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Charlie et la chocolaterie – Mel Stuart

charliechoco

Willy Wonka and the Chocolate Factory. 1971

Origine : Etats-Unis
Genre : Comédie musicale fantastique
Réalisation : Mel Stuart
Avec : Gene Wilder, Jack Albertson, Peter Ostrum, Roy Kinnear…

Bien avant le film de Tim Burton, le livre de Roald Dahl (1964) avait déjà été adapté à l’écran sous la forme de cette comédie musicale avec Gene Wilder, financée d’ailleurs en partie par Quakers Oaks, marque américaine de confiserie. A l’origine, le scénario fut confié aux bons soins de Roald Dahl, mais le travail de celui-ci, jugé médiocre, fut réécrit par la suite, provoquant la colère de l’écrivain, qui dès lors rejeta tout lien avec le film. Voici pour l’anecdote.
Le sujet du film est cependant le même que celui du roman, à savoir le récit des aventures de Charlie, garçon pauvre qui, en compagnie de son grand-père et de quatre autres gamins accompagnés d’un de leurs parents, tous des riches, gagne le droit de visiter la chocolaterie de Willy Wonka. Une chocolaterie renommée autant pour la qualité de ses confiseries que pour le mystère qui l’entoure, puisque le maître des lieux n’a plus été vu par personne depuis de nombreuses années, et ne semble pas employer d’ouvriers. Guidés par le fantasque Wonka, Charlie et les autres découvriront un monde sortant de l’ordinaire…

En bon conte pour enfant, ce Charlie et la chocolaterie possède un message direct et aisément compréhensible. A savoir qu’il prône une jeunesse humble, partageuse et imaginative par opposition à une jeunesse dorée basée sur divers défauts dûs principalement à une éducation laxiste. Les quatre enfants aisés auront donc tous leurs propres tares, partagées ou provoquées par les parents qui les accompagnent. De la fille friquée qui exige de son riche paternel qu’il comble tout ses désirs au bouffi qui dévore tout ce qui lui passe sous le nez en passant par le mordu de télé en quête de reconnaissance et par l’impolie mâcheuse compulsive de chewing-gum, tous seront à des degrés divers aussi détestables que leurs parents, tous aux petits soins pour leur insupportable marmaille, et qui de plus ne manqueront pas de faire valoir leurs propres intérêts. Tout ce petit monde sera condamné et tombera au fur et à mesure du film dans les pièges tendus par Willy Wonka, et dans lesquels leurs défauts respectifs les auront fait plonger. Pour plus de clarté dans son message, le réalisateur Mel Stuart évoque clairement ces défauts immédiatement après la condamnation des personnages incriminés, et ce par le biais de séquences musicales, toutes interprétées par les Oompas Loompas, des petits hommes (et des acteurs nains) trouvés par Wonka dans une contrée mystérieuse. A côté de tout ça, Charlie, que l’on sait d’entrée être le héros du film, et qui dans toute la partie pré-chocolaterie a étalé sa sagesse, ne sera pourtant pas non plus exempt de reproches, une fois dans la chocolaterie. Avec son grand-père il se sera en effet laissé aller à un acte répréhensible, qu’il parviendra finalement à se faire pardonner. Le film n’est donc pas non plus complétement manichéen, même si il demeure bien peu mystérieux quant aux sympathies que doivent éprouver le spectateur. Chose qu’on pourra aisément pardonner, pour deux raisons: déjà, l’objectif est avant tout de faire rire. D’où l’exagération du comportement énervant des sales gosses et de leurs parents. C’est assez réussi, et, même si on ne rit pas aux éclats, le film reste amusant via l’ironie affichée lors des différentes condamnations du film. Ensuite, on pourra aussi apprécier que ce message, quoique simple, dépasse finalement le simple cadre de la morale adressée aux enfants dans le sens où les adultes pourront aussi être concernés par le thème de l’éducation et des faillites de “l’enfant roi”.

Le film sera aussi appréciable pour le personnage de Willy Wonka, qui sans être l’équivalent du salaud que sera plus tard le même personnage campé par Johnny Depp sous la caméra de Tim Burton, reste assez ambigu. J’en veux pour preuve l’indifférence qu’il affiche vis-à-vis de la disparition des gamins. Un personnage plus à prendre comme un homme en quête du gamin idéal que comme un méchant aigri marginal, comme chez Burton.
Quand à ce qui est du monde d’excentricités que constitue la chocolaterie Wonka, le film ne s’en sort pas mal, et en dépit de l’aspect un peu carton pâte imputable à l’époque, parvient à tout exploiter convenablement par des effets de trompe l’œil, par un cadrage habile ne dévoilant que l’essentiel ou même par des effets assez psychédéliques (n’oublions pas que le film fut réalisé peu de temps après les années 70). Quant aux chansons, elles sont dans la lignée du style de celles de comédies musicales comme Le Magicien d’Oz. Celles qui ne coïncident pas avec les interventions des Oompas Loompas peuvent éventuellement paraître assez gratuites, et à ce titre dérangeront ceux qui à la base ne sont guère attirés par les comédies musicales… Mais bon, le film relevant du genre, il faut bien s’y faire (et puis il n’y en a pas tant que ça).
Charlie et la chocolaterie est donc un bon film, qui à son époque et au-delà acquit une très bonne réputation. Chose méritée, tant il sait faire preuve de créativité pour enrober son message au demeurant fort simple. A voir, mais pas franchement à comparer avec le film de Tim Burton, plus ancré dans son temps et dans la personnalité de son réalisateur.

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