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Les Contes de la crypte 6-07 : L’Arène – John Harrison

Les Contes de la crypte. Saison 6, épisode 07.
The Pit. 1994

Origine : États-Unis
Réalisation : John Harrison
Avec : Mark Dacascos, Stoney Jackson, Debbe Dunning, Marjean Holden…

 

 

Felix Johnson et Aaron Scott sont les deux stars incontestées du free fight et leur dernière opposition, soldée par un match nul, fut homérique. Tant et si bien que lorsque Hollywood recherche un bagarreur chevronné pour un prochain blockbuster, le choix ne peut se porter que sur l’un des deux. Mais lequel ? Plus que Felix et Aaron, se sont leurs épouses qui prennent cette rivalité à cœur. Les deux femmes se vouent une haine sans limite depuis longtemps déjà. Et réussir à placer son mari dans le rôle du “Pulverizer” serait non seulement un coup de promotion rêvé, mais également le moyen d’écraser la rivale honnie. Comment prendre l’ascendant ? Et bien la réponse viendra du promoteur Wink Barnum, qui a l’idée de génie d’organiser le combat ultime dont le vainqueur décrochera le rôle. Un combat en cage, armé, sans limite, qui ne cessera que lorsqu’un des combattants ne pourra plus se relever. Il fait sa proposition aux deux harpies, convoquées ensemble pour l’occasion, et rage mutuelle aidant, elles acceptent. Au grand désarroi de Felix et Aaron, qui de leur côté, et sans le crier sur tous les toits, s’apprécient plutôt.

Que dire cet épisode, si ce n’est que la paresse en est le maître-mot ? Rien que les noms impliqués trahissent un flagrant manque d’imagination : le réalisateur et scénariste John Harrison est avant tout un téléaste chevronné dont le seul réel fait d’arme aura été le bien timoré Darkside, les contes de la nuit noire, voire éventuellement la mini-série Dune quelques années plus tard (n’oublions pas son oubliable épisode de la saison 3 des Contes de la crypte, La Peinture au sang). Et les acteurs, n’en parlons pas : entre une actrice régulière de la série Papa bricole (Debbe Dunning), une habituée de petits rôles alimentaires (Marjean Holden) et un second couteau spécialisé dans des rôles chantants ou dansants au cinéma, à la télévision et dans des clips vidéos (Stoney Jackson), le casting semble avoir été recruté par petites annonces. Il y a bien un Mark Dacascos encore relativement débutant, mais peut-on réellement affirmer qu’avoir Mark Dacascos comme l’une des quatre têtes d’affiches est enthousiasmant ? Bien sûr, il ne faut pas juger sur le seul critère des CV, et une bonne surprise reste toujours possible. Mais lorsque l’on a affaire à un épisode aussi insipide que L’Arène, difficile de considérer que qui que ce soit là-dedans s’y est réellement investi. Non pas que les acteurs soient particulièrement mauvais – et pas particulièrement bons non plus- mais les personnages qu’on leur a refourgués ne sont pas des cadeaux. Ils illustrent à merveille la flemmardise d’un épisode qui en résumé ne repose que sur son twist final, le reste n’étant en fait qu’une introduction particulièrement longue et redondante, s’évertuant à montrer que les deux femmes sont des pestes exploitant leurs musculeux maris pour régler leurs compte. Y avait-il vraiment besoin de les montrer plusieurs fois en train de s’insulter ou d’aboyer après leurs hommes pour le faire comprendre ? En une scène, celle du debriefing d’après-(premier) combat, tout est déjà dit. Mais John Harrison semble avoir pris goût à cette répétition que l’on ose à peine considérer comme comique, bien que l’excès de haine entre Aubrey Scott et Andrea Johnson, deux femmes en fait rigoureusement identiques dans leurs travers, ait de toute évidence été pensé comme tel. Les noms d’oiseaux et les réparties cinglantes tiennent donc lieu de caractérisation pour ces deux tigresses en robes moulantes, qui de leur propre aveu préfèreront régler leurs différends par hommes interposés jusqu’à ce que les femmes soient rémunérées au même niveau. Un mensonge dissimulé sous un discours féministe pour deux despotes domestiques (et adultère dans l’un des deux cas) qui feraient aisément hurler les Chiennes de garde si John Harrison n’avait pas préféré le cordage marin aux rudimentaires ficelles. Il a toujours été de bon ton dans Les Contes de la crypte de forcer le trait sur des personnages haïssables. Cela aurait pu marcher également ici, si l’épisode avait proposé autre chose… Ce qui n’est pas le cas. Felix et Aaron, les deux free-fighters de maris, sont aux abonnés absents, comme écrasés par leurs dames respectives, et ils osent à peine s’exprimer l’un à l’autre leur respect réciproque. Sous le joug des deux hystériques, ils endossent en public le rôle des gros durs prêts à en découdre. A l’instar de leurs épouses, le débriefing les aura déjà cernés sans que le réalisateur n’ait besoin d’en rajouter. Trop pris par les deux femmes il ne le fait pas, si ce n’est pour préparer le twist que l’on voit venir à des kilomètres, et qui se veut dans la tradition ironique de la série.

Adapté d’une bande-dessinée parue dans le magazine Vault of Horror, L’Arène est en outre un de ces épisodes qui se montre totalement hors-sujet, sans une once d’horreur ni même de fantastique. Pas d’érotisme non plus, et les combats n’ont rien de sanguinolent. C’est d’ailleurs à peine s’il y en a : un pour ouvrir l’épisode, un pour le conclure (en dehors des interventions du Crypt Keeper, qui fait des blagues de Noël sans rapport aucun). Du coup, si quelques plans permettent à Mark Dacascos de faire quelques acrobaties, c’est bien le bout du monde. Voilà donc un épisode d’une fainéantise sans borne, totalement vide et qui souhaite se rattacher à la série par la seule force des caricatures et d’un twist ironique. Au bout de six saisons, et après déjà quelques gros ratés, il devient évident que le cœur n’y est plus, du moins plus aussi souvent…

Une réflexion sur “Les Contes de la crypte 6-07 : L’Arène – John Harrison

  • Un épisode qui m’avait paru hors sujet concernant Les Contes de la crypte. Pendant tout l’episode, je cherchais l’horreur et le gore, mais il n’ y avait rien. A sa décharge, l’épisode faisait partie des derniers tournés aux États-Unis avant de partir pour l’Angleterre et il est comprehensible que les scénaristes soient à court d’inspiration et de motivation.

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