Les Contes de la crypte 4-07 : La Dernière émission – Peter Medak
Les Contes de la crypte. Saison 4, épisode 07.
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Psychologue pour enfants, Alan Getz (David Warner) dispense son savoir tous les soirs à 10h dans l’émission Bonne Psychologie sur Talk Radio 90.9. Une émission aux audiences en baisse qui pousse la patronne à sérieusement envisager son éviction de la grille des programmes. Dans un sursaut d’orgueil, Alan propose en direct à Nora, l’une de ses plus fidèles auditrices, d’enregistrer les prochaines émissions chez elle, lors desquelles il se consacrera aux tourments de sa fille. Un sursis qui ne fera que précipiter sa chute.
Téléaste chevronné, Peter Medak a participé à de nombreuses séries emblématiques, dont nous retiendrons Amicalement Vôtre, Cosmos 99, Magnum ou encore La Cinquième Dimension. Le tout entrecoupé de quelques films dont L’Enfant du Diable, qui par le genre abordé et la place accordée à l’enfant entretient une filiation avec La Dernière émission. Dans les deux cas, il est question d’un enfant qui souffre et d’un homme qui va s’évertuer à l’aider. A la différence qu’ici, Contes de la crypte oblige, Alan Getz défend avant tout ses propres intérêts.
Par son point de départ, La Dernière émission rappelle le Terreur en direct de la seconde saison. Dans les deux cas, un présentateur imbu de sa personne se rend dans une grande bâtisse pour enregistrer une émission en direct. Seulement si l’épisode réalisé par Charles Picerni se doublait d’une attaque en règle du média représenté, il n’en va pas de même ici. Une fois le seuil de la maison de Nora franchi, le prétexte de l’émission radiophonique ne fait pas long feu. Le matériel apporté par Bonnie, la productrice, est immédiatement mis de côté, et l’enregistrement plus du tout envisagé. Et cela pour une simple et bonne raison : un climat d’étrangeté s’installe à mesure que le Dr. Alan Getz tente d’approcher Felicity, l’enfant à problème, dont le visage masqué laisse la porte grande ouverte aux supputations. Et Alan Getz ne s’en prive pas. Cela tient déjà de la mère, campée par Zelda Rubinstein (Poltergeist et ses suites), dont la petitesse et la voix enfantine laisse à penser que Felicity et elle pourraient être la même personne. Il y a aussi cette photo du défunt mari en uniforme au côté du Général Macarthur qui va dans le sens de la thèse du dédoublement de personnalité. Tout concorde à ce que nous allions dans le sens du Docteur, dont l’assurance n’a d’égale que sa suffisance. Fort de son antienne qui orne la couverture de son best-seller – L’Art d’ignorer votre enfant – il croit pouvoir régler le problème de n’importe quel parent, au mépris de toute psychologie. Un comble, compte tenu de sa profession. Au fond, les explications de Nora lui importent peu puisqu’il s’est déjà forgé sa propre opinion, et que rien ne viendra l’en faire changer… du moins jusqu’au dénouement.
La force de l’épisode réside dans la capacité de Peter Medak à entretenir une ambiance étouffante, en jouant notamment des codes du cinéma horrifique. La demeure de Nora est filmée comme ces maisons hantées labyrinthiques d’où le danger peut surgir au détour de chaque couloir. A cela s’ajoute la présence fantomatique de Felicity. Certains de ses actes sont filmés en caméra subjective à la manière de ces psychokillers qui avaient pignon sur rue de la fin des années 70 à la fin des années 80, et dont le masque immaculé renvoie au plus fameux d’entre eux, Michael Myers. D’ailleurs, à la manière de John Carpenter, Peter Medak ne cède pas à l’horreur grandiloquente. Des morts, il y en a, mais celles-ci sont soit suggérées, soit montrées de façon elliptique. Il maintient son épisode dans une même unité de ton, quelque peu surannée à l’image de l’intérieur de la maison, apportant un soin tout particulier à ses cadres et aux éclairages. Et cerise sur le gâteau, il peut compter sur un excellent David Warner dont l’accent anglais sied idéalement au dédain affiché en permanence par son personnage, un insupportable donneur de leçons qui connaîtra un destin à la mesure de son comportement.
Après quelques épisodes en demi-teinte, La Dernière émission rassure quant à la capacité de la série à pouvoir encore proposer à intervalle régulier quelques petits bijoux de récits horrifiques. Ici, l’excellence de la réalisation et de l’interprétation emportent le morceau, nous faisant aisément oublier les quelques facilités du scénario qui apparaissent à l’aune du dénouement, à l’ironie par ailleurs toujours aussi mordante.