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Bait – Kimble Rendall

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Bait. 2012

Origine : Australie / Singapour
Genre : Requins au rayon surgelés
Réalisation : Kimble Rendall
Avec : Xavier Samuel, Sharni Vinson, Julian McMahon, Dan Wyllie…

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Marqué par la mort de son ami, happé par un requin sous ses yeux, Josh traîne son spleen dans les rayons du Oceania Food Mart où il travaille désormais. Un an après ce triste événement, le destin –d’humeur mutine– le met en présence de Tina, sœur de son ami défunt mais également ex fiancée, revenue sans prévenir de son exil singapourien. Le pauvre a à peine le temps de réaliser qu’un braquage puis un tsunami balaient aussi sec leurs retrouvailles. Heureux survivants d’un magasin submergé, ils doivent remettre les explications à plus tard pour se concentrer sur l’essentiel : survivre. Une tâche compliquée par la présence incongrue d’un requin blanc, bien décidé à profiter des joies de la grande consommation.

Les faits sont têtus. Encore aujourd’hui, les requins continuent d’avoir mauvaise presse, le sobriquet de mangeurs d’hommes leur collant aux nageoires aussi sûrement que le rémora. Une mauvaise réputation qu’ils partagent désormais avec la multitude de films qui les utilisent comme produit d’appel. Cependant, il est loin le temps où les requins se contentaient de terroriser une cité balnéaire en interdisant aux touristes de s’adonner aux joies de la baignade. Compte tenu de la concurrence, le squale doit se diversifier. Il devient donc le fruit de mutations (Sharktopus, L’Attaque du requin à deux têtes), le rejeton d’un passé incertain (Beach Shark, Dinoshark), ou encore l’adepte d’attaques surprises dans des contrées fort éloignées de sa juridiction (Sharknado, Avalanche Sharks). Bait se réclame de cette dernière tendance, tout en lorgnant ostensiblement vers un genre tombé en désuétude, le film catastrophe.

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Bait démarre comme bon nombre de ses congénères, en bord de plage. Il s’agit à la fois pour le réalisateur de donner rapidement aux spectateurs ce qu’ils sont venus voir (une attaque de requin), et de poser les bases du film qu’il a vraiment envie de raconter. Bait sera avant tout le récit d’une expiation, celle de Josh en premier lieu. Grâce à ces événements exceptionnels, il saura trouver les ressources pour rebondir, bien aidé en cela par un récit qui dans sa reconquête de Tina s’ingénie à écarter son potentiel concurrent. Il se dégage desdits événements une forme de fatalité sur l’air du « ça ne sert à rien de fuir ses problèmes, il nous faut les affronter », qui pourrait somme toute servir de morale au film. Car suivant sa logique de film catastrophe, Bait offre à d’autres personnages le moyen de se racheter une conduite, pour autant d’apartés pontifiants qui nous éloignent de l’essentiel, la présence de requins dans ce supermarché submergé par les flots. Une présence qui, sans pousser le bouchon jusqu’à dire qu’elle est anecdotique, se révèle tributaire du parti pris initial. Fort de son tsunami aux effets dévastateurs, néanmoins limités à une poignée de plans d’intérieurs dont deux morts plein écran, Kimble Rendall réduit leur tableau de chasse à sa portion congrue. Seuls les personnages au fond mauvais ont à craindre pour leur vie, les autres étant juste préposés à quelques petites frayeurs. Une fois le principe intégré, le film se résume à des chutes de personnages dans l’eau que des mains secourables extirpent in-extremis devant des requins désabusés. Alors une fois, ça va. Deux, ça passe encore. Mais au bout de la troisième fois, cela fleure bon la tromperie sur la marchandise. En vérité, tout concourt à délayer une intrigue minimaliste, à commencer par les incessants allers-retours entre le supermarché et son parking souterrain. A chaque niveau son requin et ses péripéties. Celles du parking tournent le plus souvent à la blague entre le chien increvable (un cliché qui a la vie dure depuis Independance Day !), les disputes du couple dont la présence en ces lieux découle de la libido du monsieur, et –cerise sur le capot– leur voiture amphibie (BMW a dû se féliciter de cette publicité gratuite… oups !), lorsqu’à l’étage supérieur, elles jouent maladroitement la carte de l’émotion. Et tout cela le plus sérieusement du monde, même lors de l’ahurissante scène du scaphandrier de fortune qui, du pic émotionnel souhaité se mue en moment d’irrépressible hilarité. Les attaques de requins ne servent donc qu’à lier le tout, et accessoirement apporter une petite touche gore au métrage. Mais du gore light dans le sens où, comme trop souvent maintenant, le sang est souvent ajouté en post production. Néanmoins, il faut reconnaître aux effets visuels d’être de meilleure tenue que la majorité des productions de cet acabit. Les requins –et c’est le principal– font illusion, sauf bien sûr lorsqu’ils s’adonnent à quelques pirouettes en inadéquation avec leur mode de chasse. Que ne feraient-ils pas pour justifier la conversion du film en 3-D…

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Prévu au départ pour être exploité au cinéma sous la houlette de Russell Mulcahy, Bait a finalement rejoint les limbes du direct-to-dvd à l’aune de son soudain désistement. Le film n’en aurait pas forcément été meilleur, mais le réalisateur de Razorback et Highlander, ses deux titres à la flatteuse réputation difficilement compréhensible aujourd’hui, nous aurait au moins gratifiés de quelques folies visuelles dont il a le secret pour dynamiser cette histoire bateau. Son remplaçant ne nourrit pas tant d’ambition, préférant décliner le lot habituel de poncifs de ce genre de productions (auxquels s’ajoutent ceux inhérents au film catastrophe) sans le recul amusé de son premier essai, le slasher Cut. Un retour aux affaires pour le moins laborieux qui remplit avec peine son rôle de divertissement.

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