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Le Crocodile de la mort – Tobe Hooper

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Eaten Alive. 1976

Origine : États-Unis
Genre : Horrible film d’horreur
Réalisation : Tobe Hooper
Avec : Neville Brand, Mel Ferrer, Marylin Burns, William Finley…

  

Par un hasard bien facétieux et un brin cruel, plusieurs personnes se retrouvent dans le motel miteux du passablement louche Judd. Ces personnes l’ignorent encore, mais la majorité d’entre elles va servir à nourrir l’adorable animal de compagnie du gérant : un crocodile d’un fort beau gabarit et à l’appétit insatiable.

Tobe Hooper restera éternellement dans les mémoires (Si ! Si ! J’en prends le pari !) en tant que réalisateur de Massacre à la tronçonneuse, film auquel on renvoie sans cesse chacune de ses nouvelles œuvres. Rite que je perpétue à mon tour. Il faut dire qu’il ne s’est guère facilité la tâche en débutant sa carrière (enfin, si on occulte l’invisible Eggshell) par un film aussi réussi, et qui en outre constitue une date importante du cinéma horrifique. Depuis lors, aucun autre de ses films n’est arrivé ne serait-ce qu’à la cheville de son œuvre phare. Et voilà comment du statut de cinéaste prometteur, Tobe Hooper est passé à celui de “has been”, ne trouvant son salut que via la télévision. Mais n’allons pas plus vite que la musique. A l’époque de Le Crocodile de la mort, l’avenir de Tobe Hooper paraît radieux et tout porte à croire qu’il deviendra un cinéaste important.

Comme une manière d’enfoncer le clou, Le Crocodile de la mort cultive les points communs avec son illustre prédécesseur. Tobe Hooper prend plaisir à plonger ses spectateurs au milieu d’une ribambelle de dépravés et autres fondus du bulbe rachidien au milieu desquels les personnages féminins vivent un véritable calvaire. De prime abord, Le Crocodile de la mort n’a donc rien de dépaysant avec son immense bâtisse servant de demeure à un fou sanguinaire, tout heureux d’avoir autant de clients en une seule nuit. Cependant, la tonalité n’est pas la même. Ici, Tobe Hooper fait fi de toute progression dramatique, de toute montée de tension. Dès le départ, Judd nous apparaît comme un homme rendu dangereux par sa folie. Interdit de maison close, il ne parvient pas à réfréner ses pulsions, ce qui le rend extrêmement dangereux envers les femmes qui ont le malheur de passer par son motel. Un motel paumé, un gérant fou, il y a un peu de Psychose dans Le Crocodile de la mort. D’ailleurs, si les Wood se retrouvent dans les environs, c’est parce qu’ils recherchent un membre de leur famille. Toujours au niveau des influences, l’éclairage outrancier du film évoque les films de Mario Bava ou encore Dario Argento. Et pourtant, du propre aveu de Tobe Hooper, son influence majeure au niveau esthétique a été Alice n’est plus ici de Martin Scorsese, et c’est ce qui a conditionné son choix de tourner en studio. Il souhaitait tout particulièrement choyer l’éclairage.
Mais à l’image du jeu de Neville Brand, tout paraît excessif dans ce film. Davantage qu’un film d’horreur, Le Crocodile de la mort ressemble à une parodie avec force clin d’œil. Ainsi, Marylin Burns, l’héroïne maltraitée de Massacre à la tronçonneuse, est appelée à revivre les mêmes tourments, fuite et chute douloureuse comprises, sans toutefois que le spectateur s’en émeuve. Quant au crocodile du titre français, il n’a pas une grande utilité si ce n’est d’effacer les traces des méfaits de son maître. Il ne constitue qu’une menace passive. Si Le Crocodile de la mort est bien un film de monstre, il s’agit d’un monstre à visage humain, tendance monstre de foire.

Pour la petite histoire, Tobe Hooper n’a pas terminé le tournage à cause de divergences trop importantes avec son producteur, Mardi Rustam. C’est Robert Englund qui lui a succédé, jouant les pompiers de service durant les quelques jours qui restaient. Sa carrière débutait à peine que déjà Tobe Hooper souffrait de mésententes avec ses producteurs. Ce mal le rongera tout au long de sa carrière et peut, si on est charitable, expliquer la médiocrité de celle-ci.

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