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Les Contes de la crypte 4-09 : Le Roi de la route – Tom Holland

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Les Contes de la crypte. Saison 4, épisode 09. 
The King of the Road. 1992

Origine : États-Unis 
Réalisation : Tom Holland 
Avec : Raymond J. Barry, Brad Pitt, Michelle Bronson et Jack Kehler…

Rangé des voitures depuis 27 années, Joe Garrett coule des jours paisibles entre son métier d’agent de police et sa fille, jusqu’au jour où il reçoit la visite de Billy, un jeune type aux allures de petite frappe. Accroc à la vitesse et champion de courses clandestines, il rêve de se confronter au légendaire Iceman. Devant le refus de Joe de l’affronter, Billy menace de révéler son lourd secret, prêt à tout pour obtenir son duel.

Il échut donc à Tom Holland de réaliser le troisième segment de la météoritique série Two-Fisted Tales. Un privilège a priori étonnant qu’on peut aisément imaginer de circonstance à l’aune du pedigree des deux autres réalisateurs –Robert Zemeckis et Richard Donner– tous deux déjà partie prenante des Contes de la crypte. Il ne paraît pas improbable –à l’aune du scénario de l’épisode– qu’un Walter Hill ait pu être envisagé à sa place, mais qu’un emploi du temps incompatible ou un manque d’entrain ont amené à laisser la main. Nonobstant cette hypothèse, la présence de Tom Holland au générique de la série s’inscrit dans la continuité d’une carrière qui, sortie des années 80, se conjugue de plus en plus avec la télévision.

Pour sa troisième et dernière participation à la série, Tom Holland doit mettre de l’eau dans son vin, lui qui avait fait baigner ses deux précédents épisodes dans un érotisme trouble. Ici, l’accent est avant tout mis sur l’action, suivant en cela le cahier des charges qui présidait à l’élaboration de Two-Fisted Tales. Dans ce cadre, que Billy séduise la fille de Garrett relève de la péripétie, simple étape de son plan pour amener Joe à accepter de l’affronter. Le personnage féminin n’existe que par son statut de “monnaie d’échange”. Le Roi de la route est une histoire de mecs, faite pour les mecs, n’en déplaise aux adoratrices de Brad Pitt dont la carrière commençait alors à décoller (Thelma et Louise, Et au milieu coule une rivière). En jeune chien fou peu respectueux de ses aînés, il s’abandonne sans retenue à la caricature, soutenu par une tenue vestimentaire et quelques attributs (tatouages, chevalières) qui en rajoutent dans le cliché. De manière générale, l’intrigue ne rechigne pas au déjà-vu et renoue ostensiblement avec une imagerie chère aux années 50 et 60. On retrouve donc sans surprise des “diners” colorés dans lesquels le service est assuré directement à la portière, et surtout ces courses de voitures customisées. Il s’agit en fait pour Joe Garrett de renouer contre son gré avec un passé qui ne l’a finalement jamais vraiment quitté. Roi de l’asphalte durant sa fougueuse jeunesse, le voici gardien de ces mêmes routes au volant de son véhicule de police, conservant ainsi un rapport intime à son automobile. Entretemps, il s’est acheté une vertu, une aura de respectabilité qu’il convient de présenter autant à sa fille qu’au monde extérieur. Dans l’environnement aseptisé que Joe s’est construit, Billy représente ce passé qui lui revient en pleine figure, une projection du gamin qu’il était avant le drame, et entre les mains desquelles il ne peut concevoir de laisser sa fille. Se joue alors entre les deux hommes une inévitable lutte de suprématie, un duel motorisé où les moteurs ronflants excitent leur testostérone. L’issue de la confrontation est courue d’avance, point final d’un récit parfaitement linéaire et qui ne s’embarrasse guère de personnages secondaires. Tout cela manque singulièrement de noirceur et d’ironie. Tom Holland filme cette histoire de manière très premier degré, laquelle ne vaut, sur le papier tout du moins, que pour les poursuites automobiles qui la parsèment. Or sur ce point, la déception est de taille puisque tributaire de la faible durée de l’épisode, Tom Holland n’a pas le temps d’étirer lesdites séquences, lesquelles se résument à des sprints sans obstacles, et donc dépourvus de tout suspense.

Il était temps que la parenthèse Two-Fisted Tales se referme. Au-delà de leur ADN par trop éloigné de l’esprit des Contes de la crypte, les histoires choisies et la manière de les raconter se révèlent fort décevantes. L’échec de cette déclinaison s’avère donc logique, et confirme ce sentiment que la série-mère par son savant mélange d’horreur et d’humour noir relève du petit miracle.

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