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Hammer, La Maison de tous les cauchemars. Episode 1 : Maléfices – Don Leaver

Hammer House of Horror. Episode 01

Witching Time. 1980.

Origine : Royaume-Uni
Genre : Sorcellerie
Réalisation : Don Leaver
Avec : Jon Finch, Patricia Quinn, Prunella Gee, Ian McCulloch…

Par un soir d’orage, alors qu’il est seul (il ne le sait pas, mais son actrice de femme le trompe avec son ami médecin), David Winter a la surprise de retrouver dans son écurie une jeune femme disant s’appeler Lucinda Jessop. Elle dit venir du 17ème siècle, et avoir atteri là en s’échappant des griffes des puritains s’apprêtant à la brûler pour sorcellerie. Sceptique mais accueillant, David l’emmène dans sa maison… Et l’enferme. Le temps d’appeler son traître de médecin. Toutefois, lorsque celui-ci arrive, la surprise est grande : Lucinda n’est plus dans la chambre, et n’a pu sortir par la fenêtre, celle-ci étant munie de barreaux. Il faut croire qu’elle est véritablement une sorcière. Et elle a particulièrement mal pris l’entourloupe de son hôte. Vengeance !

Vingt ans de carrière et pas une incursion sur le grand écran. Don Leaver est fidèle au-delà du possible au petit écran et prête ses services à une multitude de séries télévisées britanniques, dont (au moins outre-Manche) peu sont passées à la postérité. Une vingtaine d’épisodes de Chapeau melon et bottes de cuir au début des années 60, éventuellement trois épisodes du Club des cinq pour les têtes blondes, voilà les faits d’armes les plus glorieux de ce récipiendaire d’un prix aux BAFTA Awards… pour la production de la série Suspect numéro 1 (dont il ne s’est pas mêlé de la réalisation). Autant dire que sur le papier, il n’est pas le candidat idéal pour une production Hammer. Mais alors que le studio agonise, quitte le grand écran et essaie vainement d’investir le petit, difficile de faire la fine bouche. Sans faire injure à Don Leaver, cela témoigne tout de même d’un certain manque d’allant -et de moyens- de la part de la glorieuse firme, qui continue vainement à essayer de brasser les thèmes de prédilection de l’épouvante tout en s’adaptant au goût du jour et en se diluant maladroitement dans les modes. Maléfices, le premier épisode de La Maison de tous les cauchemars, s’inscrit dans la droite lignée des films produits dans la seconde moitié des années 70 : se déroulant dans une époque contemporaine, esthétiquement guère soignés sous prétexte d’être moins typés “gothique” (le style étant alors rétro) et se vautrant dans un cahier des charges plutôt putassier. Bref, largement de quoi enterrer l’argument de départ -ici la sorcellerie-, et ce en dépit d’un casting se voulant un minimum attractif, puisque les rôles principaux sont tenus par Jon Finch (outre The Vampire Lovers et Les Horreurs de Frankenstein pour la Hammer, il joua dans le Macbeth de Polanski, Frenzy, Mort sur le Nil) et Patricia Quinn (la Magenta du Rocky Horror Picture Show). Les amateurs de bis italiens y retrouveront même Ian McCulloch, vu dans L’Enfer des zombies, La Terreur des zombies et Contamination et qui tient ici le rôle du médecin félon.

Bien qu’il soit lui aussi signé par un fervent serviteur de la télévision, ce n’est pourtant pas le scénario qui pose réellement problème. L’histoire racontée par Maléfices n’est pas plus sotte qu’une autre : en gros, un homme est rendu fou par une sorcière usant de ses pouvoirs avec un sens aigu de la dérision. Potentiellement, nous aurions là un bon sketch d’humour noir, un peu dans la lignée des films de la firme Amicus (la rivale qui était alors déjà au tapis). Non, le véritable point faible de cet épisode est bien la façon dont il est conçu et mis en scène… Enfermée par le réalisateur dans son icônique rôle du Rocky Horror, Patricia Quinn en fait des tonnes et passe son temps à rire comme une bossue même quand elle n’est pas à l’écran et à minauder autour d’un homme dont elle pense avoir fait son esclave après une fiévreuse nuit d’amour. Si l’on ajoute qu’elle est bien prompte à se dévêtir (ce qui est d’ailleurs assez étonnant pour une série télévisée), on obtient une image particulièrement kitsch de la sorcière vue sous le prisme de la tentatrice. Un pur cliché aux excès poussés à outrance. Malgré cela, et malgré la nature de ses facéties elles aussi très stéréotypées (corbeau décapité dans le lit, poltergeists, poupées vaudoues, hallucinations…), l’épisode ne se veut pourtant pas comique, car de son côté le personnage de Jon Finch souffre horriblement. C’est du moins ce que veut nous faire croire Jon Finch, qui incarne cette victime aussi tourmentée que Lucinda est goguenarde. Avec la même totale absence de subtilité : totalement hagard avec ses rouflaquettes et son polo vert pomme, il subit, désemparé, à moitié fou et limite bavant. C’est en réalité sa femme Mary qui entreprend la lutte, fait bouger les choses et apparaît comme le personnage le plus crédible. Du moins jusqu’à ce que Don Leaver ne trouve un moyen de la mettre en sous-vêtement dans une longue scène clé trahissant les grosses ficelles commerciales que la Hammer essaye maladroitement d’exploiter depuis au moins Dracula 73. Un film qui d’ailleurs faisait lui aussi revenir un monstre ancien dans une époque contemporaine. Grosso modo, Maléfices est une ressucée bas-de-gamme de ce film médiocre, affichant les mêmes tares. Au nombre desquels on peut d’ailleurs ajouter la laideur ambiante : un décor digne d’un film du terroir, sans aucune velleité esthétique, sans éclairage particulier, et qui s’avère indapté aux exactions d’une sorcière, fût-elle digne d’une série Z. Inutile de s’appesantir dessus : avec ses personnages grotesques, ses effets minables (le rire de Patricia Quinn devient vraiment horripilant), sa manière de vouloir traiter sérieusement de ce qui n’est qu’une vaste farce, ses envolées racoleuses et son absence de charme, Maléfices inaugure bien mal cette série… Non sans au passage faire de la provocation, puisqu’il s’ouvre sur une scène de la plus pure épouvante gothique, qui s’avère être les rushs sur lequel est en train de travailler David, monteur pour le cinéma…

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