Histoires fantastiques 1-13 : La Baby-sitter – Joan Darling
Amazing Stories. Saison 1, épisode 13
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Petite devinette. Qu’est ce qu’il y a de pire qu’un garnement qui s’ennuie ? Réponse : deux garnements qui s’ennuient. Illustration avec les enfants Paxton qui ne tolèrent pas la présence d’une baby-sitter chez eux. Acceptant mal leur emménagement dans cette zone pavillonnaire construite au milieu d’une zone désertique, les deux chenapans traduisent leur désarroi par des coups pendables. Au grand dam de leur mère, les baby-sitter se succèdent et aucune ne tient plus d’une journée… jusqu’à la venue de Jennifer Mowbay.
Pour démarrer l’année 1986, Amazing stories délaisse la veine romantique du précédent épisode –Vanessa– au profit d’un récit à la tonalité plus légère. Du moins en apparence. Famille monoparentale, pavillon de banlieue, irruption du fantastique à vocation cathartique, tous les ingrédients chers à Steven Spielberg sont dispensés dans cet épisode à la finalité peu évidente. Grande absente de cette histoire, la figure paternelle se trouve à l’origine de tous les maux de la pauvre Gloria Paxton. Goûtant fort peu leur déménagement dans la morne Sun Valley, Lance et Dennis ne ratent pas une occasion de rappeler à leur mère à quel point leur père leur manque. A leurs yeux, il possède toutes les qualités, la principale étant de ne pas vivre dans ce trou perdu dépourvu de la moindre présence enfantine. La Baby-sitter relate en creux ce phénomène qui tend, du moins dans les premiers temps, à l’idéalisation de l’être absent du fait de sa déconnection avec les divers tracas du quotidien.
Quoiqu’il en soit, ce manque se traduit chez les enfants par une forme de gentille rébellion. Production Spielberg oblige, et nonobstant les incroyables têtes à claques des gamins dont Seth Green, le Oz de la série Buffy contre les vampires mais aussi plein d’autres incursions dans le genre fantastique (Ça, Ticks, La Main qui tue…), la rébellion n’est pas franchement poussée. Elle n’est d’ailleurs pas tant tournée vers la mère, cette dernière ne devant souffrir que d’un attaché-case redécoré avec très mauvais goût et d’un foutoir permanent dans la maison, que vers ces ersatz de l’autorité parentale que sont les baby-sitters. Et là encore, leurs manigances tournent plus aux gags qu’à la méchanceté. Queue de cheval coupée au plus court, ingestion de laxatif ou encore seau d’eau posé en suspension au dessus d’une porte entrouverte constituent les principales combines d’un duo finalement plus proche d’un Denis la malice que d’un Junior le terrible. L’épisode est à l’image de leurs stratagèmes, gentiment inoffensif et un brin poussif. Et ce n’est pas l’irruption du fantastique, par l’intermédiaire de la mystérieuse et exotique Jennifer Mowbay qui va y changer quoi que ce soit… En fait, celui-ci ne vise qu’à réfréner les ardeurs des deux trublions sur le mode du “tel est pris qui croyait prendre”. Invariablement, toutes leurs combines finissent par se retourner contre eux sans que cela ne refroidisse outre mesure l’aîné, bien décidé à rationaliser jusqu’à l’absurde le moindre de leurs déboires. L’épisode pourrait alors se résumer à une lutte entre le rationnel et le merveilleux mais ce serait faire fausse route. Il est davantage question d’imaginaire et de la faculté des enfants à en user. Et si une morale devait se dégager de cette histoire, ce serait que l’imagination est une bonne chose mais que celle-ci demande néanmoins à être canalisée. De l’imagination, Lance et Dennis en débordent mais s’en servent à mauvais escient. Jennifer Mowbay joue donc le rôle de garde-fou, quitte pour cela à leur fiche une trouille bleue en faisant intervenir des Peaux-rouges. On pourrait d’ailleurs s’interroger sur les raisons qui amènent les deux garnements à des sentiments plus doux. Une baby-sitter venue d’une île lointaine où tout le monde danse et est heureux (sic), des Indiens, la peur de l’étranger prévaut en ce milieu des années 80. Je suis même étonné que le scénario n’ait pas ménagé une petite place pour une flopée de communistes, histoire que le tableau soit complet. Et je suis encore plus étonné que personne n’ait pensé à flanquer une bonne correction à ces deux gosses pourris gâtés, infoutus de se rendre compte des efforts considérables de leur mère pour les élever seule. Ah, l’ingratitude de la jeunesse…
Quoiqu’il en soit, cette Baby-sitter à la confection passe-partout est à classer dans la panière des épisodes médiocres qui d’ailleurs, en seulement 13 épisodes, s’est déjà allégrement remplie. Et compte tenu du niveau autrement plus relevé des productions cinématographiques du même Steven Spielberg, il apparaît clairement que le cinéaste a très vite délaissé son joujou télévisuel pour le grand écran. Encore un père indigne, tiens !