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Les Contes de la crypte 2-07 : Le Sacrifice – Richard Greenberg

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Les Contes de la crypte. Saison 2, épisode 07.
The Sacrifice. 1990

Origine : États-Unis 
Réalisation : Richard Greenberg 
Avec : Kim Delaney, Kevin Kilner, Don Hood et Michael Ironside.

Commercial pour une compagnie d’assurances, James Reed (Kevin Kilner) a une haute opinion de lui-même. A tel point qu’il ne remet nullement en cause une succession d’événements qui aurait pourtant dû lui mettre la puce à l’oreille. De fait, non seulement le richissime Sebastian Fielding (Don Hood) consent à souscrire auprès de lui une assurance-vie, mais son épouse Gloria Fielding (Kim Delaney) s’avère toute disposée à refaire sa vie en sa compagnie. Ce tableau est décidément trop beau pour être vrai, comme James va en faire l’amère expérience.

A moins que vous ne soyez un indécrottable défricheur de fiches techniques, le nom de Richard Greenberg ne vous parlera guère. Il est plutôt homme de l’ombre, œuvrant dans différents secteurs techniques comme les effets visuels sur des films aussi variés que Flash Gordon, Au-delà du réel, Ladyhawke ou encore Predator et Les Affranchis. Néanmoins, au moment de participer aux Contes de la crypte, il pouvait déjà faire valoir une petite expérience dans le domaine de la réalisation puisque l’année précédente, il s’était fendu d’un Little Monsters bon enfant avec Fred Savage, le héros de la série nostalgique Les Années coup de cœur. Le changement de ton est donc considérable avec cette histoire qui joue pleinement la carte du film noir.

Qui dit film noir, dit femme fatale. Kim Delaney, vue auparavant dans la série L’Enfer du devoir, incarne celle-ci. Belle brune élégante, Gloria Fielding ne tergiverse pas pour obtenir ce qu’elle désire. James Reed lui plaît ? Elle s’empresse de lui rendre visite sur le bateau qui lui sert de logement pour une bonne partie de jambes en l’air. Et cela pour la plus grande joie du monsieur qui se sent ainsi conforté dans sa posture du gars irrésistible à qui tout réussi. Mais ladite femme fatale ne serait rien sans le dindon de sa farce. Ici, on en dénombre pas moins de deux : l’époux bien entendu, un beau prototype de gars imbu de sa personne qui avoue néanmoins avoir été intimidé par deux choses dans sa vie « l’argent et les chattes », et James Reed, tellement persuadé de son potentiel de séduction -et aussi en pâmoison devant la brune incendiaire- qu’il ne s’interroge pas une seconde sur les motivations qui animent Gloria. Grave erreur. Balisé, le récit déroule les péripéties attendues (l’adultère, le plan machiavélique des deux amants pour se débarrasser du mari, les talents de comédienne déployés par Gloria, très convaincante en veuve éplorée puis en femme bafouée…) au sein d’un habillage intemporel, soutenu par une musique aux sonorités des plus jazzy. Richard Greenberg ne cherche pas à révolutionner le genre, juste à rendre une copie propre. Trop propre, à l’image d’un épilogue qui annihile totalement le rebondissement survenu à mi-parcours, pourtant promesse d’une réorientation de l’intrigue sur des bases inédites. Un rebondissement d’autant plus appréciable qu’il est porté par cette bonne vieille trogne de Michael Ironside, qui même dans des rôles plus positifs distille toujours un soupçon d’ambiguïté malsaine. Et là, il s’en donne à cœur joie. Sa brusque irruption au milieu du couple meurtrier apporte un souffle de luxure salvateur qui tranche avec l’enrobage romantique qui régit les rapports entre Gloria et James. Avec une incroyable économie de moyen, il lui suffit de lever son sourcil en accent circonflexe ou d’esquisser un rictus pour diffuser un je ne sais quoi de dérangeant. Calme, sûr de sa force, il s’impose en prédateur devant lequel toute tentative de rébellion semble vouée à l’échec. A l’instar de Gloria, ce qu’il veut, il l’obtient mais lui ne joue pas dans la séduction. Il est davantage dans le rapport de force qui tourne invariablement à son avantage. Face à lui, James ne peut que constater les dégâts, devant s’écraser sous le poids de son impuissance.

Au terme de ce septième épisode, une tendance se dégage très nettement de cette deuxième saison : l’amour rend fou. Une lapalissade, certes, mais qui agrémentée à la manière des Contes de la crypte donne un résultat des plus réjouissants dans ce qu’elle dévoile de la noirceur des êtres confrontés à ce sentiment trop souvent propice à de la “nunucherie” béate. Ici, l’amour fait particulièrement mal, tue plus qu’il ne blesse et laisse au final un goût amer. Alors ce n’est pas d’une folle originalité, ni toujours très réussi -comme dans cet épisode- mais ce pessimisme sied bien à une série qui aime avant tout prendre le parti de la dérision.

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