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Les Contes de la crypte 6-10 : In the Groove – Vincent Spano

Les Contes de la crypte. Saison 6, épisode 10.
In the Groove. 1994

Origine : États-Unis
Réalisation : Vincent Spano
Avec : Miguel Ferrer, Linda Doucett, Wendie Malick, Slash…

Animateur de charme pour une émission radio érotique, Gary est en sévère perte de vitesse. Plus aucun auditeur ne l’appelle en direct, ses répliques sont plates et il est gaussé par son rival du créneau voisin. En conséquence, sa sœur et patronne Rita, directrice de la station, menace de réduire drastiquement son temps d’antenne. Elle lui laisse malgré tout une dernière chance en la personne de Valerie, une fan revendiquée, chargée de lui soumettre des textes émoustillants. Gary est d’abord réfractaire mais dès la première émission la nouvelle venue fait mouche, faisant même chavirer l’animateur ! Se sentant pousser des ailes, celui-ci entreprend de narguer Rita tout en écoutant les conseils avisés de Valerie, le poussant à délaisser l’érotisme pour laisser cours à des penchants et des envies plus profondes…

Outre qu’elles constituent un format idéal pour permettre à des apprentis réalisateurs de se faire la main, les séries télévisées peuvent également permettre à d’autres corps de métiers de l’industrie cinématographique de s’essayer à l’exercice de la mise en scène. Tout à leur projet d’attirer des grands noms, Les Contes de la crypte furent ainsi le refuge d’acteurs comme Arnold Schwarzenegger, Tom Hanks, Michael J. Fox ou encore Kyle MacLachlan, qui tous passèrent derrière la caméra pour ce qui s’apparente plus à un assouvissement de curiosité qu’à une véritable ambition de réorienter leurs carrières. D’autres personnalités plus ou moins connues firent de même : citons par exemple les maquilleurs Chris Wallace et Kevin Yagher. Mais somme toute, des 93 épisodes que compte au total la série, peu auront été orchestrés par des noms ronflants. Et le pedigree des candidats alla décroissant au fil du temps. Sans lui faire injure, tout auréolé qu’il soit de rôles chez Francis Ford Coppola, Roger Vadim, Andrei Konchalovsky, John Landis, John Sayles ou encore chez les frères Taviani, Vincent Spano n’est pas à proprement parler une tête de gondole. Jeune et volontaire, peut-être, mais toujours est-il que sa présence au poste de réalisateur n’intrigue guère. Et l’épisode sur lequel il a jeté son dévolu n’est pas là pour enthousiasmer outre mesure : In the Groove se caractérise avant tout par sa vacuité.

Adaptée d’un récit issu de Crime SuspenStories, son histoire fraye plus dans les eaux du thriller que de l’horreur. Si du moins elle fraye dans quelque chose, puisque dénouement excepté il n’y a même pas l’ombre d’un crime à l’horizon. Juste un conflit d’égo assez puéril pour savoir qui aura le dernier mot entre le frérot grande gueule et la sœurette bourgeoise. Fonçant tête baissée dans la provoc’, Gary est un imbécile fini dépourvu de tout talent, si bête qu’il ne remarque même pas que la discrète Valerie est la seule raison du soudain regain d’intérêt de son émission. De son côté, Rita joue aux patronnes guindées et cassantes, prétendant défendre la station et par là même l’héritage d’une mère qui a clairement et légalement stipulé qui serait la cheffe et qui serait le simple employé. L’origine de ce conflit inintéressant au possible se retrouve donc dans l’enfance des protagonistes, et Gary cherche ainsi à se venger d’un matriarcat castrateur en misant notamment sur son émission érotique. L’adjectif “puéril” n’était donc pas qu’une façon de parler et s’applique ici littéralement. La plupart des protagonistes principaux des Contes de la crypte avaient des tares les poussant à leur perte, mais dans le meilleur des cas ces tares les rendaient amusants si ce n’est sympathiques. Ici, entre son abattement profond, ses crises de colère et son enthousiasme boursouflé, le personnage incarné par Miguel Ferrer est juste agaçant, voire embarrassant. L’humour est à côté de la plaque, et les autres personnages, manipulateurs mais plus adultes, laissent Gary s’enfoncer… et enfoncer par là-même tout l’épisode. Signalons tout de même le caméo de Slash, le guitariste de Guns N’ Roses, qui avec son accoutrement de scène n’intervient que pour envoyer quelques sarcasmes plutôt bien sentis à l’encontre de son collègue et rival. C’est limité, mais c’est encore ce qu’il y a de plus réussi.

