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Le Dernier métro – François Truffaut

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Le Dernier métro. 1980

Origine : France 
Genre : Drame 
Réalisation : François Truffaut 
Avec : Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Heinz Bennent, Jean Poiret…

En 1942, pendant l’occupation allemande, Marion Steiner (Deneuve) dirige le théâtre Montmartre, dont s’occupait auparavant son mari juif, Lucas (Bennent). Tout le monde croit ce dernier en exil, alors qu’en réalité, il se cache dans la cave du théâtre, où Marion s’occupe de lui une fois le théâtre vide. Pourtant, la vie continue et une nouvelle pièce, La Disparue, s’apprête à être jouée au Montmartre. L’acteur principal en sera Bernard Granger (Depardieu).

Le film s’attarde donc en premier lieu sur la vie du théâtre pendant l’occupation nazie. Une vision de l’occupation intéressante, qui va au-delà de l’aspect culturel. C’est là que l’on se rend compte que la vie de cette époque (sans doute la plus trouble du 20ème siècle, en ce qui concerne la France) était en permanence sous le joug des nazis, dont le despotisme était présent à tous les niveaux. La moindre erreur de la part de Marion pouvait conduire à la perquisition de son théâtre et surtout à l’arrestation de son mari, sans compter sa propre arrestation. La réalisation de Truffaut, impeccable (récompensée par un César, un parmi les 10 que remporta le film), installe ainsi un climat de doute voire de terreur permanente. Le théâtre, du moins sa partie visible, est le seul endroit un tant soit peu chaleureux. Du moins en façade, car le propre d’un théâtre est de posséder des décors ainsi qu’une lumière différente du monde au sein duquel il se situe. Dans sa cave, là où vit Lucas, la misère règne, chose que ne parvient à cacher le modeste arrangement de la pièce. A l’extérieur, les allemands sont partout, vérifient tout. Seul l’évasion que procure le théâtre contraste avec cette oppression permanente. Mais encore une fois, les personnages ne sont pas détachés de la réalité et sont perpétuellement menacés. Marion et Lucas naturellement, mais aussi Bernard, qui vit très mal l’occupation, et même les membres de la compagnie, tantôt des lesbiennes dissimulées, tantôt un metteur en scène sous pression, jusqu’au concierge, croulant sous les responsabilités inhérentes au théâtre et à l’occupation. Cette dernière n’est donc pas la seule source d’oppression : la société entière est vue comme une institution gangrénée par les préjugés. Certains utilisent l’occupation pour se révéler (le critique Daxiat, qui utilise l’antisémitisme pour se faire bien voir), quand d’autres sont ses victimes.

D’autre part le théâtre est aussi un lieu décrit comme tout un ensemble d’intrigues de coulisses rivalisant parfois avec l’intrigue de la pièce qui est joué. Ainsi, Marion tombera petit à petit amoureuse de Bernard, peut-être à cause de son rôle dans la pièce de théâtre. Ainsi, les critiques de Daxiat, qui voit dans la pièce une chose creuse sans rapport avec la réalité, vont ainsi être totalement à côté de la plaque, obsédé qu’il est par la société qu’il prône. Au-delà, même lui, le collaborateur, tombera amoureux de Marion, qui le repoussera, malgré toutes ses gentillesses (notamment à l’encontre de Lucas, qu’il dit apprécier malgré le fait qu’il soit juif, ce qui ne l’empêche pas de demander à Marion de divorcer). Bref, dans la réalité, comme dans la pièce, c’est tout un ensemble d’intrigues amoureuses qui ont lieu. Ainsi, la création artistique est véritablement vue comme étant un miroir de la réalité. D’autant plus que ce théâtre, comme les gens réels, est soumis à la censure, et certaines choses ne doivent pas être dites… Le titre du film, Le Dernier métro, renvoie au dernier métro parisien de la journée, là où les gens parlent, là où l’espoir est entretenu. Après lui, plus rien, il convient de se débrouiller seul, en cachette. Le reflet de tout le film, finalement, là où tout est une question d’apparences, de conformisme à respecter. Sans pour autant être dupe de la difficulté de l’époque, et des sentiments. Lucas, bien que cloîtré, sera paradoxalement le seul à pouvoir être naturel en permanence. Son emprisonnement est le prix à payer pour cette liberté… A partir de là, on peut se demander si les autres, ceux qui sont “libres”, ne sont pas autant à plaindre que lui. Marion quand à elle connait les deux mondes, les difficultés de chacun. C’est un personnage torturé, qui doit faire face à la fois au secret de son mari, à son secret amour pour Bernard (qu’elle ne peut laisser transparaître), à ses activités mondaines inhérentes à sa profession, ainsi qu’au business qu’elle doit diriger. A partir de là, l’interprétation de la très belle Catherine Deneuve, comme à son habitude tout en froideur, prend tout son sens.
Bref un film très riche, dont on pourrait longuement parler. Un grand film.

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