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Les Contes de la crypte 5-02 : Qui sème le vent – Kyle MacLachlan

Les Contes de la crypte. Saison 5, épisode 02.
As Ye Sow.
 1993

Origine : Etats-Unis
Réalisation : Kyle MacLachlan
Avec : Hector Elizondo, Patsy Kensit, John Shea, Sam Waterston, Adam West.

Persuadé que sa jeune épouse le trompe, Léo Burns engage un détective privé pour lui filer le train toute la journée. Lors du compte-rendu, Mr Chapman le rassure quant au comportement de son épouse, dont aucun déplacement ne trahit l’existence d’un amant dans sa vie. Loin d’être convaincu, Léo se tourne vers un autre détective privé, G.G. Devoe, lequel ne tarde pas à abonder dans son sens. Pour lui, il ne fait aucun doute que Bridget a un amant, et il avance même que celui-ci n’est autre que le prêtre de l’église qu’elle fréquente, le père John Sejac. Dévasté, Léo se laisse convaincre d’engager un tueur professionnel afin d’éliminer l’impudent.

Terre de liberté, la série Les Contes de la crypte offre la possibilité à des comédiens chevronnés de s’octroyer un petit plaisir en passant à la mise en scène sans trop de pression. Une aubaine dont ont notamment profité Arnold Schwarzenegger (L’Echange, saison 2) ; Michael J. Fox (Le Piège, saison 3) ou encore Tom Hanks (Cœur saignant en papillote, Saison 4). Pour cette cinquième saison vient le tour de Kyle MacLachlan, lequel présente la particularité d’avoir déjà participé à la série, en tant qu’acteur cette fois, sur l’épisode Le Canyon de la mort au cours de la saison 2. Fraîchement popularisé par Twin Peaks, la série signée Mark Frost et David Lynch, Kyle MacLachlan s’assure de la participation amicale de l’un de ses partenaires sur le petit écran et de sa déclinaison cinématographique Fire Walk with Me, le déjà rôdé Miguel Ferrer, autre habitué des Contes de la crypte (La Chose de la tombe). Un caméo non crédité au générique qui vient clore l’épisode de manière sympathique.
Qui sème le vent relate la jalousie maladive qui consume peu à peu l’irascible Léo Burns. Un sujet que la série a déjà abordé en saison 2 avec A l’amour à la mort mais sur un mode plus sensible, à l’image de Richard, personnage empli de chagrin et d’amertume. Ici, le ton est davantage à la farce. Il faut dire aussi que Léo Burns ne respire guère la sympathie. Sous prétexte que son épouse se refuse à lui ces derniers temps, il en conclut qu’elle le trompe. Et pour avoir la preuve de ce qu’il avance, il est prêt à débourser 30000 dollars auprès d’une agence de détectives privés. Que Mr Chapman ose alors lui affirmer que son épouse mène une vie tout ce qu’il y a de plus chaste le met hors de lui. Comme si l’affront n’était déjà pas assez conséquent, ce Mr Chapman, sous les traits duquel les plus physionomistes reconnaîtront Adam West, le Batman de la série télévisée des années 60, lui suggère de désormais s’adresser à un conseiller matrimonial. C’en est trop pour Léo. Incapable de se remettre en question (« Ne pas l’avoir prise en flagrant délit ne signifie pas qu’elle ne fait rien. »), il s’en va frapper à une autre porte. Voilà un homme dont le jugement se retrouve totalement altéré par ses angoisses. Les angoisses d’un homme qui s’estime soudain trop vieux pour sa femme (24 ans d’écart, quand même!) et qui au fond se dit que ce serait dans l’ordre des choses qu’elle aille voir ailleurs. Psychologiquement fragile, il devient une proie facile pour tous les vautours qui gravitent autour des gens faibles, pour peu qu’il y ait de l’argent à gagner.
Ce vautour prend ici le nom de G.G. Devoe, une sorte de privé à l’ancienne jusque dans le décor de son local, un grand espace poussiéreux et crasseux au centre duquel trône son bureau, duquel il ne décolle jamais. Dès sa première entrevue avec Léo, il a su prendre la mesure du bonhomme. Il abonde dans son sens, donne du poids à ses suspicions à grand renfort de devises maisons (« Si vous ne le faites pas avec votre femme, quelqu’un d’autre le fait. »). Se faisant, il joue au mauvais génie, attisant sa jalousie plutôt que l’atténuer, et ce dans un dessein bien précis. Léo en devient fou. Il ne peut plus faire un pas sans imaginer Bridget dans les bras du prêtre. Leurs photos prennent vie sous ses yeux et le narguent. En se rendant à l’église où le père John Sejac officie, il se l’imagine profitant de l’intimité du confessionnal pour faire l’amour à sa femme. Même dans son rétroviseur, il les voit s’enlacer langoureusement sur la banquette arrière de sa propre voiture. Rien ne lui est épargné, et en même temps, il l’a bien cherché. Au fil du récit, il apparaît clairement qu’il n’apporte que peu d’attention à son épouse, au-delà des instants d’intimité réclamés. C’est un homme d’un autre temps qui pense que la place de son épouse se trouve à la maison et qu’elle doit lui être reconnaissante de l’entretenir. Un personnage imbuvable comme la série en regorge et auquel elle réserve un sort à la hauteur de son comportement.

Il ressort de cet épisode un grand plaisir ludique à torturer ce pauvre Léo Burns pour le moins communicatif. On s’amuse beaucoup de ses déboires et la chute, pour attendue qu’elle soit, se montre d’un sadisme réjouissant. Pour sa première – et unique – réalisation, Kyle MacLachlan fait preuve d’une telle maîtrise que c’en est presque dommage qu’il n’ait pas prolongé l’expérience. En ce début de cinquième saison, la série témoigne d’une belle vitalité et jouit toujours des mêmes qualités, une production de qualité et d’excellents comédiens.

3 réflexions sur “Les Contes de la crypte 5-02 : Qui sème le vent – Kyle MacLachlan

  • Je me rappelle de cet épisode mais je ne savais pas que miguel ferrer avait joué dedans, donc en plus des deux autres épisodes (la chose de la tombe et in the groove ( saison 6 épisode 10) ou il jouait l’un des principaux roles, sa participation au contes de la crypte est au nombre de trois a égalité avec william sadler.

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    • Si on s’en tient à la série, Miguel Ferrer détient seul le record. Mais en élargissanrt le champ de vision, William Sadler ressort largement vainqueur avec deux épisodes au compteur et deux déclinaisons cinématographiques (Le Cavalier du diable, Bordello of Blood) auxquelles on peut rajouter Two-Fisted Tales, tentative d’anthologie d’action, et dont les 3 épisodes ont été intégrés à la saison 4, où l’acteur joue les monsieur Loyal.

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      • C’est vrai que j’avais oublié Le cavalier du cavalier qui me fait beaucoup penser à Une nuit en enfer tant on retrouve beaucoup similitudes, entre les deux . Par contre je ne me souviens pas de William Salder dans La reine de vampire, il faudra que je le revoie pour m’en assurer. Quant aux episodes de Two Fisted, ils sont vraiment anecdotiques. La seule attrait a été de retrouver Brad Pitt sous la direction du réalisateur de Chucky, dans un épisode moyen de course automobile.

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