Cyclone Catégorie 7 : Tempête mondiale – Dick Lowry
Category 7: The End of the World. 2005Origine : Land of the free and the home of the brave
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Paris brisé, et cette fois pour de bon ! Tel est le résultat du passage d’une redoutable tempête semblable a celle qui de Las Vegas à Chicago a ravagé tout le centre des États-Unis. Et ce n’est pas fini, d’autres continuent à s’abattre un peu partout sur le globe. Tenez, regardez les pyramides d’Égypte : elles sont en miettes ! C’est pour gérer cette situation de crise inédite que les autorités américaines nomment Judith Carr à la tête de la FEMA, principal organisme traitant du climat. Cette mère de famille célibataire, fille d’un sénateur siégeant dans l’opposition, va bien vite découvrir qu’on lui demande beaucoup sans pour autant lui en donner les moyens… Il n’y a qu’à voir la levée de boucliers lorsqu’elle met en cause les grosses industries sur la foi d’un rapport rédigé par Ross Duffy, seul scientifique a avoir prévu le cataclysme parisien et qui a été écarté comme de juste des réseaux d’influence. En faisant le forcing et en passant outre ses propres réticences (Ross était son petit ami du temps de l’université), Judith va malgré tout convaincre le ministère de laisser Duffy lui prêter main forte. Mais la marge de manœuvre est étroite, d’autant qu’à l’heure qu’il est, personne ne sait rien de la façon dont ces tempêtes se forment…
En guise de préambule et pour éviter la mésaventure qui guette le spectateur du DVD intitulé La Fin du monde (édité en 2006 par M6 Vidéo), précisons que si le film semble démarrer de manière un peu raide, avec l’annonce de la destruction d’une bonne partie des États-Unis et le branle-bas de combat déjà décrété, il y a une bonne raison à cela. C’est que La Fin du monde est la suite du Choc du tempêtes, autre DVD de M6. Tous deux forment une mini-série composée de ce qui se nomme en réalité Cyclone, catégorie 6 : Le Choc des tempêtes et Cyclone Catégorie 7 : Tempête mondiale, chacun subdivisé en deux parties diffusées sur CBS en 2004 et 2005. A part pour un d’entre eux (“Tornado Tommy” joué par Randy Quaid), les personnages sont cela dit différents, ce qui s’explique par le fait que Catégorie 7 n’est née que du succès d’audience de Catégorie 6, et que les producteurs ont vraisemblablement préféré ne pas s’aliéner le public qui n’aurait pas vu le premier volet. D’où le changement de personnel devant la caméra, plus facile à introduire, alors qu’ils pouvaient difficilement faire l’impasse sur les évènements du premier film sans abandonner l’idée de faire une seule et même mini-série. Par contre, derrière la caméra, le réalisateur Dick Lowry reste fidèle au poste. Après avoir été l’assistant de Joe Dante sur Piranhas, il s’est résigné à la réalisation de téléfilms anonymes dictés par l’ère du temps… A la fin des années 90 et au début des années 2000, avec les Twister, Armageddon ou autres Jour d’après, la mode était à la catastrophe d’ampleur, souvent sous la forme d’une dénonciation écologiste avec petit relent de démagogie envers l’américain moyen, toujours amené à s’identifier à des personnages au grand cœur luttant contre des élites corrompues. Cyclone catégorie 6 et 7 ne fait pas autre chose…
En un sens, non seulement le fait de s’être fait berner par une “flying jaquette” ne porte pas préjudice à la compréhension de l’histoire, mais en plus cela a le mérite de nous mettre tout de suite le pied à l’étrier concernant les fameuses tempêtes. Celles de catégories 6 sur l’échelle de Saffir-Simpson (comptant en principe 5 échelons), qui devaient à l’évidence être le point d’orgue du Choc des tempêtes sont ici devenues monnaie courante, le cyclone vedette étant comme le titre l’indique un catégorie 7 à naître de la réunion de deux cyclones de type 6 vers la fin du film. Encore que cela ne fasse pas grande différence, puisqu’à ce stade les dégâts peuvent difficilement être pires. Non que Dick Lowry ait disposé du même budget que Michael Bay ou Roland Emmerich pour leurs blockbusters, mais il parvient malgré tout à ménager quelques effets pas trop mal ficelés, cédant parfois à la facilité (la destruction de lieux iconiques) et parfois victimes d’effets numériques au rabais, mais malgré tout dosés comme il se doit, ni trop envahissants ni trop rares, et surtout régulièrement renouvelés : un coup en milieu rural, un coup en milieu urbain, un coup dans les airs au cœur de la tempête, un coup c’est un tsunami, tout cela avec une variété appréciable de présentations : prise de vue standard, reportage télé, filmage amateur… Si en règle générale la mise en scène trahit son époque avec un abus de zooms, dézooms et autres ralentis plébiscités entre autres dans 24 heures chrono, cela peut se justifier comme pour cette dernière par l’urgence des situations rencontrées, donc pour les véritables “scènes-catastrophe”. Par contre, c’est un peu plus problématique lorsque cette façon de faire gagne les scènes “de parlotte”, dynamisées sans raison au point d’en devenir parfois grotesques (par exemple lors de la toute première scène, qui avec ses zooms et dézooms à outrance sur la trombine des personnages ne manque pas d’inquiéter). Mais enfin, avouons-le : pour le gros du sujet, c’est à dire l’action, Dick Lowry ne fait pas du mauvais travail. Rien d’époustouflant, mais malgré tout plaisant. Attribuons-lui donc un satisfecit. Il le mérite d’autant qu’il trouve le moyen d’envoyer des personnages dans le seul but de nourrir l’action (moyennant une certaine crétinerie il est vrai) : il s’agit d’une part du tandem Randy Quaid / Shannon Doherty, censés analyser les données des tempêtes au sol, et d’autre part de Tom Skerritt, as de l’aviation supposé faire de même dans les airs. Le pseudo argument scientifique de leurs missions est fumeux, puisque personne ne retire pratiquement rien de ce qu’ils récoltent (le “eureka” du principal scientifique arrive lorsqu’il regarde une bouilloire…), mais en tout cas avec leurs expérimentations ils apportent leur lot de scènes d’action bienvenues.
