Histoires fantastiques 2-07 : La Chaise électrique – Mick Garris
![]() |
Amazing Stories. Saison 2, épisode 7
|
Retour à la case départ pour Eric David Peterson, jugé coupable de la mort d’un garde lors de l’attaque d’un fourgon chargé du transport de fonds qu’il a fomentée. Cette fois il ne coupera pas à la peine capitale. Il lui reste une nuit avant de passer sur la chaise électrique. Alors que l’orage gronde, des prisonniers parviennent à sortir de leurs cellules. Eric profite de l’aubaine pour se faire la belle. Sauf que l’alerte est rapidement donnée et les gardiens prompts à tirer sur les fugitifs. A quelques centimètres de la liberté, Eric est frappé par la foudre en haut du grillage qu’il escaladait. Il se réveille à l’infirmerie où il se découvre un don étrange. Il lui suffit de poser les mains sur quelqu’un pour que, via des impulsions électriques, celui-ci soit guéri de tous ses maux, quelques qu’ils soient. Le gardien Meadows est de ceux-là. Et devant ces talents de guérisseur, il essaie de convaincre le directeur de la prison de surseoir à la condamnation de Eric David Peterson.
Une série télévisée nécessitant de nombreux réalisateurs, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’une anthologie comme c’est le cas des Histoires fantastiques, tous les moyens sont bons pour en trouver de nouveaux. En producteur avisé et attentionné, Steven Spielberg ne perd pas de vue son bébé même quand il est déjà très occupé par ailleurs. Il croise Mick Garris sur le tournage des Goonies alors que celui-ci est en charge du making of du film. Les deux hommes s’entendent suffisamment bien pour que le premier propose au second de participer à sa série. Ses débuts se font loin de la caméra, Mick Garris n’intervenant que lors du processus d’écriture du scénario de certains épisodes de la saison 1. Il remet le couvert pour la deuxième saison. Toutefois, pour son plus grand bonheur, il a l’opportunité de s’essayer pour la première fois à la réalisation d’une fiction. Une étape importante qu’il ne prend pas à la légère, bénéficiant en outre de tout le confort d’une production huppée. S’appuyant sur une très belle photographie en clair-obscur, il met un soin tout particulier à la composition de chacun de ses cadres. Il se permet même quelques coquetteries visuelles comme le visage du directeur de la prison se reflétant sur l’horloge de son bureau au moment de tenter de sauver Eric David Peterson de la chaise électrique. Formellement, Mick Garris accomplit un superbe travail. Cet épisode compte parmi ce qu’il a fait de mieux dans sa carrière. Seulement la réalisation ne fait pas tout. Avoir une histoire solide participe également du plaisir qu’on peut avoir devant un épisode. Et c’est sur ce point que le bât blesse.
Pour une série à la tonalité globalement bon enfant, le choix d’une prison comme cadre de l’action peut paraître surprenant. Lieu particulièrement anxiogène et porteur de toute une imagerie nimbée de violence et de souffrance, il colle peu avec l’ADN de la série. Mick Garris accentue son côté oppressant en reprenant quelques codes du cinéma d’horreur. Au début de l’épisode, Eric David Peterson figure l’étranger qui arrive subrepticement un soir d’orage troublant le bon ordonnancement de l’établissement. Qu’il soit interprété par Patrick Swayze cultive le doute. Le beau ténébreux dont le visage émerge parcimonieusement de l’ombre cache forcément quelque chose de pas très catholique qui va au-delà de son implication dans un braquage qui a mal tourné. Or il apparaît rapidement pour ce qu’il est, un pauvre bougre victime des événements. La tentative d’évasion qui a cours au milieu de la nuit n’est pas de son fait. Il se greffe au mouvement de manière opportuniste mais ne témoigne d’aucune animosité particulière. Il y a une bonne raison à cela puisque il est amené à être le dépositaire d’un grand pouvoir. Un pouvoir guérisseur qui en fait l’égal de Jésus. La question qui sous-tend l’épisode tient à savoir si un mauvais sujet peut bénéficier d’une seconde chance à partir du moment où il se met à oeuvrer pour le bien. Meadows, le gardien compatissant dont la jambe douloureuse a été guérie par le prisonnier touché par la grâce (ou plutôt par la foudre) soutient que oui. Le directeur de la prison pense le contraire, même s’il est bien content que sa fille souffreteuse obtienne des soins inespérés. Effrayé par ses propres pouvoirs et exploité sans vergogne, Eric trouve finalement un regain de dignité dans l’acceptation de son sort. Le récit se chargera quant à lui de livrer son propre verdict, cédant à la fois à la facilité et à l’angélisme qui préside à la destinée de nombreux épisodes.
La Chaise électrique souffre d’une trame trop simpliste qui met de côté tout questionnement religieux, ce qui dans un pays comme les États-Unis peut sembler étrange. Pourtant, le côté prodigieux de la chose paraît évident. Et ce n’est pas la première fois qu’un épisode de la série se termine par cette sensation d’assister à un miracle. Mais cet épisode prend le parti d’une certaine candeur dans son approche du fantastique qui sied plutôt bien à son réalisateur. Mick Garris n’a jamais témoigné d’une forte personnalité et d’une envie de ruer dans les brancards tout au long de sa carrière. Il n’en va pas autrement avec cet épisode, belle coquille vide portée par un Patrick Swayze aux portes de la gloire.