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Les Diamants sont éternels – Guy Hamilton

les-diamants-sont-eternels-affiche Diamonds are forever. 1971.

Origine : Royaume-Uni
Genre : Espionnage
Réalisation : Guy Hamilton
Avec : Sean Connery, Jill St John, Charles Gray, Jimmy Dean…

Depuis quelque temps, le marché des diamants connaît bien des tourments et frôle l’assèchement. Le M.I.6 mandate James Bond pour qu’il se penche sur la question. Usurpant l’identité de Peter Franks, un simple passeur de diamants, il fait la connaissance de la receleuse Tiffany Case à Amsterdam, première étape dans sa remontée du trafic. L’ultime étape lui réservera bien des surprises.

Le changement de décennie est bien chaotique pour les producteurs Harry Saltzman et Albert R. Broccoli. Il leur avait déjà fallu faire des pieds et des mains pour pallier au départ de Sean Connery à l’issue de On ne vit que deux fois, et il leur faut remettre le couvert suite au désistement de George Lazenby, héros malheureux de Au Service Secret de sa Majesté, l’un des épisodes les moins rentables de la série. Cette fois-ci, ils envisagent carrément de faire appel à un acteur renommé. A l’arrivée, il s’agit bien d’un acteur de renom qui reprend le rôle de James Bond, un comédien bien connu des adeptes de la série, Sean Connery en personne. La surprise est de taille, et nous la devons à David Picker, le président de United Artists, qui dans une ultime tentative accompagnée d’un chèque au montant astronomique, est parvenu à convaincre Sean Connery à reprendre du service l’espace d’un film. Cette fois, il s’agit bel et bien de son ultime apparition dans le rôle qui l’a rendu célèbre…mais il ne faut jamais dire jamais. Autre retour, celui de Guy Hamilton, réalisateur de Goldfinger. Avec ces deux vieux de la vieille, tout semble à nouveau réuni pour que la saga renoue avec le succès.

Pour la première et unique fois de la série, James Bond n’est pas sorti indemne de sa précédente mission. Nous l’avions laissé en pleine détresse, pleurant la mort de son épouse au bord d’une route isolée. Dès le prégénérique de l’épisode suivant, nous le retrouvons très remonté et bien décidé à mettre la main sur le coupable, l’infâme Blofeld. Il n’est alors plus du tout question pour lui de défendre les intérêts de son pays. Il agit pour son propre compte, tout son savoir-faire mis au service de la vengeance de la mort de sa femme. Il n’est plus l’agent secret que nous connaissions, c’est un homme blessé qui ne pourra ré-exercer son métier qu’une fois sa propre justice appliquée. Le prégénérique de cet épisode délaisse le spectaculaire généralement de mise pour nous présenter un James Bond émotionnellement impliqué. En une poignée de minutes, Sean Connery renoue avec la brutalité de ses débuts dans le rôle, n’hésitant pas à menacer une jeune femme de strangulation à l’aide du haut de son propre maillot de bain pour obtenir les informations qu’il désire. Cette introduction pour le moins inhabituelle se clôt sur la mort de Blofeld. James Bond s’est fait justice, il peut maintenant reprendre le cours de ses activités.

Son ennemi juré éliminé, et par la même occasion la tête pensante de l’organisation criminelle le SPECTRE, sa nouvelle mission prend des allures bien terre à terre. Lui le premier s’étonne qu’on lui confie une telle mission, bien que cela fasse aussi partie de ses attributions. Pendant le déroulement de son enquête, la sobriété fait loi. Les quelques gadgets utilisés brillent par leur discrétion, et James Bond use davantage de ses poings que de son Walter PPK. Un souffle mélancolique parcourt le film, relent de la blessure encore fraîche dont souffre l’agent 007. Ainsi, l’échange récurrent entre Moneypenny et James Bond, généralement enjoué et lourd en sous-entendus grivois, est empreint d’une tristesse sourde. La bague, que la fidèle secrétaire demande à James Bond de lui ramener le renvoie à l’alliance que sa défunte épouse a à peine eu le temps d’apprécier. Plus tard, il fera mine d’embrasser une demoiselle afin de passer inaperçu aux yeux du véritable Peter Franks. Efficace stratagème qui illustre également la profonde solitude dans laquelle se débat l’agent secret. Plus encore qu’auparavant, il ne ménage pas le personnage féminin destiné à lui tomber dans les bras. Tiffany Case ne représente rien d’autre qu’un agréable moyen de passer le temps, et ne suscite aucune autre considération de sa part. Ce qui n’empêchera pas le célèbre agent de se faire copieusement rosser par deux représentantes du sexe prétendu faible, chose suffisamment rare dans la série pour être signalée.

Guy Hamilton prend son temps, trop sans doute, pour narrer cette mission du deuil. Il a la chance de pouvoir s’appuyer sur un interprète principal qui campe à nouveau parfaitement l’agent 007. Dommage que face à lui, Charles Gray fasse si pâle figure. Il compose un Blofeld bien transparent qui ne rend pas justice à cette figure maléfique dont l’ombre plane sur tout le film. Une fois le pot aux roses révélé -Blofeld n’est pas mort et chapeaute toute l’affaire- James Bond vit un véritable cauchemar le temps d’une scène où il voit son ennemi dupliqué. La mission anodine du départ prend alors pour lui une toute autre envergure, ce qui se retrouve dans un final explosif, sorte de passage obligé depuis Opération tonnerre. James Bond oublie presque le but de sa mission pour s’adonner à sa vengeance. Il sauve tout de même le monde, et on suppose que Blofeld n’en est pas sorti vivant. Dix ans plus tard, cette supposition sera battue en brèche lors du prégénérique de Rien que pour vos yeux, qui laisse le soin au successeur de Sean Connery d’achever la besogne. Et Les diamants sont éternels de se conclure sur l’unique bon mot de tout le film que s’autorise Sean Connery, comme une porte ouverte au second degré qui s’empare définitivement de la série avec l’intronisation de Roger Moore et sous le haut patronage de Guy Hamilton, capable du meilleur comme du pire.

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