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Histoires fantastiques 1-22 : La Poupée – Phil Joanou

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Amazing Stories. Saison 1, épisode 22
The Doll. 1986.

Origine : États-Unis
Genre : Fantastique
Réalisation : Phil Joanou
Avec : John Lithgow, Anne Helm, Albert Hague, Sharon Spelman…

John Walters, vieux garçon de 42 ans, aime à arpenter la boutique désuète de Mr Liebemacher, un fabriquant de poupées. L’anniversaire de sa nièce approchant, John franchit enfin le pas et en achète une au conciliant artisan. Mais sa joie initiale ne résiste pas au visage désappointé de sa nièce de 13 ans devant ce cadeau plus adapté à une petite fille. D’abord bien décidé à la rapporter au magasin, le célibataire finit par la garder avec lui, éprouvant une forte fascination pour ce jouet pas comme les autres.

Déjà proche de La Quatrième dimension dans l’esprit, et concurrent direct de sa déclinaison eighties La Cinquième dimension, la série de Steven Spielberg marque un peu plus sa filiation avec la série pionnière de Rod Serling en faisant appel à Richard Matheson pour rédiger le scénario de ce 22e épisode. Auteur d’une multitude de nouvelles fantastiques, l’écrivain ne pouvait qu’apprécier l’exercice proposé par Rod Serling, pour lequel il écrivit une quinzaine d’épisodes. Il n’en fera pas autant pour ces Histoires fantastiques puisque en comptant cet épisode, sa participation se limitera en tout et pour tout à trois scénarios. Sans présager de la teneur de ses deux autres contributions, il est frappant de constater à quel point Richard Matheson s’est fondu dans le moule de la série, déroulant un récit au romantisme gentillet et quelque peu suranné.

Derrière sa patine rétro, La Poupée déploie un fantastique discret qui se limite à deux gestes de la poupée comme autant de signes du destin ayant vertu à égayer l’existence de John Walters. C’est qu’à force de solitude, ce dernier vit en décalage avec le monde qui l’entoure, ne percevant guère le temps qui passe, et ces nouvelles générations qui grandissent bien plus vite que les précédentes. A ce titre, la petite boutique de Mr Liebemacher lui apparaît comme un havre de paix, à l’abri du tumulte du monde. De bonne compagnie, l’humble artisan prête toujours une oreille attentive à ses rares clients qui, s’ils sont à l’image de John, ne lui achètent pas grand chose. Mais il n’en a cure, préférant que ses visiteurs trouvent leur bonheur par eux-mêmes plutôt que conseillés par ses soins. Il cultive un commerce de proximité, mettant tout de suite ses clients à l’aise. D’ailleurs, ces derniers viennent chez l’artisan comme chez un ami, ôtant chapeau, manteau et serviette avant d’entrer et de deviser avec lui. Pour un homme seul comme John Walters, ces rapports cordiaux n’ont pas de prix.

Jusqu’à un final attendu, pour peu qu’on soit germanophile (“Liebemacher” signifie “fabriquant d’amour”, ce qui fait donc de l’artisan une sorte de discret entremetteur), l’épisode nous entraîne dans le quotidien pathétique de John Walters. Trop timide pour faire des rencontres, John est aussi trop gentil, subissant sans ciller les assauts répétés de sa sœur qui ne comprend pas qu’à son âge, il se complaise encore dans sa solitude. A sa décharge, il faut préciser que ça n’a pas l’air d’être un marrant. Habillé de manière austère, il dégage une gêne de tous les instants qui n’aide pas à attirer les regards sur lui. Il est plus du genre à raser les murs qu’à marcher en pleine lumière, le front haut et le menton altier. Déjà à l’aise pour jouer le passager terrorisé dans le segment réalisé par George Miller pour les besoins de La Quatrième dimension : le film, John Lithgow excelle ici à retranscrire toute la gaucherie de son personnage, peu à l’aise avec un corps si grand dont il ne sait que faire. Malgré un air ahuri de tous les instants, il réussit à rendre touchant ce John Walters si seul qu’il en vient à partager son repas avec une poupée. A sa manière, lui aussi s’est fait tout petit devant une poupée, sans qu’il fût besoin qu’elle dise “maman” quand il la touche.

Déjà auteur de l’épisode Nuit de Noël, nettement plus amusant et enlevé, Phil Joanou est ici plus dans la retenue, à l’image de son personnage principal. Suivant votre sensibilité, La Poupée s’avérera soit une belle histoire d’amour, soit un récit qui cède trop à la mièvrerie. Pour ma part, c’est la deuxième solution qui obtient mes faveurs…

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