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Brillantine Rock – Michele Massimo Tarantini

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Brillantina Rock. 1979

Origine : Italie 
Genre : Accablant 
Réalisation : Michele Massimo Tarantini 
Avec : Monty Ray Garrison, Auretta Gay, Cecilia Buonocore, Domenico Bua…

Il est des genres italiens qui n’auront jamais pu prendre leur envol, faute de succès. Le film ado musical dans la lignée de La Fièvre du samedi soir et de Grease en fait partie. Et à la vue de Brillantine Rock, peut-être le seul exemplaire du genre, on ne peut que s’en féliciter. Prolifique réalisateur de comédies sexy, Michele Massimo Tarantini n’a jamais su s’imposer ailleurs, que ce soit dans le polar (Calibre magnum pour l’inspecteur), l’horreur exotique à relents cannibalistiques (Prisonnières de la vallée des dinosaures), le Women-In-Prison (Femmes en cage) ou l’heroic fantasy (Sangraal). Ce n’était certainement pas le disco, la danse et les préoccupations adolescentes qui allait lui faire gagner ses lettres de noblesses.

Robby (Monty Ray Garrison) est un gars à la cool. Il ne travaille pas, exploite ostensiblement les autres, passe son temps à groover comme un diable sur le dance floor, à conduire sa moto venue d’Union soviétique (tiens donc, quelle idée !) et à se remettre de la brillantine. A la tête d’une bande de gredins, il a la cote. Pas assez, puisque Cindy (Auretta Gay), la petite bourgeoise américaine qui vient de débarquer à la discothèque, ne se montre pas spécialement intéressée par lui. Robby est prêt à tout pour la séduire, et pas uniquement parce qu’elle lui plait : il veut mettre un point d’honneur à conquérir Cindy avant Rick (Domenico Bua), chef de la bande rivale. Ça va chauffer sous la boule à facettes !

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Difficile de parler d’une chose aussi foutraque que Brillantine Rock, qui ne parvient même pas à réussir les clichés les plus éculés. Face à un tel film, il est naturel de s’attendre à ce que le réalisateur essaie de véhiculer une certaine morale, prenant par exemple la forme de la rédemption de son héros, qui ne manque pas de défauts. Entre l’argent qu’il “emprunte” à Sandra (Cecilia Buonocore), son ex trop gentille, entre l’argent qu’il vole à Oscar, le membre le plus lèche-cul de sa bande, entre les passants qu’il arnaque, entre le beau-frère à qui il profère des mensonges énormes, Robby a vraiment de quoi passer pour un pourri. Et pourtant, personne ne lui en tient rigueur, ou plus exactement Tarantini fait reposer son film sur les seules épaules de Robby, ce qui fait qu’il est seul au monde et donc qu’il est vraiment difficile d’inscrire ses actes dans une réalité concrète. On ne peut pas non plus le considérer comme un brigand post-beatnick, tant sa philosophie de la vie se résume à rouler des mécaniques pour impressionner son auditoire… c’est le seul moyen que Robby a trouvé pour détourner son américaine de luxe de ses amis roulants en Ferrari (après avoir lamentablement échoué à faire bonne figure dans un restaurant huppé, humour convenu à l’appui). En outre, la psychologie du personnage n’évolue jamais, et jusqu’à la fin il continue dans les mêmes travers, quand bien même Tarantini lui aménage vers la fin quelques scènes où il peut faire amende honorable (préférer assister sa soeur en train d’accoucher que d’aller affronter Rick en duel, par exemple), aussitôt contrebalancées par d’insignifiants méfaits de petits galopins. Ainsi, il n’y a pas de rédemption, juste des penchants positifs qui ne sont pas nés de l’expérience mais qui tombent du ciel, parce que le réalisateur a décidé qu’il ne pouvait pas concentrer son film autour d’une crapule intégrale (mais d’un tout petit niveau, même pas de la “racaille” sur l’échelle sarkozyenne). Il est par conséquent impossible de considérer que le refus de devenir un jeune homme respectable est une marque de subversion appuyée par Tarantini. Robby est juste un branleur, à peine digne d’avoir sa propre bande (et d’ailleurs hormis Oscar, on ne connait aucun de ses amis). On ne sait même pas si il est conçu pour être sympathique ou antipathique… Impossible de toute façon de le prendre au sérieux, lui qui ne sait pas marcher sans danser. Le voir s’appliquer sa brillantine, s’essayer à l’humour spirituel et avancer avec une démarche qui ferait rougir de honte le Fonzy de Happy Days est rédhibitoire. Tout comme certaines de ses réflexions, qui laissent pantois. Ainsi, peu après que la bagarre ait éclaté entre sa bande et celle de Rick, l’ami Robby décide de tout arrêter, parce qu’il risquerait d’abîmer son minois (!). La solution de replis ? Le concours de danse, pense-t-on. Et bien non : une course contre un train, qui laissera le perdant en bouillie. Le pire est que Tarantini ne conçoit même pas cette course comme un climax dramatique : il la filme avec désinvolture, comme l’énième minable facétie de Robby, personnage central qui eut été assez à sa place dans une sitcom AB (d’ailleurs il drague une américaine, c’est dire).

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Il y a tout de même une chose que l’on ne pourra pas reprocher à Brillantine Rock : l’importance qu’il donne à la musique. Même en dehors de la discothèque, elle ne cesse de tourner. Disco / pop pour une large partie (dont une reprise du “Satisfaction” des Rolling Stones), mais aussi un peu de rock et de soul. On peut dire que la musique rythme la vie de Robby… d’ailleurs elle joue un grand rôle dans le total manque d’implication que l’on éprouve pour sa vie. Mais il faut bien admettre que son utilisation la plus pertinente est bien dans la discothèque, ce lieu plein de néons multicolores sous lesquels se déhanche la jeunesse occidentale en cette fin de décennie 70. Sans être spécialiste en la matière, les danses de Robby et de ses amis me paraissent assez professionnelles, exécutées avec précision et fluidité. Monty Ray Garrison et la plupart des autres acteurs en étant à leur premier film (et souvent leur dernier, d’ailleurs), il ne serait pas étonnant que Tarantini ait été déniché des danseurs chevronnés. Après, il faut tout de même apprécier de voir tous ces jeunes danser le disco… Pour ma part, cela ne m’évoque pas grand chose. Il s’agit de danse brute, sans aucune portée humoristique (comme par exemple dans le Rocky Horror Picture Show, dont la musique était autrement meilleure qu’ici), et ce manque de dérision rend tout cela assez ridicule. Les dragueurs danseurs sont assez beaufs dans leur genre, et il n’est pas très étonnant qu’un type comme Robby soit devenu une tête d’affiche dans ce milieu superficiel. Entre son scénario au rabais, son manque de rigueur logique, sa musique envahissante et surtout son personnage principal totalement insipide, Brillantine Rock est un échec sans appel pour Michele Massimo Tarantini. Il n’est plus à ça prêt, et il est indéniablement plus à sa place auprès du lourdingue Alvaro Vitali, qui au moins n’essaye pas de paraître plus fin qu’il ne l’est.

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