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Les Contes de la crypte 2-01 : La Prophétie – Howard Deutch

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Les Contes de la crypte. Saison 2, épisode 01.
Dead Right. 1990

Origine : États-Unis 
Réalisation : Howard Deutch 
Avec : Demi Moore, Jeffrey Tambor, Natalija Nogulich, Troy Evans…

Les Contes de la Crypte, deuxième ! Compte tenu de son bon niveau d’ensemble et des très bons échos entendus de-ci de-là, il aurait été dommage que la série s’arrête au terme de 6 malheureux épisodes. Dans leur infinie gentillesse, les producteurs de la série ont décidé de tripler notre plaisir avec pas moins de 18 épisodes au menu de cette seconde saison. Au rang des nouveaux réalisateurs, pas de noms ronflants mais quelques signatures connues du genre (Fred Dekker, Jack Sholder), des superviseurs d’effets spéciaux qui s’émancipent (Chris Walas, Kevin Yagher), et une sacrée surprise. Côté acteurs, pas de stars à l’horizon, ou alors en devenir (Demi Moore, Patricia Arquette), mais quelques solides seconds couteaux (Lance Henriksen, Miguel Ferrer, Michael Ironside), ce qui vient confirmer que la véritable vedette du show n’est autre que le gardien de la crypte dont l’humour noir et l’ironie imprègnent chacun des épisodes. D’ironie, il en est justement beaucoup question dans l’épisode qui ouvre cette seconde saison.

Cathy Finch (Demi Moore) se morfond dans son métier de secrétaire. Sur les conseils d’une amie, elle se rend chez une voyante -Mme Irma- qui lui annonce tout de go qu’elle va perdre son travail et en trouver un autre dans la foulée. Cathy s’en va guère convaincue, jusqu’à ce que la prophétie s’accomplisse. D’accord, son nouveau travail n’est pas génial -serveuse dans un bar à strip-tease- mais au moins revient-elle à de meilleurs sentiments à l’égard de la voyante. Alors lorsque cette dernière lui annonce qu’elle va rencontrer un homme qui va toucher une forte somme d’argent avant de mourir de manière brutale, Cathy est aux anges. Et tant pis si ledit monsieur est un gras du bide repoussant qu’elle doit absolument épouser si elle veut que la prophétie se réalise. La concrétisation de son rêve est à ce prix.

Quelques mois avant d’être connue du monde entier pour son personnage de Molly Jensen dans le gnangnan Ghost, Demi Moore se dévoilait sous un jour nettement moins romantique dans cette Prophétie qui tient toutes ses promesses. Désespérément seule, elle ne cherche pas tant le grand amour qu’un portefeuille bien fourni qui puisse lui offrir la vie grand luxe dont elle rêve. Bon, si ledit portefeuille pouvait appartenir à un beau jeune homme, elle ne serait pas contre. Sauf que le sort en a décidé autrement et lui a assigné Charlie Marno, un concentré des pires tares physiques. A son surpoids, sa calvitie prononcée, son visage vérolé et ses dents pourries, Charlie ajoute une insolente assurance qui frôle le libidineux. Outrageusement grotesque, le maquillage affublé à Jeffrey Tambor (Charlie Marno, donc) accentue le décalage donnant à ce couple improbable des airs de Belle et la Bête. Sauf qu’ici, point de bons sentiments et de discours pontifiants -et un brin faux-culs- sur la beauté intérieure qui primerait sur le reste. Charlie ne compense nullement son enveloppe repoussante par de belles qualités humaines. Au contraire, une fois son but atteint, il se révèle dans la bonne moyenne de la gent masculine, à plus forte raison dans les années 50 qui servent d’écrin à l’intrigue, macho en diable. Il traite Cathy comme sa bonniche, ne la regardant que lorsqu’il a envie d’accomplir le devoir conjugal, auquel elle tente d’échapper par tous les moyens. S’accrochant vaille que vaille à la prédiction de Mme Irma, Cathy sert les dents et souffre en silence. Il y a quelque chose de délectable dans sa chute vertigineuse, elle qui en l’espace de quelque mois passe du statut de secrétaire à serveuse dans un bar sordide puis à bonne à tout faire au service d’un mari qui la dégoûte. Par son abnégation, elle finit par renvoyer à ces personnages de conte de fées qui doivent affronter les pires turpitudes avant de trouver leur salut. A ceci près qu’elle est elle-même responsable de sa situation, et que la série ayant certaines obligations envers son public, elle a peu d’espoir de pouvoir améliorer son sort.

Howard Deutch avait-il des comptes à régler avec la gent féminine à l’époque de sa participation aux Contes de la crypte ? Nous sommes en droit de nous poser la question à l’aune de cet épisode, qui à l’instar de Beauté meurtrière, nous présente un personnage féminin dans toute sa vénalité. A Sylvia Vane, prostituée se rêvant d’un avenir doré dans les bras d’un richard, succède Cathy, obscure secrétaire qui n’aspire qu’à épouser un riche prétendant. Autant Beauté meurtrière se révélait d’une triste platitude, autant La Prophétie brille par sa fantaisie et un côté grosse farce parfaitement assumé qui nous réconcilie avec Howard Deutch, ce dernier concluant sa collaboration aux Contes de la Crypte sur une bonne note.

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