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Les Contes de la crypte 6-06 : Le Pot-de-vin – Ramón Menéndez

 

Les Contes de la crypte. Saison 6, épisode 06.
The Bribe. 1994

Origine : États-Unis
Réalisation : Ramón Menéndez
Avec : Terry O’Quinn, Kimberly Williams, Esai Morales, Benicio Del Toro…

L’inspecteur Zeller tient sa vengeance ! Trouvant que la naïveté de sa fille chérie Hiley y a été exploitée sans vergogne, il compte bien user de ses nouvelles fonctions de monsieur-prévention-incendie pour faire fermer la boîte de strip-tease tenue par le véreux Puck et son sbire Bill (joué par un Benicio Del Toro novice). Las, Hiley l’informe qu’en raison d’une coupe budgétaire sa bourse vient de lui être supprimée, ce qui signifie non seulement son renvoi de l’université, mais également sa rupture avec Ron, dont la famille est très à cheval sur le statut social. Ne pouvant tolérer que sa fille ne puisse poursuivre ses études et qu’elle doive se séparer de celui qu’il considère comme le prince charmant, Ziller est contraint de pactiser avec le diable : il accepte le magot proposé par Puck pour fermer les yeux sur les manquements à la sécurité… Et quitte à se tourner vers le crime, autant y aller jusqu’au bout : puisqu’il ne peut se venger par des biais légaux, il fait appel à un pyromane de sa connaissance…

Après un triplé calamiteux, le cinquième épisode est venu enrayer la dérive qui semblait emporter cette sixième saison des Contes de la crypte en revenant aux sources : de l’humour noir, un discret sadisme et des personnages outranciers. Bref, un rappel des comics d’origine… Le redressement était précaire, mais louable. Rebelote avec celui-ci, réalisé par un Ramón Menéndez aux débuts encourageants (Envers et contre tous, Money for nothing) et scénarisé par Scott Nimerfro, un habitué de la série… S’appuyant sur une intrigue aussi minimaliste que prévisible, finalement préférable aux grotesques envolées de mise au début de la saison, les deux compères jouent en fait la carte de la satire, le côté rudimentaire et limpide du “drame” qui se joue ici servant en fait à humilier le brave Zeller, sorte de papa poule incapable de voir que sa fifille se fout pas mal de ses études et de son Roméo, auxquels elle préfère nettement le dévergondage et les photos coquines auprès de Puck et de Bill. Un joli numéro d’acteurs que celui des deux têtes d’affiches, Terry O’Quinn (Le Beau-père et sa suite) et Kimberly Williams. Le premier porte sa naïveté avec un air benêt qui ne se dément ni dans sa confrontation avec les deux maquereaux ni dans la préparation de sa vengeance confiée à un pyromane ahuri. Quant à la seconde, elle se complaît dans une criante hypocrisie dont l’évidence ne fait que mettre en relief l’idéalisation béate que lui porte son paternel. C’est ainsi que pour parvenir à ses fins elle se conforme à ses attentes en surjouant le rôle de la malheureuse petite fille modèle qui, affublée d’une robe de poupée, serre son nounours contre elle en sanglotant ses malheurs… Avant, une fois que papa a ramené l’argent, de revêtir une robe des plus provocantes au motif officiel de se rabibocher avec le prince charmant. La manipulation est outrancière, tout comme la bêtise du père.

Ces deux personnages ne sont aucunement crédibles, et la mésaventure racontée est elle-même stupide, mais c’est précisément ce qui permet à cet épisode pourtant dépourvu d’éléments horrifiques de retrouver le ton des belles heures de la série et, partant, des comics dont elle est issue et qui frayent parfois dans les eaux du polar. La bonne morale qui voudrait que la fille ait effectivement été abusée et que son père parvienne à rétablir la justice est non seulement battue en brèche mais elle est également tournée en ridicule via ces personnages dont la psychologie unidimensionnelle confine au cartoon. Il en va d’ailleurs de même pour l’esthétisme qui enrobe le tout : entre la délicate chambre de petite fille pastel d’un côté et le bar à strip-teases tout en néons criards de l’autre, il y a toujours cette volonté de confronter deux mondes exagérément contraires. Bref, nous sommes dans un humour de dérision intelligemment mené, voire en un sens spirituel. Et pour ne rien gâcher, Menéndez vient clôturer son intrigue d’une manière relativement surprenante, sans pour autant se démarquer de la justesse de ton qu’il a entretenu depuis le début. Les Contes de la crypte ne sont décidément pas mort ! Un tel épisode, sans non plus compter parmi les meilleurs, constitue une petite pastille réjouissante, une sorte de rappel du second degré qui en ces années 90 semblaient quelque peu s’effacer, ici comme dans les productions horrifiques pour le cinéma, au profit soit d’une débauche primesautière soit d’une fadeur pudibonde.

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