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Le Crime était presque parfait – Alfred Hitchcock

lecrimeetaitpresqueparfait

Dial M for Murder. 1954

Origine : Etats-Unis 
Genre : Policier / Suspense 
Réalisation : Alfred Hitchcock 
Avec : Ray Milland, Grace Kelly, Robert Cummings, John Williams…

Le Crime était presque parfait raconte l’histoire de Tony Wendice, un ancien tennisman, qui paye un complice pour assassiner sa femme, une jeune héritière dont il sait qu’elle le trompe. Mais celle-ci tue son agresseur en se défendant. Son mari va alors échafauder un autre plan pour se débarrasser d’elle…

Cette histoire provient d’une pièce de théâtre de Frederick Knott, qui remporta un grand succès à Broadway. En grand amateur d’histoires de couples, de tromperies et de meurtres, Hitchcock était pour ainsi dire forcé d’aimer cette histoire où se retrouve beaucoup de ses thématiques favorites. C’est donc bien naturellement qu’il décidera d’en réaliser une adaptation pour le cinéma. Il engage Knott pour travailler sur le scénario de son film.

Soucieux de conserver l’aspect “théâtral” de son film, Hitchcock réitère l’expérience qu’il avait réalisé avec La Corde et il choisit de tout filmer dans une seule pièce, ou presque. Les seuls quelques plans d’extérieurs seront vu d’une fenêtre. Ainsi, hormis les scènes du dîner au club et les plans du procès, toute l’intrigue se déroulera dans le salon des Wendice. Mais ce presque huis clos n’est jamais étouffant. Ici Hitchcock ne s’intéresse pas au sentiment d’enfermement ou de claustrophobie, mais à l’implacable déroulement de son intrigue. En effet le réalisateur orchestre parfaitement bien tous les rouages de l’histoire : le spectateur ne peut qu’être subjugué par l’habileté et le sens du rythme dont fait preuve le “maître du suspense” dans son film. Les différents éléments de l’intrigue sont tous parfaitement amenés et le spectateur se passionnera dès les premières minutes pour cette histoire. Bien évidemment le film comporte plusieures scènes de suspense très tendues, qui gardent toute leur efficacité plus de 50 ans après. L’histoire n’est prévisible à aucun moment.
Signalons aussi qu’en pionnier du cinéma en amateur de nouvelles technologies, Hitchcock réalisa le film en 3D. Le procédé consistait en une prise de vue à deux caméras synchrones, l’une pour l’œil droit, l’autre pour l’œil gauche. Les images superposées étaient ensuite projetées sur un seul écran. Hélas très peu de cinémas disposaient alors de l’équipement nécessaire, et le film n’a été diffusé la plus part du temps que “plat”. ce qui est dommageable, Hitchcock n’hésitant pas à jouer avec les procédés pour faire ressortir les couleurs et les objets primordiaux du film, tels la clef ou les ciseaux…

Ce film marque la première collaboration entre Hitchcock et son égérie Grace Kelly, avec laquelle il tournera plus tard Fenêtre sur cour et La Main au collet. Elle joue ici le rôle de Margot, une femme aussi belle qu’idiote, puisqu’elle sera pendant tout le film le jouet des machinations de son mari. Si les talents d’actrices de Grace Kelly n’éclatent pas dans ce rôle volontairement stéréotypé, il n’en est pas de même pour Ray Milland, qui se révèle tout simplement parfait dans le rôle du mari machiavélique. Il parvient même sans aucuns problèmes à nous faire oublier que c’était cary Grant qui était initialement prévu pour le rôle (La Warner le refusa à Hitchcock, ne voyant en Grant qu’un acteur de comédies légères, malgré ses précédentes prestations dans Soupçons et Les Enchaînés).

Dans son film Hitchcock attribue ingénieusement des rôles ambigus aux acteurs. Il est assez amusant de constater que Grace Kelly et Robert Cummings (qui joue l’amant, un écrivain de romans policiers américains qui se croit plus malin que les autres), à savoir les « bons » de l’histoire, sont tournés en ridicule par Hitchcock, bien plus fasciné par les personnages de l’assassin et du détective. Un parti pris sans aucun doute satirique de la part d’un Hitchcock chauvin, car la victime et l’écrivain sont tous les deux américains. Contrairement au mari qui campe un personnage ignoble, mais séduisant, qui garde tout son flegme même une fois confondu !

Bref, Le Crime était presque parfait reste savoureux à regarder même après toutes ces années. L’intrigue et amenée d’une manière très habile et les acteurs sont tous excellents. En clair, contrairement au crime qu’il relate, le film est parfait, lui.

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