CinémaWestern

Le Dollar troué – Giorgio Ferroni

dollartroue

Un dollaro bucato. 1965

Origine : Italie / France 
Genre : Western 
Réalisation : Giorgio Ferroni 
Avec : Giuliano Gemma, Ida Galli, Pierre Cressoy, Giuseppa Addobbati…

A la fin de la guerre de Sécession, Gary O’Hara et son frère sont relâchés par l’armée nordiste et, comme tous les ex-soldats sudistes, se voient accordés “l’honneur des armes”, c’est à dire le droit de porter une arme. En l’occurrence ici des revolvers inutilisables, aux canons sciés. De retour dans la vie civile, les deux frères se séparent, Gary retournant auprès de sa femme, tandis que son frère tente sa chance dans l’ouest. Gary le rejoindra très bientôt, mais causera indirectement sa mort après s’être fait avoir en négociant un boulot auprès du magna local. A l’occasion, Gary passera aussi pour mort, car s’étant fait tiré dessus. Mais la présence d’un dollar d’argent bien placé lui aura sauvé la vie, et va lui permettre d’enquêter sur les choses louches qui se passent dans le coin et dans lesquelles sont frère fut mêlé.

Film datant du milieu des années 60, et faisant donc parti des premiers westerns spaghettis, Le Dollar Troué est signé Giorgio Ferroni, un vétéran tout droit sorti des belles heures du péplum italien (on lui doit notamment Hercule contre Moloch, avec Gordon Scott). Le film, sans être désagréable, emprunte encore beaucoup aux westerns classiques américains, avec notamment un héros au cœur pur, un romantique prêt à défendre des villageois sous le joug de McCoy, un grand propriétaire plein aux as, et ce pour la beauté du geste. Mais aussi de la vengeance, car n’oublions pas que ce McCoy est aussi par ses mensonges responsable de l’implication de Gary dans le meurtre de son propre frère… Quoi qu’il en soit, ce western reste tout de même plus empreint de traditions que d’innovations. Même si cette histoire de tyran régissant un village n’est pas des plus originales, elle est en tout cas ici extrêmement bien écrite, et nombreux seront les rebondissements, les révélations et les manipulations de l’intrigue. Tout ça ne sera pas gratuit, et permettra au réalisateur (qui occupa également le poste de scénariste) de nous dévoiler toutes les coulisses très bien huilées de ce village corrompu.

Tout s’enchaîne logiquement, et en aucun cas l’ensemble ne pourra sembler tiré par les cheveux. Le héros, interprété par un Giuliano Gemma qui commençait ici sa grande carrière dans le western spaghetti, sera le témoin actif de toutes ces machinations et son infiltration parmi les hommes de McCoy permettra au film de prendre des allures de faux film d’espionnage. Un bon point de vue pour un film qui prétend avant tout s’intéresser à la corruption. Celle-ci ne s’arrête d’ailleurs pas aux magouilles financières et aux meurtres déguisés, et s’étend également jusqu’aux mentalités foncièrement anti-sudistes des anciens vainqueurs de la guerre de sécession, les nordistes, censés avoir défendu une cause humaniste tout en étant eux mêmes parfois plus sadiques que leurs ennemis (le faux “honneur des armes”, par exemple, encore plus condamnable que les remarques racistes de tous les jours, puisque perpétrés par les chefs de l’armée nordiste). Gary McCoy combattra avant tout en retournant la situation à son avantage, parfois en faisant parler la poudre, mais souvent en utilisant son intelligence. On est assez loin des westerns cyniques et violents qui feront la renommée du western spaghetti, et on pourra d’ailleurs reprocher une certaine frilosité à la mise en scène de Ferroni, plutôt statique, mais il restera tout de même quelques belles scènes armées à se mettre sous les yeux, à l’image de cette scène du début, où les frères O’Hara doivent prouver leur habileté arme au poing.
Bref Le Dollar Troué est un bon petit film, certes guère original, mais pourtant assez solide.

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