CinémaWestern

Pat Garrett & Billy the Kid – Sam Peckinpah

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Pat Garrett & Billy the Kid. 1973

Origine : États-Unis 
Genre : Western 
Réalisation : Sam Peckinpah 
Avec : James Coburn, Kris Kristofferson, Bob Dylan, Richard Jaeckel…

Pat Garrett et Billy le Kid sont de vieilles connaissances ayant participé à de nombreux coups ensemble, se mettant ainsi hors la loi. 1881, les années ont passé et Garrett retrouve le Kid à Fort Summer dans le Nouveau Mexique. Garrett est devenu shérif et conseille à Billy de partir au Mexique sinon il devra l’arrêter.
Ce dernier ignore son conseil et est arrêté par Pat Garrett. Mais le Kid, aidé, s’enfuit de prison et retourne retrouver sa bande à Fort Summer. Pat part à sa recherche.

En 1973, Sam Peckinpah, réalise un nouveau western. Fort de ses expériences de La Horde Sauvage ou de Coups de feu dans la Sierra, Peckinpah décide de remettre le couvert et de mettre en scène deux légendes du Far West que sont Pat Garrett et Billy le Kid.
Sam Peckinpah a longtemps été considéré comme l’enfant terrible d’Hollywood. Ses films présentaient une violence qui bousculait la bien-pensante Hollywood de l’époque. Non pas que les films étaient visuellement violents, c’était surtout l’exploitation des sentiments et la déchéance des personnages qui offraient au spectateur un regard noir sur un genre (le western) qui jusqu’alors traitait ses héros superficiellement. Peckinpah, à l’instar d’un Sergio Leone, offrit au western ses lettres de noblesse.
Avec Pat Garrett et Billy le Kid, Peckinpah met en scène ses propres peurs, ses propres drames. Mal dans sa peau, se supportant à peine, colérique, il offrit à James Coburn le rôle d’un Garrett froid, bras de la justice et de la vengeance, tuant au nom d’une justice pas très juste (celle des riches propriétaires qui l’engagent pour abattre le Kid), et nourri par des démons intérieurs. Peckinpah dresse là le portrait de deux hommes qui se craignent et qui jouent avec la mort, leur mort et celle de ceux qui les croisent.
Film finalement assez contemplatif, il place deux hommes dans une modernité où ils n’ont plus leur place, la modernité d’une justice prête à pardonner les pires bandits pour punir d’autres criminels. Garrett doit alors jongler avec ce nouveau costume de justicier, lui qui s’est fait connaître comme grand bandit.
Le Kid, joué par Kris Kristofferson est lui-aussi un personnage tiraillé. Peckinpah, à l’aide de ces deux anti-héros met ainsi en avant ses pires craintes, ses pires angoisses. Car à eux-deux, Garrett et le Kid font figures de justiciers. Mais pas du même côté bien évidemment. Le Kid, qui avait finalement décidé de partir au Mexique quelques temps, histoire que ça se calme, fait demi-tour suite au meurtre d’un de ses amis, tué par des hommes à la solde des grands propriétaires terriens. Il décide de rester pour résister, pour continuer à apporter la peur sur les terres de cette poignée d’hommes qui font régner leur loi sur les terres du Nouveau Mexique. Mais Garrett finit par retrouver sa trace.

Ainsi, Peckinpah réussit à montrer deux facettes de la justice sans jamais donner raison aux uns et aux autres. Ici, nulle démocratie, elle n’existe pas. D’ailleurs, cette vision du monde lui vaudra les foudres de la critique qui verront dans cette lecture de la société une apologie du fascisme. Il n’en est rien, bien au contraire. Peckinpah se veut seulement le témoin de cette humanité tiraillée entre le tragique de la réalité, et le drame de la condition humaine chère à Malraux. Y’a t’il du communisme chez Peckinpah ? Pas tellement. Il y a surtout cette volonté de montrer les failles d’un système qui se veut juste et qui dans les faits ne l’est absolument pas. Peckinpah est donc un cinéaste engagé et ça déplaît.

Si Peckinpah profite de ce film pour mettre en avant ses démons intérieurs (on pense à Garrett tirant dans un miroir voyant son reflet après avoir abattu un homme, souffrant de son image et de sa violence), Peckinpah sert là surtout un film qui brise les conventions d’un genre dont les ficelles sont déjà bien connues. Pas de héros à la John Wayne, pas de duels mythiques à la Leone, juste des hommes qui vivent ou qui meurent, voilà leur condition.

Ce film a aussi une particularité, sa musique. Bob Dylan est à la manoeuvre et s’offre même un petit rôle énigmatique. Peut-être pas le plus grand acteur du monde, il est clairement évident que Dylan est bien meilleur chanteur qu’acteur. Néanmoins, cela reste intéressant. Mais voilà la faiblesse du film. La musique, et surtout les chansons ne vont pas avec le style western. Ce n’est là qu’un avis personnel, mais le film a tendance à se transformer en une sorte de western musical et c’est bancal. Tant pis ai-je envie de vous dire. Tant pis parce que dans la logique de la construction de ce film, ces chansons ont leur raison d’être, mais je reste sceptique et j’ai été assez dérangé par ces sonorités inhabituelles à ce genre de films. Reste que cela est un avis très personnel de quelqu’un qui apprécie pourtant l’oeuvre de Dylan, surtout à cette époque. D’autant plus que les musiques sont très réussies, mais s’insèrent-elles bien dans ce film ? A mon sens pas vraiment.

Peckinpah nous sert là un film des plus intéressant nourri par une violence interne dérangeante. Le réalisateur prend son temps pour dénouer les noeuds d’une histoire qui s’appuie sur deux personnages emblématiques d’une époque révolue dont les thèmes sont encore trop présents dans notre modernité. Un film très moderne donc.

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