Car par ailleurs, bien qu’il tourne autour d’une émission qui se veut à la base érotique, In the Groove évite aussi soigneusement de se montrer trop démonstratif. Il laisse cela au pitre qui lui sert de héros, tandis que derrière la caméra Vincent Spano rechigne à suivre le mouvement (ce qui en accentue d’autant le ridicule du pauvre Gary, décidément bien seul). Ainsi, les dialogues lubriques de l’émission radio sont franchement anodins, tandis que les visions hallucinatoires qui les accompagnent, censées refléter l’imaginaire suscité chez l’auditeur, sont d’une incompréhensible sagesse. La série s’était dans le passé montrée plus explicite dans des épisodes qui s’y prêtaient pourtant moins. Et que l’on ne vienne pas expliquer ça par l’incapacité de Gary à satisfaire son auditoire : l’introduction, dans laquelle Gary est à son nadir, est du même calibre -voire un peu plus osée- que l’émission avec Valerie par laquelle il retrouve la grâce de l’audimat. Non : In the Groove est tout simplement un épisode frileux, en plus d’être particulièrement inconséquent. Le personnage de Valerie lui-même n’a guère de cohérence : s’offrant à Gary au terme de cette première émission censée avoir été un parangon de lascivité, elle retombe ensuite dans une passivité a posteriori compréhensible, mais qui laisse une fois encore Gary en première ligne. Bien qu’elle ait des arrières pensées, ce n’est nullement une femme fatale. C’était pourtant avec cet objectif en vue que le personnage et même tout l’épisode avaient été écrits. A défaut de sensualité, Spano cherche en effet à développer une atmosphère de film noir reposant sur le côté tamisé de ce petit studio d’enregistrement où, nuitamment, les auditeurs parlent fantasmes avec un animateur à la voix suave (évoquant vaguement l’ambiance d’Un frisson dans la nuit, le premier film de Clint Eastwood en tant que réalisateur). La photographie est conçue en conséquence, non sans une certaine réussite formelle. Mais c’est un pétard mouillé qui cherche à donner une plus-value inadaptée à une histoire foncièrement crétine.

Cette avant-dernière saison des Contes de la crypte continue donc à avancer cahin-caha, entre désastres avérés, épisodes fadasses ou hors-propos, et réussites plus ou moins prononcées. Quoique fort mauvais, In the Groove n’est pas le plus catastrophique du lot. Il est par contre révélateur d’un manque d’idées récurrent et illustre bien l’orientation d’une série qui de plus en plus, va bouffer à tous les râteliers en perdant ses lignes directrices. A croire aussi que l’abandon du projet “Two-Fisted Tales”, qui aurait dû être l’équivalent des Contes de la crypte pour des genres comme l’action ou le polar, a parasité la série en contribuant à la dénaturer. Si même les concepteurs en ont ras-le-bol…

3 réflexions sur “Les Contes de la crypte 6-10 : In the Groove – Vincent Spano

  • L’episode est convenu et c’est la deuxième participation de Miguel Ferrer, c’est vrai que ca a plus sa place dans le triller voir le film noir avec son ambiance, mais je prefere un mauvais épisode de cette saison que la dernière saison qui est tournée en Angleterre.

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    • La troisième, en fait, puisqu’il joue un tueur à gages dans l’épisode de la 5e saison réalisé par Kyle MacLachlan.

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  • C’est vrai, j’avais oublié celui-là. Il était marrant avec ce mari qui s’imaginait sa femme le tromper avec le prêtre.

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