CinémaHorreur

Fragile – Jaume Balaguero

fragile

Frágiles. 2005

Origine : Espagne 
Genre : Fantastique 
Réalisation : Jaume Balagueró 
Avec : Calista Flockhart, Richard Roxburgh, Elena Anaya, Gemma Jones…

Bardé de prix à Gérardmer, Fragile continue dans la voie standard du cinéma hispanophone que jusqu’ici j’appréciais pas mal. Mais il faut bien admettre qu’à l’image de ce qui se fait en Asie en terme de cinéma fantastique (qui d’ailleurs possède plusieurs points communs avec les productions espagnoles), ça commence à tourner en rond sévère. Balaguero, après La Secte sans nom (moui) et Darkness (moué) rempile pour un film à la fois proche de ses propres films, mais aussi de L’Echine du diable de Del Toro, des Autres de Amenabar, voire même du français et mauvais Saint-Ange de Laugier. L’histoire est celle d’une infirmière (Calista Flockhart, très mollassone) qui débarque dans un hôpital pour enfants en instance de fermeture et qui semble abriter le fantôme d’une enfant décédée il y a longtemps et qui s’amuse à taquiner la nouvelle génération de mini-patients en leur brisant les os (voire les couilles, diront les mauvaises langues). On ne peut plus classique, donc, et malheureusement, rien ne viendra sauver ce film d’un classicisme plutôt rebarbatif. Les clichés sont légion : déjà la portée sociale, qui fait du film autant un drame qu’un film fantastique. L’infirmière, sortant déjà elle-même d’un drame personnel et professionel, va sympathiser avec une des jeunes patientes, principale souffre douleur du fantôme. Elle sera la seule qui va la comprendre et qui va l’écouter, nonobstant des collègues qui ne veulent pas croire, etc etc… De la compassion de bon aloi pas folichonne. Bien sûr, comme toujours, cette même infirmière va enquêter personnellement sur le passé de la gamine qui hante les lieux et qui contribue à pourrir l’atmosphère des lieux. Toujours pas franchement passionant du fait du côté rabâché de la chose.

Le côté fantastique est également présent, via quelques manifestations typiques : bruits violents pendant la nuit, jeux pour enfants qui se mettent à partir en sucette et à transmettre des messages véhéments, néons qui clignotent, ombre furtives… Ainsi qu’une partie inaccessible de l’hôpital, d’où semble venir tout ce bordel, mais que personne n’a eu l’idée de débarasser depuis son abandon il y a 50 ans… A ce niveau de clichés, on n’est plus à ça près, et Balaguero emploie de temps à autres des plans empruntés au Shining de Kubrick, à savoir des travellings avant (ou des plans fixes) dans des couloirs susceptibles d’offrir une profondeur de champ intéressante. Tout cela pour aboutir à une conclusion assez grotesque, avec un rebondissement de l’intrigue dont on se fout pas mal suivi d’un dénouement qui, permettez moi de le dire, est assez neuneu. Pour ce qui est du fantôme en lui-même, j’ai pu lire ici et là qu’il était réussi, et bien non, je ne trouve pas. On dirait Iggy Pop avec un lifting à la Brazil. Quant au côté “mechanical girl”, mouais, bof, admettons… J’aimerais aussi faire un peu de mauvaise foi, en parlant des dialogues. Ceux du début du film valent leur pesant de caca chouette. Ainsi, en arrivant dans la salle de jeu des gamins (de grands malades, rappelons-le), l’infirmière, ne sachant pas quoi dire, nous lance un “Ca va ?!” du plus grand effet. Ou encore, ce “Mais qui est Charlotte ?” auquel un autre personnage, très inspiré, répondra “Une fille”.
Du coup, je suis très loin d’être enthousiaste pour ce Fragile qui est plombé par ses éléments sans grand relief. Ce n’est pas totalement nul, il faut admettre que c’est souvent assez beau et que le genre reste foncièrement plaisant. Mais bon, l’histoire étant vraiment très bateau, tout ceci n’inspire qu’un bâillement poli.

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