Masters of Horror 2-01 : Les Forces obscures – Tobe Hooper
Masters of Horror. Saison 2, épisode 01
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C’est donc à Tobe Hooper qu’échut l’insigne honneur d’ouvrir la saison 2 des Masters of Horror, lui qui signa Dance of the Dead, le plus mauvais épisode de la première saison. Pour ce faire, il reprend avec lui le scénariste Richard Christian Matheson et il met à l’écran son scénario, encore une fois basé sur un livre, cette fois heureusement non adapté d’un livre du génial papa Matheson, mais d’une nouvelle d’un certain Ambrose Pierce, écrivain du XIXème siècle. L’histoire modernisée est celle d’une malédiction frappant la petite ville de Cloverdale, Texas, où en 1981 un honnête père de famille abbatit sa femme avant de traquer son fils en vain et de se faire massacrer on ne sait trop comment. Vingt-cinq ans plus tard, le gamin est devenu shérif de cette même ville de Cloverdale, et il habite toujours la maison de son enfance. Il promène avec lui en permanence tout le fardeau de son passé, sa vie privée va mal, et il reste obsédé par la démence de feu son paternel. C’est alors que la malédiction va se réveiller et tomber sur la ville, dans laquelle les habitants vont devenir fous furieux.
Voilà bien longtemps que l’on attend plus rien de Tobe Hooper, et celui-ci répond fréquemment à nos non-attentes en pondant régulièrement nombre de cochoncetés parmi desquelles Les Forces obscures s’inscrit logiquement. C’est ainsi que pendant de très longues minutes, Hooper se perd dans une histoire complètement vaine, s’étirant péniblement jusqu’à plus soif, annihilée par un personnage principal déprimé et déprimant, mou, et qui accomplit son travail avec autant d’enthousiasme que moi-même n’en ai mit pour regarder le présent film. Hooper place bien quelques effets très gores ici ou là (la partie de 1981, où le père de famille voit ses tripes ressortir, ou encore ce pauvre bougre qui se défonce la tête à coups de marteau -sans qu’il n’en soit défiguré, d’ailleurs-), mais tout cet étalage ne mène à rien, l’impression dominante étant que Hooper se contente de meubler en alternant ces plans horrifiques avec des extraits de dialogues volontiers mystérieux et menaçant récités sans entrain (imaginez un peu Derrick conversant avec son comparse Hans d’une apocalypse lovecraftienne, et vous aurez idée de la chose). On a quelques fois l’impression que le réalisateur cherche à recréer une atmosphère de Massacre à la Tronçonneuse, une atmosphère étouffante qui malgré une jolie photographie tombe totalement à plat devant la lourdeur d’un script qui nous inflige en plus la présence d’un adjoint dessinateur (?) et d’un curé qui ne doit être là que pour offrir un rôle à Ted Raimi. Puis vient la fin, complètement à côté de la plaque. Pendant que les villageois se massacrent entre eux, le personnage principal se terre dans sa maison en compagnie de sa femme et de son fils, et Hooper de les suivre, ne dévoilant pas une seule image sanglante, alors même qu’il en avait montré d’autres à des moments qui s’y prétaient pourtant beaucoup moins. Incohérent, le réalisateur se prend d’expliquer tout ce mystère, en y greffant quelques scènes d’action d’une bêtise hallucinante, empruntant à la fois à Shining et à Evil Dead, et en greffant l’arrivée de personnages aussitôt enfermés pour leur sécurité par un shérif complétement à la ramasse. Ces scènes d’action sont mises en scène avec un mauvais goût exemplaire digne de Dance of the Dead : la caméra se ballade dans tous les sens, on n’y comprend rien, on ne voit rien, et le montage, se mettant au diapason, est catastrophique. La dernière scène vaut son pesant de cacahuètes, et le réalisateur trouve le moyen d’excuser sa mise en scène foireuse par un alibi sans aucun sens, justifiant le hors-champ (dû à des mouvements de caméra impossibles répétons-le) par la règle voulant que pour effrayer il est préférable de suggérer plutôt que de montrer, alors que cinq minutes avant, il avait osé nous montrer un grand monstre de boue en numérique… Triste spectacle.