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Histoires fantastiques 1-11 : Nuit de Noël – Phil Joanou

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Amazing Stories. Saison 1, épisode 11
Santa ’85. 1985.

Origine : États-Unis
Genre : Fantastique
Réalisation : Phil Joanou
Avec : Douglas Seale, Pat Hingle, Gabriel Damon, Marvin J. McIntyre…

A l’instar de bon nombre de sitcoms qui articulent leurs saisons autour d’événements calendaires (Thanksgiving, Noël, le jour de l’an, la Saint Patrick…), Amazing stories propose en cette fin d’année 1985 son épisode de Noël. Compte tenu de la niaiserie des quatre précédents épisodes, cette perspective a de quoi glacer les sangs. La surprise n’en est que plus grande devant cette Nuit de Noël tout ce qu’il y a de plus sympathique et qui évite le trop plein de mièvrerie. Ce qui était loin d’être gagné d’avance…

En cette nuit du Réveillon, le Père Noël est excité comme une puce. Chaque année, il se plie de bonne grâce à sa tâche ingrate mais au combien essentielle pour de nombreuses têtes blondes encore émerveillées par cette nuit si spéciale. Sauf que cette année, un imprévu risque bien de ruiner tous ses efforts. Alors qu’il pratique son activité annuelle –déposer des présents au pied du sapin–, il déclenche à son insu une alarme. Persuadé qu’il s’agit là d’un voleur grimé en Père Noël, le shérif du coin l’arrête et le met derrière les barreaux, compromettant ainsi le reste de sa tournée.

Ah, Noël ! Nous avons tous été, gamins, comme Bobby Mynes à vouloir veiller le soir du Réveillon dans le fol espoir de voir le Père Noël déposer nos cadeaux au pied du sapin. En vain la plupart du temps, sauf pour ceux qui disposaient dans leur famille de bonnes âmes prêtes à se déguiser l’espace d’un instant pour illuminer les yeux des intenables chérubins. Mais cette déception initiale s’estompait bien vite à la découverte des jolis paquets. Et oui ! Dès notre plus jeune âge, des élans matérialistes occupaient déjà notre esprit. Car ne nous leurrons pas, si le Père Noël a toute la sympathie des enfants, c’est seulement parce qu’il les couvre de cadeaux (et encore, pas tous !). Sans cet élan de générosité, il ne susciterait pas plus d’estime de notre part que le clochard sis au bas de la rue, ce dernier présentant en outre l’inconvénient de nous effrayer. Et alors là, adieu magie de Noël et toute cette volée de bons sentiments qui, à y regarder de plus près, émanent d’un savant mélange avec les valeurs catholiques. Tout l’intérêt de Nuit de Noël réside justement dans cette confrontation entre le côté merveilleux de cette fête et sa réalité, à savoir une célébration commerciale entretenue avec la complicité des parents.

A force de s’introduire chez les gens, même nanti des meilleures intentions, il fallait bien qu’un jour le Père Noël rende des comptes à la justice. En ce milieu des années 80, les gens se calfeutrent chez eux à l’aide de coûteux et efficaces systèmes d’alarme (quoique les fenêtres ne sont pas du tout reliées au système d’alarme chez les Mynes… un oubli de leur part ?). S’il n’avait pas aussi bon fond, le Père Noël pourrait pester contre des conditions de travail qui vont en se dégradant. Cependant, ses déboires sont symptomatiques du repli sur soi de la société. Si les fêtes de Noël demeurent une célébration du partage, celui-ci ne s’effectue plus qu’au sein du cocon familial, dernier garant de l’éphémère magie de Noël dont l’incroyable longévité repose sur un secret de polichinelle que l’on prend bien soin de propager de génération en génération. Néanmoins, il est de plus en plus difficile pour un enfant de croire encore au Père Noël tant son image s’en trouve galvaudée. En période de fêtes, on ne compte plus le nombre de Pères Noël qui essaiment un peu partout. Cette figure merveilleuse, éminent symbole de générosité, n’existe plus que par un costume que quiconque peut s’approprier. La méprise des Mynes et du shérif Horace Smyvie n’en devient que plus légitime. Les premiers ne peuvent que nier la réalité d’un être dont ils s’échinent eux-mêmes à vanter l’existence à leur enfant à force de subterfuges, tandis que le second a déjà rempli son fourgon de simili Pères Noël fleurant bon la vinasse. Dès lors, le salut du Père Noël ne peut venir que d’un enfant, dont la largesse d’esprit apparaît comme le seul garant de sa survie dans l’esprit collectif. Bobby Mynes incarne cet enfant mais comme je l’ai déjà souligné par ailleurs, sa démarche est totalement dépourvue de mièvrerie et du discours pontifiant selon lequel la magie de Noël suffirait à rendre le monde meilleur. Certes le personnage du shérif, interprété de manière émouvante par Pat Hingle, en vient in fine à de meilleurs sentiments au contact du Père Noël, troquant son aigreur ancestrale pour un émerveillement tout enfantin. Néanmoins, son petit miracle personnel ne sert que de placebo à une existence bien morne et empreinte de solitude.

Sur un rythme enjoué, cette Nuit de Noël n’occulte pas l’essentiel : cette fête n’est qu’une parenthèse enchantée qui ne saurait faire durablement oublier la triste réalité. En outre, cet épisode fournit le plaisir rétroactif de voir le Père Noël tiré d’affaire par Gabriel Damon, adorable bambin qui 5 ans plus tard campera Hob, le trafiquant de drogues adolescent de Robocop 2. Comme quoi, c’est bien beau de croire au Père Noël mais cela n’empêche pas de sombrer dans la délinquance.

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