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Les Dents de la mer 2 – Jeannot Szwarc

dentsdelamer2

Jaws 2. 1978

Origine : Etats-Unis
Genre : Bebête
Réalisation : Jeannot Szwarc
Avec : Roy Scheider, Lorraine Gary, Murray Hamilton, Joseph Mascolo…

Des morts et des disparitions sont de nouveau à signaler dans la station balnéaire d’Amity. Le shériff Brody, fort de son expérience, en est convaincu : un nouveau requin blanc s’est invité pour l’été ! Las, le maire et le conseil municipal n’en croient rien, et se sentent un peu ennuyés par Brody, qui fait peur à tout le monde, avec ses histoires de squale bouffeur d’homme. Et pourtant, c’est lui qui a raison…

Les Dents de la mer premier du nom avait suscité une vague de films aquatiques avec des bestiaux carnassiers en tout genre. Alors tant qu’à faire, pourquoi ne pas continuer à exploiter la célébrité du nom Jaws, en le prolongeant d’une séquelle ? Tel fut le raisonnement de la Universal, qui par ailleurs ne devait pas avoir en tête le problème franco-français d’un titre comme Les Dents de la mer 2. Pour mettre toutes les chances de leur côté et pour ne pas dépayser les futurs spectateurs, ils demandèrent aux scénaristes, au réalisateur et aux acteurs de reprendre du service. Les scénaristes Carl Gottlieb et Howard Sackler répondirent présents, tout comme les acteurs Roy Scheider (Brody), Lorraine Gary (la femme de Brody) et Murray Hamilton (le maire). Mais en revanche, le réalisateur Steven Spielberg et l’acteur Richard Dreyfuss (spécialiste des requins dans le premier film) préférèrent logiquement se concentrer sur leurs Rencontres du troisième type. Tant pis ! Brody se démerdera cette fois tout seul, et le français exilé Jeannot Szwarc mettra en scène ses aventures.

Et on ne peut pas dire que celles-ci diffèrent grandement de celles du film de Spielberg. Ca commence toujours par des signes précurseurs, ça continue ensuite par les difficultés rencontrées par Brody avec ses patrons, puis après un évènement ne laissant pas de place au doute, ça se termine par un climax en pleine mer, avec Brody contre le requin. Szwarc, comme n’importe quel plagieur du premier Dents de la mer, a retenu la leçon de Spielberg et se fait grand amateur de visions subjectives aquatiques représentant le requin en train de s’approcher de paires de gambettes qui, inconscientes du danger, s’agitent frénétiquement dans l’eau. Et puisqu’il dispose des services de John Williams et qu’il travaille sur une suite officielle, il dipose du fameux thème musical qui a contribué à la réputation de son prédécesseur. Mais si la construction du film est très proche de celle du film de Spielberg, il en va tout autrement de sa pertinence. Ici, nous sommes clairement dans une optique du “toujours plus”, assez rédhibitoire quand il s’agit de réalisme. Les méfaits du requin blanc sont plus nombreux et se veulent plus impressionants, à défaut de susciter autant de tension que trois ans plus tôt. Un orque à la gueule arrachée, un hélicoptère noyé par la bête, de nombreux vacanciers agressés ou boulottés et même la gueule du requin partiellement brulée au début du film, pour un look encore plus “terrifiant”. La découverte ne joue plus, et dans un sens, Jeannot Szwarc ne pouvait pas faire autrement que de jouer la surenchère, tout en sachant qu’il dirige une oeuvre de gros studio, et qu’il ne peut donc pas non plus aller trop loin. Il se retrouve donc coincé. Et, pour se rapprocher de l’oeuvre de base, il nous ressort une nouvelle fois l’antagonisme d’intérêts entre Brody et le maire, le premier cherchant la sécurité des baigneurs, le second les bénéfices des investisseurs (dérive capitaliste !). Le déjà-vu est ici flagrant, et le réalisateur a beau développer un peu les relations familiales entre Brody et sa famille, tout ceci n’est qu’une perte de temps, et il aurait peut-être été préférable de jouer le jeu jusqu’au bout en transformant le film en une sorte de slasher marin, un peu comme le fera plus tard l’italien Enzo Castellari dans La Mort au large. Un film certes assez débile, mais qui a le mérite de réduire tout bavardage intempestif à une portion congrue.

Les Dents de la mer 2, lui, tout en augmentant la présence ou les méfaits du requin à l’écran, demeure trop bridé par son modèle. Lorsqu’il a enfin l’occasion de se lâcher, vers la fin, c’est pour envoyer à la dérive une nuée de jeunes imbéciles précurseurs de la génération 80 (coupes de cheveux inclues) dont les voiliers sont une bien piètre défense contre le gros requin blanc. Brody ira donc à leur rescousse. Loin de soutenir la comparaison avec la chasse en mer de Brody, Hooper et Quint dans le premier film, ce climax continue à banaliser le requin et surtout élude complètement la lutte menée pour le détruire. C’est bien simple : il n’y a pas de lutte : juste des victimes passives et hurlantes (dont une hystérique insupportable) qui attendent que Brody arrive pour buter la gloutonne bestiole en deux minutes. Devant le peu d’intérêt que présentent ces personnages (prenez le casting d’un Vendredi 13 quelconque et vous avez le même résultat), et malgré que les gosses de Brody soient parmis eux, il est bien difficile d’obtenir un quelconque intérêt autre que celui du spectaculaire tout public. Les Dents de la mer 2, à part son titre en français, n’a rien de honteux, mais entre l’impossibilité de reproduire le premier film à l’identique, entre les reprises malgré tout imposées des recettes de base, entre la limitation du côté sanguinolent, et entre la dérive typique aux séquelles de vouloir toujours taper plus fort que le premier film, Szwarc ne pouvait qu’une seule chose : limiter la casse. Il y parvient de temps en temps avec quelques scènes plutôt bien pensées (l’attaque d’une skieuse nautique, l’introduction près de l’épave de l’Orca, navire utilisé dans le premier film…). Mais ce n’est pas assez pour faire un bon film.

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