CinémaDrame

L’Adieu aux armes – Frank Borzage

adieuauxarmes

A Farewell to arms. 1932

Origine : Etats-Unis
Genre : Drame
Réalisation : Frank Borzage
Avec : Gary Cooper, Helen Hayes, Adolphe Menjou, Mary Philips…

Vers la fin de la première guerre mondiale, le lieutenant Frederic Henry, un américain, est employé en temps qu’ambulancier dans l’armée italienne. Sa route croise celle de Catherine Barkley, une infirmière anglaise. Ils vont tomber amoureux l’un de l’autre et tenter de vivre leur passion malgré la guerre et malgré les opinions défavorables affichées par leurs amis respectifs pour cette romance.

                       

Première adaptation d’un livre de Hemingway publié en 1929, un chef d’oeuvre que Hollywood mit donc à peine trois ans à porter à l’écran pour un résultat en large partie désapprouvé par le grand Ernest. C’est que du roman original et de son style dur et plein d’émotions contenues, Frank Borzage, le réalisateur, ne retient que le côté mélodramatique. L’aspect guerrier passe ainsi à la trappe, ce qui il est vrai est fort dommageable pour un film censé évoquer un amour déséspéré né de la guerre, tout en véhiculant des idées anti-guerres. Bien sûr, il y a quelques scènes qui se réfèrent tout de même aux combats : des explosions, des incendies et des éclopés, mais plus ça va, plus Borzage se concentre sur ses personnages et oublie son contexte, pourtant crucial. On déplorera ainsi une fin franchement trop hollywoodienne, pleine d’émotion, guère satisfaisante pour les amateurs du livre de Hemingway. Elle aurait même pu être pire si l’auteur et la critique avec lui n’avait pas mis la pression sur le studio Paramount pour que la fin initiallement prévue soit remplacée par quelque chose qui, sur le fond, ressemble davantage à l’oeuvre de l’écrivain (même si la forme demeure extrêmement mélodramatique et à vrai dire typique de l’époque).

                       

Il est franchement dommage que de telles concessions au sentimentalisme aient été faites, car le film a malgré tout de beaux restes. L’histoire d’amour vécue par les deux personnages prend ainsi la forme d’une tragédie reposant sur le ras-le-bol de la guerre : tout deux brisés par le conflit, Frederic et Catherine ne cherchent plus qu’à s’en évader, eux qui dans l’âme ne sont pas belliqueux (ils travaillent d’ailleurs dans le domaine de la santé : lui est ambulancier, elle est infirmière). Mais ils doivent composer avec un environnement hostile à leur histoire, avec des amis qui ne comprennent pas les sentiments et qui sont immergés corps et bien dans la guerre au point de vouloir les séparer pour le bien de l’armée, qui doit passer avant les individus. L’ami de Frederic (un soldat italien) voit ainsi les femmes comme des aventures d’un soir et passe son temps à boire pour oublier la guerre, tandis que celle de Catherine (une autre infirmière) est une aigrie, probablement en manque d’attention. Ces deux personnages secondaires sont ainsi confinés dans leurs rôles professionnels, et ils ne peuvent ou ne veulent (par jalousie ?) comprendre la passion, allant jusqu’à trahir secrètement leurs amis pour se replonger dans la guerre, et certainement pour ne pas se retrouver seuls tandis leurs anciens camarades seraient partis roucouler. Un propos interessant, mais qui comme dit plus haut manque sérieusement d’appui sur la réalité concrète de la guerre, probablement pas assez glamour par rapport aux intentions du réalisateur. De plus, les différentes étapes du récit interviennent plutôt violemment, et on a quelque peu l’impression que Borzage et son scénariste ont tant bien que mal essayé de caser grossièrement les principaux évènements du livre d’Hemingway, choissant ainsi de mettre de côté la violence de l’époque (petit bémol ceci dit : la version que j’ai vu est une version tronquée à laquelle il manque une dizaine de minutes… méfiez vous donc de l’édition Aventi, trouvable à pas cher).
C’est donc avec une impression fort moyenne que je suis sorti de la vision de L’Adieu aux armes. Heureusement, la prestation de Gary Cooper parvient tout de même à maintenir l’intérêt du film (d’ailleurs Hemingway lui-même sympathisa avec l’acteur, jusqu’à imposer aux studios de l’engager dix ans plus tard dans le rôle principal de Pour qui sonne le glas), de même que la mise en scène de Borzage, qui à défaut d’avoir de bonnes idées scénaristiques sait en tout cas très bien manier une caméra (une scène d’hôpital évoquera même le futur chef d’oeuvre de Dalton Trumbo, Johnny s’en va-t-en guerre).

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