiance intemporelle si chère à la série.

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