Les Nuits de l’étrange 1-06 – Po-Chih Leong, Joe Dante
Les Nuits de l’étrange. Saison 1, épisode 06 |
Derrière la forêt
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Alors que ses deux amis le titillaient sur sa foi, Devin perd le contrôle de sa voiture et plonge en à pic dans le lac en contrebas. Peu de secondes après, tout le monde réapparaît à la surface, sain et sauf. Du moins en apparence, car les trois étudiants ont a peine eu le temps d’exprimer leur joie qu’ils assistent à un étrange spectacle : leur voiture en train de sombrer, avec eux-mêmes à l’intérieur. En quittant les lieux, les supputations vont bon train : sont-ils devenus des fantômes ? Non, puisqu’une voiture fait une embardée pour les éviter. Alors quoi ? Quelle est la volonté de Dieu, se demande Devin ?
Après avoir commencé sa carrière de réalisateur à Hong Kong, Po-Chih Leong revint dans son Angleterre natale au moment de la rétrocession à la Chine. Dire qu’il frappa un grand coup dès son retour serait beaucoup dire : il passa par la case télévision avant de réaliser sa Sagesse des crocodiles, et ce dernier obtint surtout un succès mondain, décrochant une nomination au grand prix du film fantastique européen de Sitges, raflant le prix du jury à Gérardmer et un Méliès d’argent au BIFFF. Pour autant, ni La Sagesse des crocodiles ni Po-Chih Leong ne passèrent à la postérité. La baudruche se dégonfla vite, faisant retomber illico la carrière du réalisateur désormais cantonné à la télévision où à la vidéo. Au moment d’aborder son épisode des Nuits de l’étrange, il n’a pas changé son fusil d’épaule et, comme dans La Sagesse des crocodiles il aborde le sujet de la croyance. Qu’il prolonge ici avec un questionnement philosophique bateau : “si un arbre tombe dans une forêt et que personne n’est là pour l’entendre, est-ce que cela fait du bruit ?”. Vaste sujet qui renvoie à ce qu’est la réalité hors du champ de perception. Le scénario de cet épisode apporte donc sa contribution au débat en remplaçant la chute de l’arbre par la mort confidentielle d’individus, qui ne seraient pas morts parce que personne ne saurait qu’ils sont morts. Tout bénéf’ pour les victimes, sauf que parmi eux se trouve le pieu Devin, qui vit plutôt mal cette condition remettant en cause la volonté de dieu. “Miracle !” lui dit sa copine, mais il reste dubitatif, et en s’interrogeant il risque bien de trop en dire à autrui, brisant ainsi le secret grâce auquel lui et ses camarades doivent d’être encore en vie. Prends-toi la tête à deux mains mon cousin, cet épisode est un véritable pensum qui s’agrémente pour ne rien arranger de symbolisme poussif confinant au cliché gnangnan. Et puis en bon épisode chrétien, il y a une morale toute de soumission vêtue : la foi d’un non-pratiquant acceptant la volonté de Dieu sans se poser de question est supérieure à celle d’un bigot cherchant des explications sacrées. Il ne fait pas bon questionner les décisions du divin.
Derrière cette sentence démago se cache un prêchi-prêcha de la servitude spirituelle. Derrière la forêt veut faire du questionnement théologique en 20 minutes sous forme d’un épisode de série télé fantastique employant des jeunes auxquels le public est sûrement censé s’identifier, surtout si on lui met de la musique en vogue (de la techno par là-dessus, manquait plus que ça !). Mon dieu que c’est nase !
