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Les Contes de la crypte 3-06 : La Perle noire – Tobe Hooper

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Les Contes de la crypte. Saison 3, épisode 06.
Dead Wait. 1991

Origine : États-Unis 
Réalisation : Tobe Hooper 
Avec : James Remar, John Rhys-Davies, Vanity, Whoopi Goldberg…

 

 

Pour lui dérober une précieuse perle noire qu’il garde sous alarme, Red Buckley (James Remar) se fait engager comme chef d’équipe par le riche planteur Duval (John Rhys-Davis). Demeurant au manoir de ce dernier, Red fait la connaissance de Kathrine (Vanity), petite amie de Duval, et de Peligre (Whoopi Goldberg), sorte de prêtresse vaudou. Les deux femmes se révèlent aussi accueillantes que le maître de maison… Mais dans un contexte difficile, alors que des rebelles sont proches de s’emparer de l’île, jusqu’où peut-on avoir confiance en elles…

L’errance télévisuelle de Tobe Hooper le conduit aux Contes de la crypte le temps d’un épisode qui s’enorgueillit ostensiblement non pas de sa présence -encore qu’il y aura toujours des spectateurs prêts à espérer en son potentiel ou des producteurs prêts à exploiter le titre Massacre à la tronçonneuse– mais de celle de la grammy awardisée, la golden globisée et l’oscarisée Whoopi Goldberg. Pourquoi ostensiblement ? Et bien parce qu’elle a le privilège d’être interviewée par le gardien de la crypte en fin d’épisode, pardi ! Une courte interview à base de jeux de mots macabres, certes, mais qui fait quand même la part belle à l’actrice en venant rappeler qu’elle a reçu des statuettes et en lui offrant le dernier mot. Une véritable opération de communication pas malintentionnée mais qui cherche malgré tout à promouvoir l’image “à la cool” de Whoopi Gooldberg tout en venant rappeler s’il en était besoin (car la présence de noms connus aux génériques est assez fréquente) que Les Contes de la crypte ont des parrains bien placés à Hollywood. Voilà pour ce petit coup de gueule portant sur un dérapage mercantile.

En ce qui concerne l’épisode en lui-même, et bien il se révèle relativement épargné par la présence d’une telle tête de gondole. Bien que là encore elle réussisse à avoir le mot de la fin, Goldberg se fait discrète, collant à son rôle de mystique éloignée de l’avidité qui gangrène toute l’assistance et focalise l’attention de Hooper. La Perle noire n’est en fin de compte qu’un récit de trahisons dans lequel chacun essaie de doubler son prochain pour l’obtention de cette perle noire qui n’est rien d’autre qu’un McGuffin en bonne et due forme. Une trame appartenant en fait plus au genre policier qu’à l’horreur pure et dure, et qui malgré tout, dans son enchaînement de trahisons mortelles (cinq en vingt minutes), disposait bel et bien du potentiel humoristique propre aux Contes de la crypte. Las : Tobe Hooper et ses deux scénaristes pourtant co-producteurs de la série traitent cela sur un mode premier degré, sans jamais avoir recours aux ressorts cartoonesques qui peuvent faire des récits horrifiques de petites pépites d’humour noir. Il en résulte un certain classicisme non déplaisant et rythmé comme il faut pour le temps imparti (la confrontation de personnalités, les rebondissements, l’emballement final) mais aussi très banal. C’est donc parti pour un héros cynique -mais un peu con : c’est pas Bogart non plus-, pour une femme fatale, pour un riche impotent, le tout dans un environnement plutôt original dans le cadre d’un film noir mais qui n’en est pas moins marqué par les images d’Épinal (sur une île des Caraïbes, il y a trois choses : des riches occidentaux de mèche avec l’armée officielle, des cultes vaudou et des rebelles menaçants). La seule réelle marque d’inventivité étant que c’est justement celui qui inspirait le plus la méfiance au début du récit qui s’avère le plus naïf du lot. Les autres excentricités que s’autorise Hooper sont en fait des éléments dont l’intrigue aurait très bien pu se passer tant ils y sont greffés de façon artificielle : une bestiole morte clouée à la porte de la chambre de Red ou encore une complaisante autopsie sauvage (avec arrachage d’intestin et tout le toutim) pour récupérer la perle noire avalée par un petit malin. Quant au suspense, il se révèle inexistant pour quiconque dispose d’un peu de jugeote : les avertissements adressés à Red sur la façon dont les rouquins comme lui sont perçus dans l’île, les compliments de la prêtresse sur ladite chevelure, son côté protecteur vis à vis de Red, son positionnement en retrait face aux minables qui complotent pour la perle noire… Sans oublier le côté gentiment moralisateur de la série, dont moult épisodes se terminent de façon “arroseur arrosé”. Inutile de vous faire un dessin. L’alibi fantastique vient clore ce récit policier d’une façon plutôt gratuite, histoire de justifier l’appartenance de cet épisode aux Contes de la crypte.

Pour du Tobe Hooper, La Perle noire n’est pas trop mal. On aurait été heureux d’avoir des épisodes aussi “raisonnables” lors de la participation du réalisateur aux Masters of Horror. Et c’est même peut-être le souvenir de ces deux horribles choses, monuments d’hystérie sans queue ni tête, couplé aux innombrables bêtises que l’on doit au réalisateur, qui me fait être si indulgent envers cet épisode qui sans être spécialement amusant, ni beau (à part Vanity cela va sans dire), ni malin, et qui se révèle du coup assez vain, n’est pas conçu en dépit du bon sens. Encore que le fait que tout se déroule en une nuit paraît un peu gros, mais enfin n’y pensons pas.

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