Maintenant, qui dit mini-série dit aussi multitude de personnages pour lesquels le spectateur est censé se prendre d’affection, et qui par conséquent ont, en plus des tracas climatiques, quelques tracas personnels qui doivent contribuer à les sortir du simple statut de spécialistes. C’est un passage obligé, et c’est le principal écueil dans lequel tombent -ou se vautrent allégrement- bon nombre de films-catastrophe. Surprise ! Une fois encore, sans pour autant sortir des clous, Dick Lowry se montre adroit : pendant quelque temps il a l’air d’avoir conscience que le cadre professionnel est bien plus intéressant que le cadre privé de ses personnages, et met celui-ci en sourdine. Mais hélas, cette bonne résolution ne tient guère sur la longueur, et les relations entre personnes en viennent petit à petit à prendre le dessus jusqu’à “triompher” dans un final qui a la prodigieuse idée de substituer au point d’orgue tant attendu -le cyclone catégorie 7- le débile enlèvement de la progéniture des huiles locales, héros y compris, par trois glandus encagoulés qui ne se laissent pas impressionner par les prévisions météo (“un peu de vent“, dit l’un d’entre eux, qui finira plus tard aspiré dehors en ouvrant la porte) mais qui n’ont pas pensé à condamner la grosse bouche d’aération de leur prison improvisée. Bravo, messieurs ! D’une débilité achevée, voulant à tout prix se faire passer pour 24 heures chrono, cette longue prise d’otages qui n’était au début que l’une des diverses sous-intrigues finit par les réunir toutes, ainsi que les principaux personnages qui en plus de sauver le monde vont également sauver les enfants, dont les moins malins ne sont d’ailleurs pas les leurs. Il faut dire que ces personnages ne sont pas n’importe qui, puisque tous ceux qui ont un grand rôle à jouer dans le film sont issus d’un même microcosme dont le cœur se trouve être Judith Carr, interprétée par Gina Gershon. Alors allons-y : son ex est donc le génial scientifique Ross Duffy, qui l’a naguère quittée pour se mettre en couple avec la colocataire de Judith, laquelle lui a donné une fille qui se trouve être la petite amie du fils de Judith ! Judith dont le père est un élu d’opposition dont les moyens d’action sont donc bien moindres que ceux des autorités au pouvoir (téléfilm oblige, ce n’est pas le président mais un simple ministre), désespérément attachés aux intérêts industriels. Pour faire bonne mesure, au nombre de ces antagonistes s’ajoute également un couple de vieux évangélistes (dont James Brolin) secondés par un assistant (Nicholas Rea, pas trop loin du conspirateur qu’il fut dans X-Files) prêt à provoquer lui-même des catastrophes pour pousser la populace à adopter la Bible. Les politicards sont caricaturaux, les évangélistes superflus et les héros résistent tant bien que mal à l’adversité, qui peut aussi prendre la forme de la presse (les rumeurs des relations entre Judith et Ross, qui fait beaucoup de mal à leurs enfants et à Madame Duffy). Au mieux tout ceci est stérile et au pire totalement idiot. Le soucis est qu’au delà d’un certain point, qui correspond également au progressif recentrage de l’intrigue sur ses personnages, le pire est bien souvent atteint. Sans compter que faire reposer toute l’histoire sur un petit clan familial ne contribue pas à à donner de l’ampleur à la crise climatique mais à la réduire à une poignée de concernés. Cyclone Catégorie 7 : Tempête mondiale aurait pu être pas mal, mais il finit par tomber dans la médiocrité… La faute en incombe avant tout à sa trop longue durée, qui le pousse à faire n’importe quoi avec ses personnages. Budgétairement, il aurait été difficile de se permettre encore davantage d’effets spéciaux, alors Lowry semble en avoir été réduit à racoler la ménagère à grands coups d’émotions factices.