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Les Contes de la crypte 3-04 : Abra Cadavra – Stephen Hopkins

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Les Contes de la crypte. Saison 3, épisode 04.
Abra Cadaver. 1991

Origine : États-Unis 
Réalisation : Stephen Hopkins 
Avec : Beau Bridges, Tony Goldwyn, Tom Wright, Tina Bockrath…

Malheureux Martin (Beau Bridges) dont la vie a basculé du fait de son frère Carl (Tony Goldwin) ! Alors qu’ils étaient tous deux étudiants en médecine, ce dernier a pris prétexte d’examens imminents pour traîner Martin en salle d’autopsie et lui faire croire que les morts revenaient soudainement à la vie. Le choc fut rude, et la révélation de la supercherie ne l’a pas moins été. A tel point que Martin en a fait une crise cardiaque dont il ne s’est remis qu’avec un côté du corps paralysé. Son avenir de brillant chirurgien est définitivement enterré. Quelques années plus tard, le temps d’accéder à une situation avantageuse, Carl expie sa faute en finançant les travaux de recherche de Martin. C’est pour fêter sa dernière découverte que ce dernier invite son frère à son laboratoire. Après le verre d’usage, Martin informe le médusé Carl qu’il a découvert le secret des zombies haïtiens. Et pour mieux le convaincre, il a lui mis son produit magique dans la coupe de champagne… L’heure de la vengeance a sonné !

Freddy 5 et Predator 2 : deux séquelles attendues aux résultats critiques et publics décevants, encore que ces piètres réceptions ne soient pas franchement méritées. Stephen Hopkins, leur géniteur né en Jamaïque et élevé en Australie, y aura affiché tout de même un certain savoir-faire que les huppés producteurs des Contes de la crypte ne pouvaient laisser passer. Leur série étant le cadre idéal pour accueillir des réalisateurs potentiellement talentueux mais restés sur la touche, c’est tout naturellement que Hopkins vint se réfugier dans la crypte le temps de trois épisodes (saisons 3, 4 et 6) histoire de se refaire la cerise en attendant des jours meilleurs, qui viendront d’ailleurs également de la télévision (réalisation et production exécutive de la moitié des épisodes de la première saison de 24 heures chrono, long-métrage tiré de la série Perdus dans l’espace, nombres d’épisode de House of Lies…). Et pour son entrée en matière, Hopkins fait dans l’alpha et l’oméga de la série, à savoir dans le défouloir que constitue le concept de l’humour noir. Et pour ce faire, il porte son dévolu sur un thème ancien (on en trouve déjà des occurrences dans la mythologie grecque) et régulièrement utilisé, à savoir celui de l’enterré vivant, qu’il refaçonne avec le mythe du zombie vaudou, tombé en désuétude au profit de la vision des morts-vivants développée par George Romero. Mais qu’importent les mythes : Hopkins ne cherche pas à les illustrer, mais à employer ce qu’ils offrent pour mener à bien ce qui est l’un des contes les plus cruels -et peut-être les plus amusants- de la série. Du zombie, il utilise le concept de la drogue (qui ressemble à s’y méprendre au sérum fluorescent d’Herbert West dans Re-Animator) privant la victime de sa liberté de mouvements et lui donnant l’apparence d’un cadavre. De l’enterré vivant, il utilise le potentiel de la claustrophobie à son paroxysme, condamnant le malheureux qui en souffre à se replier dans ses pensées. Dans un cas comme dans l’autre, et les deux sont voisins, il s’agit bel et bien d’une forme de torture. Généralement, sur ces sujets, les auteurs jouent sur l’identification de leur public, appelé à se placer dans les mêmes situations de détresse et mit par conséquent mal à l’aise. Hopkins utilise le chemin inverse et, s’il retranscrit bien l’isolement de Carl en faisant de ses pensées en voix off la narration de son épisode, il demande au contraire à ses spectateurs de se moquer de cet homme qui avant sa mésaventure et même après n’inspire jamais beaucoup de sympathie. Au contraire de Martin, pataud et timoré ayant trouvé un moyen lâche mais rigolo de régler ses comptes. Une fois de plus, la série donne l’occasion à un personnage de prendre une revanche bien sadique sur un être condamné par ses propres vices. Il n’y a là rien que de très coutumier, encore que généralement ce retournement de situation n’intervient que dans le final. C’est qu’il y aura un autre rebondissement, certes quelque peu prévisible pour quiconque est habitué à la série, mais qui aura le mérite de pousser l’épisode au-delà du postulat habituel de l’arroseur arrosé.

Toutefois, aussi bien foutue que soit sa narration, la qualité majeure de cet épisode réside ailleurs, à un niveau bien plus primaire poussant la méchanceté à un niveau supérieur. Tout simplement, il s’agit de la façon dont Martin ridiculise son frère. Il prend un malin plaisir à maltraiter sa carcasse en sachant pertinemment que Carl est conscient de ce que l’on fait subir à son corps. Au programme : trépanation, suspension à un croc de boucher et maltraitance honteuse. Tout cela ne serait rien sans le jeu des acteurs : non seulement Beau Bridges se complaisant dans l’insolence (il est à baffer… mais Carl en est bien incapable) mais aussi son assistant, un débonnaire rastafari toujours prêt à rire, même avec un cadavre… ou plutôt sur son dos. Tout ceci, recouvert par les inutiles supplications ou vitupérations de Carl, forme un épisode très savoureux, figurant à juste titre en haut des divers classements d’épisodes de la série.

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