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L’Attaque des commandos – Ernest Morris

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Tarnished Heroes. 1961

Origine : Royaume-Uni 
Genre : Guerre 
Réalisation : Ernest Morris 
Avec : Dermot Walsh, Sheila Whittingham, Maurice Kaufmann, Anton Rodgers…

En France, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le Commandant britannique Roy Bell (Dermot Walsh) presse son Colonel de le laisser aller faire exploser un pont au-delà des lignes ennemies, dans le but d’éviter le ravitaillement allemand précédent l’imminente offensive alliée. Le Colonel accepte, mais se montre catégorique : il refuse de laisser des hommes au Commandant. Celui-ci se replie alors sur les rebuts de l’armée : un petit groupe de soldats sous arrêts. Des déserteurs, des insoumis, des violents et même un alcoolique.

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L’Attaque des commandos pourrait être une repompe des Douze Salopards que cela ne surprendrait personne. A ceci près que le modeste film du non moins modeste Ernest Morris (spécialisé dans les minuscules productions indépendantes) intervient six ans avant le film de Robert Aldrich, et quatre ans avant le roman sur lequel ce dernier se base. En revanche, il est possible que L’Attaque des commandos ait été motivé par la réussite des Sept Mercenaires sorti l’année précédente, tant le concept semble proche : recruter des hommes individualistes pour une mission difficile destinée au bien commun. Quoi qu’il en soit, Ernest Morris réalise un bon petit film, très court (une heure quinze) et très dense. L’évocation de la mission et le recrutement des salopards prennent très peu de temps, laissant toute la latitude nécessaire au réalisateur pour envoyer ses personnages au-delà des lignes allemandes. L’autorité du Commandant Bell est telle que les hommes ne bronchent pas, se contentant ici de faire mine de déserter, là de quémander de l’alcool… A l’exception d’un seul et unique gars, un certain Tom Mason (Maurice Kaufmann), qui au contraire se voit affublé de toutes les tares. Manquant de respect à son supérieur au point de préparer un meurtre en douce, égoïste, cynique, quelque peu violeur, il est le seul personnage à véritablement exploiter un concept “douze salopards”. Les autres ne sont pas pour autant dépourvus d’utilité : Morris se montre plutôt antimilitariste, et réhabilite ainsi ces personnages en montrant leur bravoure, en excusant leur précédente désertion (dû au ras-le-bol de voir des hommes mourir) et somme toute en faisant ressortir leurs côtés profondément humains. Des bons côtés que le Commandant Bell aura réussit à faire renaître, ne s’accordant que des désavantages par rapport à ces hommes que la traditionnelle machinerie militaire et ses ordres ridicules a brisé. Commando suicide, d’accord, mais aucunement chair à canon ! Le réalisateur ne s’intéresse d’ailleurs que peu à l’action pétaradante. Ce luxe n’étant de toute façon pas permis par son budget, il utilise parfois quelques documents d’archives mais se contente la plupart du temps d’utiliser des bruitages plutôt que des images, ses soldats s’affairant sans que le spectateur ne puisse clairement apercevoir l’ennemi (au climax du film le nombre total d’allemands à l’écran atteindra à peine le six). Pour autant, Morris utilise bien comme il faut la carte du suspense, jouant sur les habituelles attentes des missions secrètes : y a t-il des soldats ennemis derrière la colline ? Le convoi va-t-il apparaître au moment où on traverse la route ? Risque-t-on de se faire voir en traversant le terrain vague nous séparant de l’abri ? Ce genre de question est très fréquent et leurs réponses réservent quelques surprises, permettant ainsi de faire défiler très vite cette heure et quart de métrage. Toute la seconde partie du film se déroule à l’intérieur d’une église, dans laquelle les homme de Bell sont réfugiés, en compagnie d’une civile et de son oncle gangréné de la jambe. Un quasi huis clos assurant d’autant plus le suspense qu’à ce stade du film, le rebelle Mason sera devenu incontrôlable. La présence d’une civile, et d’autant plus qu’il s’agit d’une jeune femme, permettra à Morris de travailler son côté antimilitariste lors des moments de répit, chacun apprenant à se connaître et à se respecter, voire à s’aimer en ce qui concerne la jeune femme. Les reprises des hostilités n’en apparaîtront d’autant plus violentes, et le réalisateur d’en être d’autant plus antimilitariste. L’héroïsme de ses hommes réside davantage dans leur humanisme que dans leur bravoure militaire. Mais, ultime engagement du réalisateur, cet humanisme ne paiera pas forcément. Les gentils ne sont décidément pas faits pour la guerre.

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Bien entendu, il n’y a rien de révolutionnaire dans L’Attaque des Commandos. Mais compte tenu du budget, Ernest Morris s’en sort plus qu’honorablement, avec son propos pacifiste développé au détour d’un suspense quasi permanent.

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