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Popeye – Robert Altman

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Popeye. 1980

Origine : Etats-Unis 
Genre : Comédie végétarienne 
Réalisation : Robert Altman 
Avec : Robin Williams, Shelley Duvall, Ray Walston, Paul L.Smith…

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A la recherche de son « poppa », un marin sans engagement du nom de Popeye débarque dans le village de Sweethaven. A peine le pied posé à terre, il n’y rencontre que défiance et regards de biais, la bourgade vivant sous la coupe du mystérieux Commodore et de son bras droit, le violent Brutus. Il trouve néanmoins refuge dans la pension de famille Oil, dont la fille Olive est justement promise à Brutus. Or l’improbable, en la personne d’un bébé abandonné, tend à rapprocher Olive et Popeye, ce qui ne va pas aller sans quelques complications.

Réputé pour le regard féroce et amusé qu’il porte sur la société et les mythes américains à travers des films aussi variés que M.A.S.H., Le Privé, Nashville ou encore Buffalo Bill et les Indiens, Robert Altman était bien la dernière personne qu’on aurait imaginé travailler pour les studios Disney. Et pourtant, l’improbable devient réalité à l’aube des années 80. Peut-être à force d’échecs financiers, ou tout simplement par l’opportunité qui lui est donné de se confronter à une figure de la culture populaire américaine, Robert Altman se lance dans l’aventure, nanti d’un budget confortable et d’un comédien alors débutant, mais déjà apprécié du public américain pour la série Mork et Mindy, Robin Williams. Une série considérée comme un spin-off de la non moins populaire Happy Days dans laquelle Mork, l’extraterrestre déjanté, était apparu pour la première fois.

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Sous l’œil de Robert Altman, Popeye se présente à la manière d’un western. Le fameux marin incarne cet étranger qui arrive dans une ville sous le joug d’un tyran et de son bras droit, et qui par ses actions va permettre à la population de se libérer. Sauf qu’ici, il n’y a rien de volontaire de la part de Popeye. Tout se fait à son insu. Il n’agit que sous le coup de l’émotion, sans jamais réfléchir à la portée de ses actes. Au fil du récit, il se révèle un être simple et sensible (il refuse de se battre contre un adversaire dont la mère est présente), pas bien malin mais loyal. Un enfant dans un corps d’adulte qui s’assume néanmoins tel qu’il est (« Ch’suis c’que ch’suis » chantera-t-il, à qui veut l’entendre). A ce titre, les épinards censés galvaniser ses forces le dégoûtent, comme pour la majorité des enfants. Il est déjà doté d’une force prodigieuse, et n’en ingurgitera qu’à la toute fin du film, sous l’injonction d’un paternel enfin retrouvé. Cette entorse à la légende du personnage, cultivée davantage par le dessin-animé que par le comic-strip dans lequel il les consommait de manière épisodique, accroît son côté enfantin. Suivant cette logique, sa romance avec Olive Oil, personnage que Shelley Duvall s’accapare avec une évidente délectation pour ce qui était alors sa septième et dernière collaboration avec Robert Altman, a tout de l’amourette bon enfant. L’intrigue leur apporte même un bébé sur un plateau pour que la question des rapports sexuels n’entre pas en ligne de compte. Quant à leur amour, qui se teinte de la reconnaissance d’une femme en détresse envers son sauveur, il se limite à un chaste baiser.
Loin de ruer dans les brancards, Robert Altman prend un malin plaisir à se fondre plus que de raison dans une gentillesse toute disneyenne. De ce village portuaire étouffant construit à même la roche (établi sur l’île de Malte, le décor perdure encore aujourd’hui, transformé en parc d’attractions), et où le moindre écart est sanctionné d’une amende par un percepteur zélé, il n’en tire que le décor figé d’une histoire sans aspérité. Premières victimes, les villageois, sacrifiés sur l’autel du burlesque. Les concernant, Altman renoue par moment avec l’humour physique d’un Buster Keaton ou de Laurel et Hardy, dans un foisonnement nuisible à son efficacité. Lors des scènes de groupe, les idées loufoques fusent tous azimuts, mais comme elles sont le plus souvent reléguées au second plan, elles pâtissent d’un timing comique défaillant. C’est que le film épouse le rythme pépère de son héros, dont la recherche du paternel, pourtant présentée comme la seule chose qui l’anime, se borne à un œil mouillé lorsqu’il contemple l’unique souvenir qu’il en a. Les quelques péripéties qui émaillent le récit (la colère de Brutus, le combat de boxe, le sauvetage du bébé, l’affrontement final) souffrent du même mal. Visuellement, Popeye s’avère une réussite, cultivant un métissage entre l’univers cartoonesque des origines jusqu’au moindre détail de son héros (la pipe toujours vissée au coin des lèvres, les avant-bras musculeux) et des décors majestueux mais d’une terne banalité. Paradoxalement, alors que le film a été tourné en extérieur, il donne l’impression pour les scènes se déroulant dans le village d’avoir été filmé en studio. Il émane du film un côté factice parfaitement assumé jusque dans les quelques créatures que croisent les personnages, du pélican automatisé à la pieuvre aux yeux immenses et lumineux. En revanche, Robert Altman ne parvient jamais à rendre sa mise en scène énergique, la faute à une approche trop terre-à-terre de son sujet qui empêche toute magie. Et en guise de pied-de-nez au studio qui l’emploie, il orchestre des numéros de comédie musicale aux chorégraphies minimalistes (pour ne pas dire absentes) portés par les voix dissonantes des comédiens eux-mêmes. Un calvaire auditif que le prestigieux concours d’Harry Nilsson (auteur –entre autres– du célèbre Everyboby’s talkin, signature musicale de Macadam Cowboy) n’atténue en rien.

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Loin d’être l’homme de la situation, Robert Altman n’a pas vraiment su s’approprier cette œuvre de commande, signant un film à des lieues de ce qu’il fait habituellement, plat et impersonnel. S’ouvrait alors à lui une décennie pour le moins douloureuse où son talent se perdra en films anecdotiques, jusqu’à la résurrection de The Player en 1992. Quant à ce Popeye, il demeure tout au plus une curiosité, l’acte de naissance reporté du talent polymorphe de Robin Williams.

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