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Les Contes de la crypte 4-11 : Dédoublement de personnalité – Joel Silver

contesdelacryptesaison4

Les Contes de la crypte. Saison 4, épisode 11.

Split Personality – 1992

Origine : États-Unis
Réalisation : Joel Silver
Avec : Joe Pesci, Jacqueline Alexandra Citron, Kristen Amber Citron, Burt Young…

Arnaqueur à la petite semaine, Vic nourrit un fantasme : coucher avec des sœurs jumelles. Un accident de la route l’amène à rencontrer les sœurs Blair, filles d’un fameux architecte dont elles ont hérité la fortune. L’occasion est trop belle de faire d’une pierre deux coups. Vic les séduit toutes les deux et, pour toucher le pactole dans son intégralité, s’invente un frère jumeau pour les épouser tour à tour.

Jamais avare en –petits– événements, la série nous offre pour cette quatrième saison rien de moins qu’un épisode réalisé par Joel Silver, d’ordinaire plus connu pour son rôle de producteur rompu au cinéma d’action que comme réalisateur. Et pour cause puisque Dédoublement de personnalité est sa première, et à ce jour unique, réalisation. Il s’inscrit ainsi dans le mouvement des producteurs historiques des Contes de la crypte, lesquels avaient déjà tous apporté leur contribution à la série – ce qui, en leur qualité de réalisateurs, était la moindre des choses. Seul David Giler demeurera étranger à l’exercice, homme de l’ombre qui tend à le rester.

Dédoublement de personnalité se conforme aux trames classiques de bon nombre d’épisodes, à savoir l’histoire d’un loser qui croit avoir touché le jackpot avant de précipiter sa chute. Vic est ce loser, un roi de l’embrouille prêt à embrigader des types plus paumés que lui pour gagner quelques dollars. Sans attaches, il erre de ville en ville au volant de sa décapotable, toujours à l’affût d’un coup pendable. Et de temps à autre, il trompe sa solitude dans les bras d’une prostituée, à laquelle il fait part de ses rêves et de ses ambitions, sans que celle-ci ne prête à ses propos une quelconque importance. Un personnage des plus pathétiques que Joe Pesci interprète avec sa démesure coutumière. Souvent à la limite (en cette année 1992, il pouvait être aussi horripilant dans L’Arme fatale 3 et Maman, j’ai encore raté l’avion qu’amusant dans Mon cousin Vinny), Joe Pesci pousse ici le curseur à un niveau acceptable, en conformité avec son personnage de beau parleur italien. C’est que le bonhomme n’a pas seulement une femme à séduire, mais deux ! Deux belles plantes qui vivent recluses dans leur grande demeure moderne de couleur rose-bonbon aux allures de château de princesse. Deux femmes d’une naïveté confondante que Vic n’aura aucun mal à embobiner, jusqu’à leur faire avaler l’énorme mensonge du frère jumeau, sans qu’aucune d’elles ne s’émeuve de ne pouvoir les voir tous les deux en même temps.
Par la grâce d’un montage alerte, on s’amuse de ces séductions express, assorties des mariages de rigueur dans le plus total dénuement. A chaque fois, seuls le prêtre, les mariés et la sœur en pleurs participent à la fête. Pas de mirifiques réceptions au programme, les sœurs Blair demeurant des personnes hermétiques à la société environnante. Fortunées, elles se suffisent à elles-mêmes, et ne sortent qu’en de rares occasions de leur vaste demeure. Il fallait bien un concours de circonstances pour que Vic les rencontre, en l’occurrence leurs deux chats noirs qui, en traversant soudainement la route devant sa voiture, ont provoqué l’accident l’amenant à faire irruption dans leur vie. Un mauvais présage évident, qui mal interprété par un Vic trop content de l’aubaine, le conduira à l’échec. En redevenant l’homme au centre de leurs attentions, après leur père, il réveille en elles quelques névroses momentanément assoupies. Il y a un peu de la mante-religieuse chez elles et leur amour dévorant et exclusif. L’issue n’en est que plus attendue, mais conserve un aspect ludique par la volonté de Joel Silver d’érotiser un minimum cet instant, les sœurs Blair apparaissant alors comme deux pin-up décadentes.

Pour une première, Joel Silver n’a pas à rougir de sa contribution, qui épouse complètement le ton de la série. Sans être un monument d’écriture, le scénario reste efficace. En outre, l’épisode bénéficie de l’abattage de Joe Pesci et du charme étrange des sœurs Citron, impitoyables de fragilité. A noter le caméo photographique –le fameux architecte– de Steve Kahan, fidèle de Richard Donner depuis Superman. Comme quoi, Les Contes de la crypte sont aussi une affaire de famille.

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