L’Intrus
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Divorcée de fraiche date, Mary vit seule dans sa vaste maison. Son environnement n’est pas des plus joyeux. Il deviendra carrément effrayant lorsque Mary se rendra compte que des objets sont déplacés sans son intervention, que des plats cuisinés disparaissent et que la télé s’allume en pleine nuit. Comme si quelqu’un d’autre vivait à la maison…
Être le voisin d’épisode de Derrière la forêt a ceci de bon qu’on peut difficilement tomber plus bas. En revanche, lorsque le réalisateur de ce voisin se nomme Joe Dante, les attentes sont tout de suite élevées et le risque de déception n’est pas négligeable. Surtout lorsqu’il s’agit d’un Joe Dante clairement désabusé, sans ses acolytes habituels et se souciant comme d’une guigne de ce que ses patrons vont faire de son épisode. Vive le silence, la moitié de l’épisode 3 signée Joe Dante, avait déjà trahi le manque d’enthousiasme d’un réalisateur qui traitait pourtant d’un sujet duquel il pouvait légitimement prétendre faire quelque chose. Rebelote pour L’Intrus, qui affiche en gros les mêmes promesses et les mêmes défauts. Sur le papier, l’intrigue rappelle La Déception, épisode 4 de la série Eerie Indiana. Dante y abordait sous un angle comique la disparition d’objets du quotidien ramassés par une sombre organisation centralisée dans les sous-souls de la ville. Ici, point de comédie : confrontée à ce même problème agaçant de pertes et déplacements mystérieux, le personnage de Bridget Fonda réagit par la peur, suivant en cela l’orientation générale de la série. Le sujet ne s’y prête pourtant pas : il est difficile de faire frémir en découvrant sur le canapé une robe qui avait été laissée dans la penderie, quand bien même la mise en scène se veut évocatrice du style thriller. Ainsi est pourtant conçu le gros de l’épisode, dépourvu de toute évolution jusqu’à l’inévitable révélation finale, et qui évite soigneusement de se rapprocher du fantastique tendance maison hantée. La présence cohabitant avec Mary ne fait rien qui puisse faire penser à des phénomènes surnaturels : les objets bougent dans le dos de l’héroïne et du spectateur et ne volent pas tout seuls à travers la maisonnée, indiquant donc une explication humaine. Celle d’un rôdeur qu’on peut même entrapercevoir subrepticement. Peut-être même le voisin dragueur surgissant dans un bar, dans la rue ou près d’un commerce ? Cette piste est un peu grossière (d’autant que Mary s’inquiète des motivations d’un dragueur alors qu’elle vient de se mettre sur son 31 pour aller boire un coup toute seule dans un bar) mais c’est la seule chose venant rompre la monotonie. Autant dire que Dante ne nous mène pas bien loin. Il avait quand même matière à faire autre chose qu’un court-métrage pantouflard, surtout que l’idée de fond est de montrer comment une femme divorcée est “hantée” par la figure de son ex mari, bien vivant mais néanmoins parti pour de bon. Le vide laissé derrière lui, la force des habitudes en commun et l’impact de leur disparition, voilà qui n’était pas mauvais et qui n’empêchait nullement Dante de faire de la satire comme il l’aime, ou au moins de revenir à du fantastique standard si le cahier des charges le demandait. Or il ne fait ni l’un ni l’autre. Autant le doute était permis sur Vive le silence, autant ici il faut bien admettre que la médiocrité a franchement l’air d’être imputable à la démotivation du réalisateur et non aux exigences de ses commanditaires. Une seule fois Dante semble ici prendre du plaisir : lorsque Mary entend la télévision allumée au rez-de-chaussée, elle entend Vincent Price dans l’un des films du cycle Poe de Roger Corman.
J’ai bien aimé le deuxième épisode avec Bridget Fonda, j’avais pensé aux films les autres, pour l’histoire de l’intrus mais l’explication est bien plus terre à terre. Par contre c’est vrai que cela manque de tension, et de mordant, on aurait pu avoir un bon épisode à suspense. Mais comme c’est Joe Dante qui le réalise, je ne vais pas bouder mon plaisir.
Épisode avec Bridget Fonda. Rien que pour ça, ça vaut la peine d’être regardé.
Bridget Fonda, une actrice que j’apprécie beaucoup. Dans Lake Placid, elle est adorable, mais je pense qu’elle a fait le bon choix d’arrêter sa carrière après avoir épousé Danny Elfman. Il y a rien de pire qu’une actrice que l’on a apprécié finir botoxée et liftée, comme Famke Jamssen par exemple. Une actrice que j’aime beaucoup et dont je comprends la motivation à vouloir rester en concurrence mais ça reste injuste.
Par contre Sandra Bullock, Angelina Jolie, Mery Streep, Scarlett Johansson, Emma Stone, Julia Roberts, Charlize Théron, Cate Blanchet… rien à cirer. Ça se partage entre les détestables et les jolies poupées, belles à regarder mais le reste je m’en fiche. Et une que j’aimerais voir en prison, voire deux, mais quand t’es riche t’es au-dessus des autres.
Tu aurais dû t’en tenir à ton hommage à Bridget Fonda. La suite me paraît hors de propos.
Concernant la chirurgie esthétique, à l’exception notable de Nicole Kidman, on ne compte plus les disparues au champ d’honneur : Madeleine Stowe, Meg Ryan, etc On ne peut pas dire que ce choix ait contribué à relancer leur carrière. Et si Famke Janssen continue de tourner, ce n’est plus que dans des productions bas de gamme et pour des rôles souvent accessoires. L.A. Rush, par exemple.
Au moins elle a eu sa grande période fin 90 et début des années 2000, Un cri dans l’océan, La Maison de l’horreur et son rôle dans X-men restent mes meilleurs souvenirs.