976-Evil – Robert Englund
976-Evil. 1989Origine : Etats-Unis
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Hoax est un adolescent mal dans sa peau, coincé, souffre-douleur du lycée, brimé par une mère bigote et ignoré par Spike, son cousin rebelle qu’il admire. Mais tout va changer lorsqu’il téléphonera au 976-Evil, une ligne téléphonique qui le met en contact avec l’enfer, où on lui donnera quelques bons conseils pour se libérer par la vengeance. Le jeune homme va alors commencer à se transformer en démon…
Entre ses rôles dans Le Cauchemar de Freddy, L’Enfant du cauchemar et la série télé Les Cauchemars de Freddy, Robert Englund trouve le temps de réaliser son premier et unique long-métrage (quoique le second semble être actuellement en phase de production). Embarquant avec lui le scénariste du quatrième Freddy, Brian Helgeland, alors débutant, et entouré à ce point de l’ombre de Freddy Krueger, que peut-il bien faire du long métrage qui lui fut confié ? Et bien la réponse est simple : une sorte de Freddy mélangé au Carrie de De Palma ainsi que (certainement inconsciemment) au Toxic Avenger de Lloyd Kaufman. Le casting regorge ainsi d’adolescents acoutrés à la grande mode immonde des années 80, et on reconnaîtra quelques uns des acteurs, comme Stephen Geoffreys, le voisin farceur de Vampire… vous avez dit vampire ? (qui depuis a sombré dans la drogue et dans le porno gay) ainsi que la jolie Lezlie Deane, qui sera quelques années après l’une des adolescentes combattant Freddy dans son Ultime cauchemar. Les rares adultes qui se promènent dans l’ensemble n’y sont guère à leur place, exception faite de la mère de Hoax, une bigotte parodiant volontiers le personnage de Piper Laurie dans Carrie. Il y aura bien un personnage de flic et un autre de femme proviseur, mais leurs risibles apparitions (il faut voir le flic enquêter n’importe comment et éviter soigneusement de se rendre sur les lieux des meurtres) restent anecdotiques. C’est bel et bien un film adolescent que nous avons là, un film ciblé totalement pour les amateurs de Freddy, musique rock inclue.
Le mal-être adolescent prête à rire, tant le pauvre Hoax est chargé de tous les maux de la Terre et ne fait rien pour arranger les choses, puisqu’il en remet toujours une couche là où il ne faudrait pas (comme se ramener en scooter au lycée pour faire comme son cousin, qui lui se ramène en moto grosse cylindrée). Niveau amoureux, c’est la cata, puisqu’il en est réduit à observer en voyeur les ébats de son cousin, avant de récupérer la petite culotte de la fille, laissée négligement sur place après la fin des acoquinements. Mais là où Hoax cherche vraiment la merde, c’est lorsqu’il réussit à obtenir un tête-à-tête avec cette même fille, laissée de côté par le cousin : il ne pensera pas à se débarasser de ladite culotte, et forcément, ce qui devait arriver arrivera grâce à l’interventions des caïds du lycée : elle se rendra compte de la perversité de son futur copain. On se dit que mère bigote ou pas, Hoax est tout de même trop débile, et qu’il serait difficile de résister à la tentation de le secouer un peu. Notons au passage que tout ceci pourrait nous faire songer au Melvin du tromesque Toxic Avenger, sauf que ce n’est pas le cas : Englund joue lui aussi l’humour, mais il ne verse pas dans l’exagération à outrance. Son film reste déséspérément plat et il en sera ainsi pendant une bonne cinquantaine de minutes, pendant lesquelles en plus de ne pas savoir verser comme il faut dans l’humour, le réalisateur n’arrive pas non plus à épurer sa narration. Le personnage de Spike, cousin de Hoax, semble à certains moments en passe de devenir le personnage principal, mais la suite le laissera vaquer à ses petites affaires insignifiantes. Même chose pour l’élement fantastique du film : si le fameux numéro 976-Evil nous est rapidement présenté, si des appels seront bien passés, ils seront sans conséquences. Là-dedans, Englund rajoute une scène nous montrant mourir une fille de façon inexplicable, avec comme seul lien au reste du film les téléphones qui se mettent à sonner. C’est le bordel, et le spectateur, lassé, finit par décrocher.
Enfin, tout comme dans Toxic Avenger, Hoax se métamorphosera suite à ses appels au 976-Evil, et il se vengera de ceux qui se sont moqués de lui. Il prend l’allure d’un cruel démon, adepte de l’humour noir, qui aime assassiner ses victimes à l’aide de ses grandes griffes, du moins quand il n’invente pas une situation surréaliste pour les faire périr… Et oui, la référence à Freddy est là, et pas discrète. En dépit des beaux effets spéciaux et des effets de maquillages réussis (signés Howard Kurtzman de KNB), nous sommes tout de même loin du modèle, tant ce triste démon n’a aucun charisme (avec son pull sans manche, en laine et à motifs écossais) et tant il reste peu de temps au film pour vraiment établir un semblant de cohérence. Les éléments horrifiques défilent rapidement, ne parvenant jamais à repêcher l’intérêt du spectateur, davantage intrigué par les aiguilles de sa montre que par ce qui se passe à l’écran. Une fois tout ça fini, une conclusion s’impose : décidément, on se sera emmerdés sec.