Mutronics – Screaming Mad George & Steve Wan
The Guyver. 1991Origine : Etats-Unis / Japon
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Adapté d’une bande dessinée japonaise à succès, financé par des nippons, réalisé par un japonais et un tawainais, Mutronics est pourtant un film au style américain. Réalisé aux Etats-Unis, confié certes à deux asiatiques, mais à deux asiatiques expatriés, il témoigne peut-être d’une volonté de réussir à imposer un produit nippon dans une culture où les monstres et les super-héros ne souffrent que peu de concurrence.
Quoi qu’il en soit, l’histoire de Mutronics est tout de même bien tordue : des mutants cherchent à s’emparer d’un objet extra-terrestre appelé The Guyver, capable de donner à son possesseur une sorte de super armure biomécanique. Ces mutants travaillent pour une société factice travaillant à la prochaine étape de l’évolution de l’humaine : la création de monstres, dont les fameux mutants sont les derniers nés (succèdant ainsi aux monstres plus anciens, du type lycanthropes ou vampires). Il est également bon de préciser qu’à l’origine de l’humanité, il y a des extra-terrestres qui ont créé les humains pour en faire des machines de guerre. Evidemment, quelques personnes se dresseront face à ces vilains : un jeune raté détenteur et utilisateur inconscient du Guyver, sa copine chinoise, et un flic esseulé.
Une mythologie assez complexe, retranscrite à l’écran de façon pas forcément très habile, avec beaucoup de choses mentionnées sans jamais être exploitées comme il se doit. Les dialogues servent alors de fourre-tout scénaristique, et cette histoire d’extra-terrestres et de société commerciale de façade prend alors des allures guignolesques venant ponctuer chaque combats… Eux aussi assez fantasques. Car l’objectif numéro un des réalisateurs n’est absolument pas de construire un univers cohérent, mais de bâtir un film avant tout visuel. Ce n’est pas pour rien que Screaming Mad George et Steve Wang furent engagés : spécialistes en effets spéciaux, ils ont tous deux oeuvrés pour Predator, pour un Freddy (Le Cauchemar de Freddy pour le premier, L’Enfant du Cauchemar pour le second) et pour le studio Empire de Charles Band. C’est d’ailleurs certainement à cette occasion que Mad George rencontra Brian Yuzna, qui l’engagea pour concevoir les créatures de Re-Animator II, et qui fait ici office de producteur… Mutronics était donc bien destiné à mettre en avant les combats entre les méchants mutants et le gentil héros guyverisé. A ce titre, en effet, les monstres sont filmés sous toutes les coutures, et se révèlent plutôt réussis, même si on n’échappe pas certaines fois à quelques plis douteux dans les costumes. Les combats en eux-même sont très éloignés des chorégraphies asiatiques et ressemblent davantage à du catch qu’à autre chose. D’autant plus que les combattants eux-mêmes affichent des personnalités dignes de n’importe quelle star de la World Wrestling Federation : ça se chambre, ça prend la pose, ça affiche pas mal de prétentions… Le summum étant atteint avec un mutant rappeur, sorte de sidekick blagueur qui chante ses dialogues dans un rap primaire desespérant… Alors bon, tout ça empiète tout de même allégrement sur les traces des Tortues Ninjas, qui cartonnaient sur les écrans à l’époque du film… Ca vaut ce que ça vaut, mais enfin, ça a le mérite de ne pas se prendre au sérieux.
Par contre, une chose qui cette fois laissera moins perplexe, c’est le casting. Assez brillant, avec un Mark Hamill qui ne cherche même plus à courir après sa gloire passée, avec un Michael Berryman en chef des mutants (du moins lorsque ceux-ci ont apparence humaine… pas bien souvent) qui fait des grimaces détonnantes avec son visage déjà assez spécial, et avec quelques caméos : Linnea Quigley, célèbre scream-queen qui reste trente secondes à l’écran le temps de…crier. David Gale, qui incarne le chef des méchants, tout aussi machiavélique et libidineux que le Dr. Hill qu’il incarnait dans les deux premiers Re-Animator. Et enfin, autre acteur probablement ramené par Brian Yuzna, Jeffrey Combs, qui lui interprète carrément le Dr. East (rappelons aux ignares qu’il incarnait le Dr. West dans les Re-Animator). Tout ce petit monde joue son rôle bien comme il faut, sans complexe, voire en roue libre. A l’image du film, qui affiche une bonne dose d’enthousiasme, mais qui en fait parfois trop. Moyen.